Goat River

Entretien avec Goat River


C’était il y a trois ans de cela, je venais de débarquer à Toulouse, je ne connaissais rien ni personne. Le choix de la ville rose s’est fait pour plusieurs raisons dont l’apparente prospérité de la scène rock-métal-punk. A peine le temps de m’installer que je partais à l’aventure où chaque rue m’était inconnue, et je me plongeais sans attendre dans la moiteur bon enfant de tous les concerts qui me passaient sous le nez, avec une nette préférence pour l’underground. Mon tout premier concert se déroula dans une sorte de cave insalubre, où deux ou trois groupes absolument inconnus allaient se produire devant un public hétéroclite et déjà alcoolisé.
Ce soir-là je découvris Goat River, quatuor multi instrumentiste et bien engagé dans la sainte voie du stoner doom. Depuis, j’ai assisté à leurs prestations aussi souvent que faire se peut, et c’est avec plénitude que je constate leur progrès de scène en scène, leur assurance croissante, et bien sur leur plaisir de jouer, simple, passionné…
Tout d’abord, quel est la signification du nom s’il y en a une? L’image du bouc est assez omniprésente dans votre identité visuelle, est-ce une invitation au culte satanique? Et quelle est la signification du crâne bovin que vous arborez sur scène?

M -Tout d'abord bonjour et merci pour l'intérêt que tu portes à notre musique.

Je n'ai pas vraiment idée d'une éventuelle signification du nom Goat River. C'est Christophe qui a trouvé après le parcours classique de la recherche du nom, à savoir sortir des tonnes de noms stupides avant de trouver un truc correct. J'en ai d'ailleurs retrouvé que j'avais noté à l'époque où on cherchait le nom, des trucs horribles comme The Death valley Pornographic Settlement (quoique j'aimais bien celui là), Washburn Fuck, Abbey's dobble Mammoth (celui là, je ne sais pas d'où je l'ai sorti). Et puis il y a les noms extraordinaires que Joël avait trouvé : Top Gun Machupichu et Beta Gamma Godzilla. Je crois que Christophe est arrivé un jour avec Goat River et que ça convenait à tout le monde.

Et je suppose du coup que ça nous faisait marrer d'avoir cette image du bouc directement collé au groupe. C'est un peu la tarte à la crème des groupes doom/stoner/sludge qui se la joue « je joue lentement, super fort, psyché à donf de peyotl et participe à des messes noires ». On est bien sûrs attirés par plein de choses communes à cette scène là (des zombies en passant par les croix et les sociétés primitives/païennes) mais en ce qui me concerne, j'aime bien aussi voir un peu ça en dérision. D'où la tête de vache sur scène, on est marqués au fer rouge de satan prince du doom, mais on aime bien en rigoler aussi. Faut dire aussi que ce crâne a une vraie histoire, celle du temps ou Christophe était équarrisseur mais je crois qu'il n'aime pas trop aborder cette période là de sa vie.

C - Le nom n'a pas de signification particulière.on trouvait que ca sonnait bien.et puis le fait d avoir le mot goat c'est cool car c'est jouer un peu sur les stereotypes metal/doom/satan...on est pas les 1ers a l'avoir fait.ca fait partidu délire. C'est après coup en tapant le nom dans google qu on a decouvert que c est le veritable nom d une riviere au canada. On encourage personne a faire des messes noires, mais plutot à écouter Black Sabbath et Mercyful Fate.

Ronnie james Dio a un dragon sur scene, Saxon un aigle, Motorhead un bombardier, nous on a un crane de vache.

J - On a beaucoup cherché et trouvé beaucoup de conneries avant que Goat River ne fasse l’unanimité. On a failli rester bloqué sur Metallicu et bien d’autres pseudos sans ni queue ni tete de vache. Le culte satanique et ses codes c’est une bonne blague que beaucoup de groupes recuperent pour déconner. Vu qu’on joue une musique plutot influencée on a gardé çà aussi. Le crane de vache est un bon exemple, si on ne l’avait pas eut sous la main on ne l’aurait pas cherché désesperement.

A - La signification du crâne de vache, c'est 'Putain, le 1er qui trouve un crâne de chèvre, on lui échange!'. Non, je plaisante, on y tient à ce crâne; c'est un totem qu'on a depuis longtemps, bien avant que le groupe n'existe.



On pourrait qualifier votre musique de stoner doom avec un côté prog qui s‘affirment de plus en plus, êtes-vous d’accord?

C - Oui on essaye de faire du stoner doom. Certains morceaux sont plus desert rock et d autres plus doom. Tout dépend de qui vient le riff de depart. Quant au coté prog je sais pas. On va quand meme faire gaffe a ne pas finir par sonner comme yes.

Matthieu : oula...euh...ben stoner doom oui, c'est ce vers quoi on cherche à tendre je pense. On va dire la grande famille du stoner, de Fu Manchu à Orthodox (oui, je parle souvent d'Orthodox mais j'adore Orthodox). Après, on a chacun nos petites marottes et préférences. J'avoue que je suis plus branché par le lent/lourd/mystique. Mais pour le côté prog...peut être, vu qu'on essaie d'inclure des petits trucs genre bruits divers et variés, pourquoi pas (on essaie, hein, c'est un projet mais on y arrive pas trop encore). Ceci dit moi j'adore Yes. Owner of a lonely heart, tada tadadada...

J – Stoner/Doom, çà semble etre l’appellation qui colle le mieux. Comme le disait le prophete : si tu joues mal, joues fort (et lent) !

Le coté prog c’est peut etre du au matos qu’on integre petit à petit (space echo, sample, pole bruit,..) mais ce n’est pas une volonté prog, on découvre les possibilités que çà nous offre et les morceaux evoluent ou pas. Le morceau Only living if dying a évolué en ce sens par rapport à l’enregistrement, par tatonnements.

A - Stoner Doom, oui. Prog je vois pas. Après pour moi, 'prog' c'est un gros mot, donc j'ai surement pas les références nécessaires pour répondre...




Toutes vos chansons sont uniquement instrumentales, mais la dernière fois que je vous ai entendu, il y avait du chant. Est-ce un caprice ou cette écartade va devenir la nouvelle ligne de conduite?

C - On a commencé a etre instrumental car personne ne se sentait de chanter, et on a pas trop cherché a coller du chant non plus. On trouvait que ca sonnait assez bien sans chant. Pour le dernier titre, on a senti qu il y avait moyen d’en mettre. On voulait un truc bien psyche, incantatoire a la Om. Et ca marche pas mal. Apres c’est pas dit que cela devienne systematique. Il y aura surement d autres titres purement instrus. Rien n est arreté.

C’est comme les 2 batteries au debut du groupe. Ca a commencé sur un accident. On a peté une guitare en repet, alors plutot que de rien pouvoir faire et ne pas mettre en l air la repet, on emprunté la batterie du box d'a coté. C’etait cool, mais on du vite a abandonner au bout d un an.pour les concerts c etait problematique. C’est delicat de tjrs demander a l autre groupe s'il veut bien nous preter la leur, et puis ca prend de la place sur scene et au final avoir 2 grattes c est pas negligeable. Nos amplis ne sont pas encore assez gros pour n avoir qu une seule guitare.

Matthieu : je ne crois pas qu'on se soit fixé quoi que ce soit au départ du groupe; une sorte de ligne directrice disant « il n'y aura jamais de chant ». Sur le morceau en question, c'est effectivement venu comme ça, l'un d'entre nous a dit « ce serait pas mal d'essayer avec du chant » et ça s'est fait. Faut dire aussi qu'instrumental seulement, ça va pas être simple. Je pense (et ça n'engage que moi) que je finirai par tourner en rond et ne plus trouver de morceaux.

Les deux batteries c'était cool mais faut effectivement reconnaître que ça nécessitait une certaine logistique. Et même si aujourd'hui on possède deux batteries et qu'on aurait plus besoin de taxer, ça reste super galère ne serait ce que pour le transport. Mais bon, je le répète, c'était vraiment marrant.

J - Dans la premiere mouture du groupe, Fred (qui nous a quitté pour les vertes prairies irlandaises) chantait sur les 4 morceaux que nous avions. Quand matthieu l’a remplacé, personne n’a senti le besoin de prendre sa place. Dans mes autres groupes je chante toujours alors je n’avais pas vraiment envie d’avoir encore cette responsabilité. Mais sur le morceau en question, on s’est dit qu’un chant incantatoire au fond des chiottes pourrait etre pas mal pour retrouver une ambiance a la Electric Wizard, et çà colle. Ce n’est pas comme au bowling, on a pas de règles disant « pas de chant !» ou « pas de claviers ! ».

A - Ce n'etait pas un caprice, il y aura surement d'autres morceaux avec de la voix, de là à devenir un truc récurrent je ne pense pas, on verra, rien n'est défini: si ça sert à quelquechose on en met, sinon non.




Lorsque vous commencez une chanson, personne n’est à la même place que la chanson précédente! Pourquoi? N’arrivez-vous pas à vous décider et à vous cantonner à un seul instrument? Comment en êtes-vous arrivé à faire ça?

C - Les changements de poste sur scene, ca a commencé en répet.pour ma part, je ne sais pas faire de batterie. Tout le monde aime jouer d un peu tout. Je crois que ca a commencé avec le fait que celui qui emmene un riff le montre aux autres a la guitare et fini par rester a cette place.du coup,c est les chaises musicales.

J - Quand on a commencé, l’idée etait pour chacun de jouer d’un instrument que l’on ne maitrisait pas forcement et donc d’échanger les postes. Je ne suis pas batteur à la base, j’ai des limitations, des choses que je ne sais pas faire comme jouer vite par exemple et inversement des il y a des « heureux accidents » qu’un vrai batteur ne ferait pas. Quand tu t’essaies à d’autres instruments cà donne une differente perspective sur l’instrument que tu as dans les mains. Çà vient aussi du processus de composition, celui qui amene le morceau reste souvent à la guitare et les autres prennent les places qui restent comme dans tetris.

Et puis on a la chance de pouvoir echanger nos places alors on en profite.

Matthieu : oui, Xtoff a sans doute raison, c'est plutôt lié à celui qui apporte le riff de base ou le morceau. Même si parfois il y a des plans genre « ah tiens sur celle là j'aimerai bien jouer de la batterie. Ah ben alors ok moi je ferai la basse ». J'aime bien aussi l'idée d'essayer de jouer un peu de tout. On a évidemment nos instruments de « prédilection » (ceux avec lesquels on se sent les plus à l'aise, non pas qu'on les « maîtrise » ou quoi que ce soit) mais c'est bien d'essayer autre chose. Moi je ne joue pas très bien de guitare mais pour autant j'adore en jouer alors pourquoi s'en priver ? Pas de places fixes, pas de recherche de maîtrise d'une place ou d'un poste, si vous avez envie de jouer de la guitare; faites le! Le prochain instrument ce sera un hélicon auquel on collera la big muff de Xtoff. Et puis le stylophone d'Alex, car Alex est un virtuose du stylophone.



Quel âge a le groupe? Est-ce le même lin-up depuis le début? J’ai remarqué au fil du temps de nouvelles sonorités… Un cinquième membre au clavier est-il envisagé?

A - Une toute 1ere ébauche en été 2006 avec un line-up un poil différent (2 repets/1 concert). Puis un an et demi apres, à l'automne 2007, début des repets sous le même format qu'aujourd'hui. 1er concert en avril 2008. Depuis la formule évolue et trouve son équilibre interne à 4 membres. Pas de 5eme membre envisagé, en live en tout les cas, on pense par contre a des featuring divers pour la prochaine session d'enregistrement

C - Le groupe existe depuis un peu plus de 2 ans. On est tous ensemble depuis le depart.on continuera a 4. On est 4 amis qui faisont de la musique ensemble avant tout..malgre

L’ajout des effets avec les pédales, le space echo, les talkies de matt, il n’est pas prévu de trouver quelqu’un pour ca. Comme il n est pas prévu de mettre du clavier, du moins pas sur scene.

Matthieu : Rhoooo!!!! Moi j'adore les claviers!!!! J'en collerai partout. On avait d'ailleurs essayé une ou deux fois d'en avoir en concert mais c'est pas facile de tout faire. Je pense que ça fait partie des choses qu'on aimerait essayer. Mais non, pas de cinquième membre prévu. Sauf à partir du 5ème album, quant on se détestera, qu'on aura chacun notre tour bus et que la seule solution pour que fonctionne ce vieux ménage soit une intervention extérieure.

Les nouvelles sonorités, c'est peut être ce vers quoi on (ou « je », c'est un peu bizarre de parler pour les autres) souhaiterait aller. Des effets sur les voix, des nappes, des jouets trafiqués. Des samples, perso, j'en ai pas trop envie, ça peut faire post rock ou noisy ou indie chiant qui se la joue référencé. Ceci dit (voir plus loin) , il y en a un (deux en fait je crois, il y en a un à la fin aussi) sur le disque...Mais j'aimerai bien ne pas trop tomber là dedans. C'est difficile (en tout cas pour moi, mais je ne suis pas musicien, enfin pas « compositeur ») de ne faire que des choses instrumentales et les samples sont parfois un moyen de cacher la misère en instaurant des ambiances spécifiques. Il y a des groupes qui y arrivent très bien mais je crois que je préfèrerai tenter de m'exprimer en termes « purement » musicaux; que ce soient les structures et les notes qui nous mènent quelque part. Les ambiances, les arrangements, c'est compliqué. Waow, c’est hyper chiant ce que j’écris.



La scène parait être très importante pour vous vu que vous ne ratez pas une occasion de vous exhiber! Cela dit concrètement nous n’avons qu’une seule démo de 6 titres à nous mettre sous la dent. Qu’est-ce qui est plus important à vos yeux, la scène ou le studio? A quand un « vrai » album?



A - Merde, on a fait un faux disque... Euh, non, réponse bateau: la scène et l'enregistrement: 2 exercices différents et complémentaires. Apres, perso, je ne suis pas forcement pour attendre d'avoir 10 titres de prets pour enregistrer et sortir un gros truc indigeste (c'est quand même chiant ce qu'on fait!). Alterner les formules split et maxi me semble pas mal. Mais encore une fois, rien n'est gravé dans la roche, on verra comment ça se passe.

Matthieu : Oui, nous ferons un autre disque. On en fera même plein d'autres. Le second (et premier album) sera un triple Gatefold sur les pyramides ou sur les crânes de cristal.

Plus sérieusement, je ne crois pas que nous ayons une vision de notre musique nous poussant vers des « recherches » différentes entre studio et concert. On fait des morceaux que l'on joue sur scène et puis un jour on les enregistre en studio (enfin, on ne l'a fait qu'une fois pour l'instant). Mais on est pas dans le délire « expérimentons en studio ». Tout est assez direct pour l'instant. Ca viendra peut être.

J - Un 6 titres de 40 minutes, çà fait deja pas mal d’infos à digérer.

On a deja des nouvelles compos qu’on espere enregistrer bientôt avec Mathieu des Junkyard Birds qui s’est occupé du 1er disque. On va prendre le temps de composer avec le printemps.

Cliché n° 68 : La scène c’est quand meme la ou on s’eclate le plus.

C - Oui on aime jouer live. Coté experience studio, on a pas grand chose a part l enregistrement de la demo. Pour ma part je trouve qu’enregister c est encore plus stressant que le live. Mais oui, quand on aura assez de nouveaux titres pour faire un vrai disque, on le fera avec plaisir.




Niveau références, Black Sabbath me vient à l’esprit, ainsi que Ocean, Sunn O))), Soundgarden…Que pouvez-vous rajouter?



A - Electric Wizard, ça s'est pas vu?? Cool, on peut y aller!

C - Black sabbath, on fera jamais mieux. C’est sur que c est l’influence 1ere. J’ecoute leurs albums depuis que je suis gamin. Soundgarden c est génial jusqu a badmotorfinger, après je touche plus a ca. Mon préféré restant louder than love. Ocean j aime pas trop, ca sonne comme du sous mogwai pour moi, dont je suis super fan. Sunn aussi on adore, enfin certains albums plus que d autres. Après,j ai pas l impression que ces groupes se resentent trop dans nos titres. On fait plus rip off d electric wizard parfois. Au depart pour ma part je voulais qu on fasse un truc entre melvins et sleep et le 1er cathedral.bien lourd et tres lent. C'était mon cahier des charges et puis au final on loin d etre aussi épais qu eux.mais on ecoute tous bcp de trucs differents :bcp de metal mais aussi pas mal de rock indé. On a tous des groupes preferés differents et aussi pas mal de trucs en communs: shellac, melvins, sonic youth, weezer, mudhoney, pavement, blur, chokebore...du coup c est chouette de se retrouver a jouer avec des groupes qui font du hard core ou du black car on en ecoute aussi. Et on aime bien etre le groupe chiant de la soirée qui joue pas vite.

Matthieu : Ah, Black Sabbath...Soundgarden, je n'y avais pas pensé...mais je connais très mal (« I'm gonna break...I'am gonna break my rusty cage and ruuuuun!). Ocean je ne sais pas ce que c'est. Sunn o))), oui évidemment. Christophe les suit depuis un moment, c'est une découverte plus récente en ce qui me concerne. En fait, le stoner, le doom tous ces trucs lents et lourds, épais et violents, ce sont des trucs assez jeunes pour moi. J'ai plutôt « grandi » en suivant les groupes rock indé américains. Pavement et Chokebore restent sans doute mes préférés. Mais c'est plutôt mon profil à la base. Ah oui et puis on (je me permets car je crois que c'est le cas pour tout le monde) adore Weezer. Quand j'étais petit, je disais que plus tard, je voulais faire Weezer dans la vie. Et puis rien de très passionnant, j'imagine qu'on est comme n'importe qui, on écoute des trucs très variés, de Joe Dassin à Morkobot. Est ce que j'ai déjà mentionné Orthodox?

J - Le desert, les cathédrales vides, ma cousine de mirande, Eb, kyuss, electric wizard, …



Comment cela se passe-t-il niveau écriture? Car il faut reconnaitre que vous avez le chic pour trouver le riff qui va bien, de plus votre musique touche plusieurs publics et vous avez partagé la scène avec des groupes de black, de hardcore, de stoner, de grind, de death…Donc j’imagine des pulsions créatives éclectiques.

J - A nous 4 on écoute un peu de tout, punk, pop, folk, indé, métal, stoner, jazz..

L’idée de base c’etait de faire un groupe qui fait du bruit parce que chacun avait cette envie la en dehors de ses differents groupes. Niveau composition, on a chacun des idées assez differentes, Matt est plutot attiré par le lent et hypnotique, Christophe adore le gros son fuzz, Alex oscille entre desert et doom et moi je veux toujours des mélodies et des variations. On arrange les morceaux à 4 donc forcemment les influences se mélangent.

A - Oui, des gouts très éclectiques pour chacun, donc au final un gros brassage de pas mal d'influences. Et si ça permet de toucher des gens aux gouts variés et de partager la scène avec des groupes de plusieurs styles, c'est cool! Tant que ça nous parle quoi...

Matthieu : ben je suppose que c'est encore une fois comme n'importe qui; on se nourrit de toutes ces musiques qu'on a dans la tête. Et peut être que ça ressort après dans les compos. Même si bon, faut pas déconner, ça ne va pas chercher très loin, hein. On reste vraiment dans le truc binaire, peu d'accords et du fuzz. Peu d'accords, c'est cool et c'est dans ce sens que j'aimerai qu'on aille voir un peu du côté de tout ce qui est transe en musique répétitive. Mais bon, faut pas se leurrer et se la jouer plus que ce qu'on est. On va dire qu'on est généralement accordé en ré et que si c'est lent et que ça colle aux godasses c'est cool pour nous. On est évidemment très loin de la démarche d'un groupe comme, euh...je sais pas moi, disons Orthodox.



D’où est tiré le sample en espagnol dans « You sure need a mustache », juste avant le final carrément jouissif et efficace? (Qui a trouvé ce titre d’ailleurs?)

Matthieu : c'est dans un film d'Umberto Lenzi qui s'appelle Brigade Spéciale. En gros ça dit un truc du genre « Tu sais c'est comme Sainte Marguerite qui vomissait des fleurs parce qu'elle était protégé par dieu. Et bien moi je chie du plomb car je suis protégé par satan. » C'est pas très malin c'est sûr mais j'avoue que ça m'avait beaucoup fait rire cette comparaison dans le film. Euh…je veux pas tirer la couverture mais je crois que c’est moi qui avait trouvé le titre. C’était pour une compil de l’excellent label DPA records qui traitait de la moustache et du combat mené Par le Front de Libération de la Moustache (F.L.M.) en faveur du port de cet attribut sacré.



Est-ce votre premier interview?

Çà se voit pas ?



Le site sur lequel sera publié votre interview est un site axé métal extrême. Pensez-vous que vous y aurez votre place? Qu’écoutez-vous en métal extrême, et en dehors du métal?

C - Je suis super content, j’ecoute du metal depuis que je suis gosse. on est pas les plus barrés mais bon,je pense que les fans de Burning Witch peuvent accrocher a ce qu on fait. donc oui je pense pas qu on fera pas cheveu sur la soupe.et puis on s en fout, c est la classe si on apparait a coté de Immortal!

J’aime bien la scene black oldschool norvegienne.mes groupes preferes en metal extreme restant Napalm Death, Entombed, Carcass, Cathedral...la scene earache.

en ce moment j'adore Wolves in the throne room et Krallice.et j ai un gros revival trash depuis quelques mois.

A - Metal extreme? Euh, des trucs que j'ecoute ou ai pu ecouter qui entrerai dans cette categorie: Napalm Death, du sludge (Moho, Iron Monkey), du hardcore à la Unbroken, ... Ouais, pas de metal extreme en fait! Sinon, oui, pas mal de hardcore/emo/screamo, du punk, de la noise, du stoner bien sur, et de la pop aussi!

Matthieu : je suppose que là, comme ça, je dirai que le truc de métal extrême le plus extrême que je dois écouter c'est peut être Calculating Infinity de Dillinger. C'est extrême non? Ou alors Fantômas. Je répète qu'en ce qui me concerne, le « métal » et tous ses dérivés sont une découverte tardive. Je suis plutôt branché pop à la base. Quand j'étais ado, un des groupes les plus violents que j'écoutais c'était Silverchair et j'avais pas du tout aimé Freak Show leur deuxième album, pour moi c'était trop bourrin. Et j'avais 18 ans...Mouais, tout ça pour dire que c'est vraiment venu sur le tard et que je craignais à mort quand j’avais 18 ans. Mais on s’est bien marrés à écouter Silverchair avec Joël (« very hard to driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiink !!! »).

J - Pourquoi pas ? je m’habille beaucoup en noir, c’est plus pratique pour pas se tromper en faisant des machines. J’ecoute un peu de tout sauf du métal extreme. De Blur à Kyuss en passant par Pavement et Avril Lavigne. Je suis plus attiré par la grande famille émo-noise-indie-pop-rock. Le black métal, le trash, le Death, Le post Death Progressif, çà ne m’attire pas plus que çà.



Quelle est votre vision de la scène actuelle française? Quelle est votre dernière claque musicale?

A - Même si parfois certains courants proviennent du même endroit du fait d'une certaine émulation, je n'ai pas vraiment une vision 'nationale' de la musique. Je vais pas 'kiffer' un groupe juste parce qu'il vient de 'là'.

Sinon, le dernier disque que j'ai acheté parce que je l'ai adoré dès la première écoute, c'était le dernier PARTCHIMP l'été dernier. Et un concert qui m'a mis sur le cul, c'était les Italiens de MORKOBOT aux Pavillons Sauvages il y a quelques mois. Vraiment impressionnant! J'ai rarement vu une telle machine de guerre!

Matthieu : ben je m'aperçois que je ne connais pas trop de groupes français. Récemment j'ai beaucoup aimé Fordamage, Marvin, Papier Tigre que je classerai dans les grosses cylindrées. Bien sûr il y a les groupes de copains, Dispenser the Dispenser, Aghast, les Junkyard Birds, Fatal Nunchaku, Nuit Noire, Artemisia Absyntium, Messieurs de Fursac.

Et à l’échelle internationale, je citerai Oneida que je découvre (il était temps…ils ont du faire environ 589 disques) un peu mieux en ce moment et que j’écoute beaucoup.

C - En france on a et on eu des groupes geniaux, comme Monarch, Bastard, Condense, Duracel...ne serait-ce que sur toulouse et la region avec Nuit Noire, Aghast, Dispenser, Junkyard Birds...apres c est sur c est pas les plus exposés. On aime bien le coté DIY a la Fugazi, comme tous ces groupes d ailleurs.

J – Localement, les « scenes » stoner, métal, punk, émo, etc sont foisonnantes mais en vivre est un probleme comme disait l’autre. Pour ce qui est des groupes francais que l’on ecoute ou avec qui on peut jouer, il n’y a pas forcemment de vision « de scene francaise » il me semble, on est quand meme dans la minorité par rapport à ce que 99% des gens écoutent dans ce pays.

Grosse claque : Cold war kids, j’ecoute en boucle.



Sur votre démo, il n’y a pas de lien ni de contact…Est-ce un oubli ou bien une politique underground?

Ni l’un ni l’autre, google suffit aujourd’hui.

On avait pas encore ouvert le goatriver.tk quand le disque est sorti, donc l'adresse y est pas, forcément...Le myspace, on a choisi de pas le mettre, pas besoin de leur faire de la pub en plus, les gens le trouveront bien assez vite de toute facon.

L'adresse mail, on pensait qu'elle y etait... oops...



Vous qui avez pas mal écumé les salles toulousaines, quel est le pire endroit où vous ayez joué? Et le plus classieux?

C – Le saint des Seins, Les pavillons Sauvages, Le Celtic à Tarbes

Matthieu : pareil que Christophe. Et le Saint des Seins, malgré tous leur défauts, faut reconnaître que c'était super. Et pourtant j'en dis du mal de cet endroit!

A – LE CELTIC à TARBES !!!!

J - Le pire : Le Dollar ou le patron a une conception tres personnelle de l’accueil et des convention sociales. Le mieux : Le celtic à tarbes, merci jean louis!



Si demain on vous offrait une tournée tous frais payés, où et avec qui partiriez-vous?

J - On prendrait l’argent pour se payer des gros amplis.

C - Avec nos copains de Dispenser The Dispenser. N’importe ou! on aimerai bien jouer ailleurs qu a toulouse. On va finir par lasser les gens a force.

Dans un monde parfait : une date en espagne avec orthodox, moho et monarch.

A - En Espagne avec Dispenser, pour aller jouer avec Moho et Orthodox sur leurs terres!

Matthieu : est ce que je vous ai déjà parlé d'Orthodox?



Dernière question avant de vous laisser conclure, quel est le futur de Goat River?

JC - Le split 45t que l’on a fait avec Dispenser The dispenser est actuellement à l’usine !! Il devrait etre bientôt prêt. Un concert le avril avec nos potes estoniens de Talbot aux pavillons sauvages, et apres on se remet a fond dans l ecriture de nouveaux titres.

A - Mystère... c'est ça qui fait de nous un groupe totalement insaisissable, inclassable, et surtout libre, tu vois, libre... Que vont ils faire après? On sait pas...

Mais un triple album super alambiqué vous pend au nez quand même...

Matthieu : nous consumer car nous aurons approché de trop près Orthodox et que nous, simples mortels ne pouvons pas regarder les dieux dans les yeux sans être frappés et terrassés par le feu de leur gloire. Puis renaître de nos cendres, enfiler des toges et jouer un seul et unique morceau qui durera 6 jours, 7 heures et 6 minutes dans un lieu qu'il nous reste à définir (soit au tertre du grand serpent soit aux Pavillons Sauvages). C'est alors que nous verrons si l'humanité disparaît car L'ogdru Jahad aura été libéré ou si nous pourrons partir en tournée avec Dispenser the Dispenser.

Merci à toi et longue vie au webzine.


Interview par Crapule