Borgne

Entretien avec Borgne

Borgne est un one man band Suisse formé en 1998 avec à son actif 4 sorties: I (démo en 1998), II (2007), III (2007), 3.5 (démo 2008) et IV (2009). Ais-je juste ?

Oui tu as juste. « Entraves de l’âme » sera la 5ème sortie, prévue pour le 9 novembre 2010.


Es-tu d’accord avec l’étiquette de « black industriel » pour ta musique ?

Partiellement. Je n’aime pas trop l’étiquette « industriel », je préfère nettement « Dark black atmosphérique ».


Peux-tu nous dire un mot sur tes autres groupes si tu en as ? Ton niveau d’implication et leur actualité ?

Je joue toujours avec Enoid (projet de brutal black metal) et avec Decomposition (projet ambient) avec lequel il est prévu de faire quelques représentations.
J’ai joué dernièrement avec d’autres groupes pour des enregistrements mais cela reste secret pour le moment.


L’appellation des opus par des chiffres n’est pas sans rappeler le processus artistique de Darkspace, autre groupe suisse relativement proche de ta musique. Est-ce une sorte de référence pour tes confrères ?

Absolument pas. Borgne a sorti son « Borgne I » en 1998 et Darkspace en 2003. Dans tous les cas, je connais bien les musicos de Darkspace, c’est vraiment des gens que je respecte beaucoup. J’aime bien leur musique. Je les ai rencontrés en 2004 je crois, à un concert de Krigar (un de mes anciens groupe de black). Il n’y a jamais eu de copiage entre nos 2 groupes, on était juste pas mal dans le même trip…


Tu es le seul groupe non-québécois sur le label Sepulchral Productions (Gris, Sombres Forêts, Monarque…), pourquoi cela? Comment s’est passé la signature ?

Je recherchais un label de qualité pour le Borgne IV, j’en ai contacté quelques-uns et Sepulchral a répondu positivement à ma requête.
C’est vraiment un label qui correspond à ce que je recherchais avec Borgne. Oui effectivement, je suis le seul non québécois mais la question ne s’était même pas posée, on a signé pour quelques albums directement. Je suis toujours honoré de faire partie de la horde Sepulchral.


Il semblerait que ta musique gagne en qualité et en notoriété à chaque opus, créant une ligne évolutive exemplaire. A quoi devons-nous nous attendre pour l’avenir ?

C’est important pour moi d’évoluer avec ce projet. « Entraves de l’âme » continue dans une nouvelle direction encore plus extrême, plus froide, plus électronique et organique à la fois. Pour l’avenir, il vous faudra jeter un œil…


C’est le moment de nous parler de ton nouvel album, quel est ton état d’esprit à quelques jours de sa sortie ? Raconte-nous tout !

Actuellement je suis assez impatient de voir sortir ce cd car j’y travaille depuis déjà 2 ou 3 ans. J’ai beaucoup travaillé pour ce cd au niveau de la composition. J’avais environ 70min de musique prévue et enregistrée pour ce cd mais après plusieurs écoutes, corrections, tris, re-tris, etc, j’ai supprimé pas mal de chansons pour me retrouver avec un cd de 42min. Ce dernier voyage sonne plus organique que l’album précédent. Mais il a été enregistré de la même manière et avec le même matériel. Il y a juste un plus grand travail de mixage de ma part et de mastering effectué par CZ. La musique est beaucoup plus aboutie, plus variée, plus sombre et plus étrange.


J’ai ouïe dire que tu t’es allié à de brillants personnages. Peux-tu nous éclairer ?

Malefic (Xasthur) : nous sommes en contact depuis quelques années déjà et c’était prévu de faire un jour une collaboration sur un album ou un split mais c’était plutôt avec Enoid (mon autre projet de black metal). Je lui ai demandé de me faire une intro pour cette album car j’aime beaucoup sa musique et son état d’esprit. Je le respecte beaucoup.
CZ (Vinterriket) : je ne le connais que depuis 1 année environ. Nous nous sommes rencontrés grâce à un ami en commun, « Grim », qui a joué dans borgne aussi. Avec CZ nous avons tout de suite compris qu’une collaboration serait possible entre nos 2 âmes damnées. Il fait l’outro pour cet album. Il maîtrise avec excellence les sons et les ambiances et c’est ce dont j’avais besoin pour clore ce voyage. CZ est devenu un ami important pour moi, je respecte beaucoup aussi ce qu’il fait avec Vinterriket, Atmotrakt et avec tous ses autres projets.
Ardelean (Fosse, Krigar) : ami de longue date et musicien de session pour Borgne, il fait quelques passages de guitare.
Juno Nitta (Juno Bloodlust) avec qui je suis en contact depuis peu fait quelques apparitions à la guitare et au clavier.
Aran (Lunar Aurora, Trist) : j’ai vraiment adoré les dessins qu’il a fait pour les pochettes de Lunar Aurora et Trist. C’est pour cela que j’ai fait appel à lui pour mon nouvel album.


A-t-on une chance de voir un jour Borgne en live ?

A suivre… Pas plus de précisions pour le moment…


Si je ne m’abuse, tu es batteur d’origine. Or dans Borgne IV, c’est une boite à rythme qui nous martèle les oreilles. Pourquoi ce choix ?

Oui effectivement je suis batteur, mais pour renforcer le coté atmosphérique et électrique de ma musique, j’ai voulu utiliser une boite à rythme dans le Borgne I et j’ai toujours continué ainsi sauf dans Borgne II, va savoir pourquoi !


Peux-tu nous éclairer sur la teneur littéraire de tes chansons ?

« Entraves de l’âme » est le premier album de Borgne où les textes sont révélés dans le livret du cd. Dans le passé, Borgne parlait surtout d’autres mondes, de l’inconnu, de l’inexploré, mais sur ce dernier je parle de réalités, de solitude, de haine et de mal-être.
Ces derniers textes ont été écrit par Peter et Skahl pour moi. Nous avons travaillé les sujets ensemble et les écritures leur sont propres, mais cela parle de moi et de mes démons… Rien ne vaut un œil extérieur pour parler de nous, non ?


Une froide misanthropie émane de ta musique à chaque instant; quels sont tes rapports avec la société? Et que ferais-tu si tu n’avais pas la musique pour t’exprimer ?

Je n’aime pas les gens c’est tout… Sans la musique, que pourrais-je bien faire pour faire sortir cette haine !


A quel moment et pour quelles raisons tes pas ont un jour embrassé la voie du black métal ?

Tout à commencé en 1994 quand je suis tombé par hasard chez mon disquaire sur un cd de Mayhem (de Mysteriis Dom Sathanas), qui reste pour moi l’album de black par excellence. Et 2 ans plus tard, j’ai commencé à composer avec Enoid (anciennement PEST).


Contrairement aux clichés du genre, l’imagerie satanique n’est pas ou peu présente dans ton œuvre. Gardes-tu cela pour toi ou ne te sens-tu pas concerné ?

Le satanisme ne joue aucun rôle dans l’histoire de Borgne. Je n’ai jamais inclus la politique et la religion ou les croyances à la musique.


Il y a dans tes chansons une intensité malsaine effrayante, le sentiment d’une puissance machiavélique immense, titanesque…Quel est ton processus de création artistique ? Dans quel état d’esprit tes pensées et tes pulsions prennent-elles vie ?

Je canalise tout ce qu’il y a de mauvais en moi pour faire ma musique. Je me mets dans des états assez insupportables et je fais ce qui vient… Je me retrouve avec mes démons…


Quel serait pour toi l’accomplissement ultime en tant que musicien ?

Pour moi l’accomplissement ultime était déjà de faire un album un jour dans ma vie. Chose faite…


Selon toi, le black métal a-t-il des limites (physiques et idéologiques) ?

Moi je vois le Black Metal comme une chose sans limite sans dieux ni maîtres et sans règles.


Prêtes-tu crédit aux personnes qui écrivent sur ta musique ? Si oui, y a-t-il des choses que tu as lues et qui t’ont semblé fausses ou injustes ?

Je ne fais pas trop attention à ce qui se dit sur moi, c’est en général mon entourage qui me tient informé de mes actualités…


Quels sont tes albums de chevet, dans et hors métal ?

Mayhem - de Mysteriis Dom Sathanas
Darkthrone – under a funeral moon
Satyricon – nemesis divina
Emperor – in the nightside eclipse
Xasthur – noctural poisoning


On entend partout que l’industrie musicale est désastreuse. Comment vois-tu tout ceci à ton niveau ?

Je crois effectivement que l’industrie musicale pue du cul… Entre les gens qui préfèrent boire de la pisse plutôt que manger de la merde, et les radios, tv et autres pompes à fric qui nous gavent de musique à la …
Je trouve que c’est génial de pouvoir vivre de sa musique mais dès que tu rentres dans le monde du commercial et que tu te fais plein de pognon en appuyant sur un bouton et en faisant bouger le cul d’une meuf sur ton clip c’est vraiment n’importe quoi... Et les gens aiment ça en plus ? Le black metal a été créé pour aller à l’opposé du commercial. Je pars du principe que si tu investis 20 000 balles pour sortir un album de black enregistré dans un super studio super cher avec un super ingé son, un gros manager, une production de 20 000 exemplaires et un bénèf' de 50 000 balles, c’est que t’as rien compris au black metal mon gars, ok ?


Tu es originaire de la très belle ville de Lausanne, dans le canton de Vaud en Suisse. J’ai rencontré un Lausannois avec qui j’ai taillé le bout de gras cet été, il me disait que le taux de suicide dans sa ville était anormalement élevé, car, aisance pécuniaire aidant, les jeunes avaient tout fait à même pas 20 ans, pris des drogues etc, et s’ennuyaient au point de mettre fin à leurs jours. Était-ce un constat exagéré selon toi ?

Oui complètement t’as du tombé sur un fan de Cradle ! Non sérieusement je ne crois pas que Lausanne soit aussi horrible que ça. En tout cas, pas vu de l’intérieur…


Sortons un peu de la musique; la Communauté Helvétique a toujours été un peu à part, silencieuse, prospère, fière. Raconte-nous, comment est-ce de vivre en Suisse ?

Bah franchement c’est la même merde partout. Je pense qu’en suisse on n’a pas à se plaindre pour le moment. Moi je vis ma vie tranquille et c’est ce que je veux...


Voici la fin de l’interview, je te laisse conclure pour tous tes fans français ainsi que ceux qui viennent de te connaitre.

Déjà merci à toi pour ta patience.
Ouvrez vos âmes, passez à travers toutes les entraves et laissez-vous envahir par la sombre musique de Borgne avant de perdre la raison…

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Interview réalisée par Crapule