Blut Aus Nord - Ultima Thulée

Blut Aus Nord - Ultima Thulée - 6/6 - par C.
Blut Aus Nord  -  Ultima Thulée
Groupe : Blut Aus Nord
Album : Ultima Thulée
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Remarques :
Note : 6/6
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Groupe : Blut Aus Nord
Album : Ultima Thulée
Genre : Black Metal / Ambiant
Année : 1995
Label : Impure Creation Records
Pays : France
Durée : 53 minutes


Tracklist :

1 - The Son Of Hoarfrost
2 - The Plain Of Ida
3 - From Hidskjalf
4 - My Prayer Beyond Ginnungagap
5 - Till' I Perceive Bifrost
6 - On The Way To Vigrid
7 - Rigsthula
8 - The Last Journey of Kingdorn



Blut Aus Nord représente l'un des piliers français de la scène black métal. A travers une musique riche et mystérieuse, Vindsval, tête pensante du projet, est actif depuis les début des années 90 en produisant des albums à rythme soutenu, tous différant les uns des autres. "Ultima Thulée" est le premier véritable album studio de BAN, et sûrement le plus singulier, proche des premiers Burzum. La production est très bonne et les claviers restent variés et présents tout au long de l'opus. Ce dernier est orné d'une pochette d'une rare beauté, grisant un paysage sublime.

Quelques notes légères, énigmatiques et piquantes de clavier nous introduisent dans l'album, puis d' amples et puissants riffs donnent le ton. La BàR est de célérité moyenne, dotée d'un réglage complexe et efficace. La masse sonore est colossale mais néanmoins uniforme, les riffs sont sobres, mêlant l'épique et la noirceur. De petits interludes entrecoupent le morceau, alliant d'anodines et riches arpèges de guitare doublées de chants clairs discrets, mélodieux, et de toute beauté. Les instruments sont parfaitement alignés, rigoureux et variés. Le chant de Vindsval est quant à lui déchirant, rageur et crade mais plutôt mis en retrait. Le tempo s'accélère vers la fin du morceau, les claviers limpides apportant une touche de magie et de grandeur aux riffs obscurs, tandis que les breaks de BaR témoignent de grande technicité et les vocaux se font de plus en plus dérangeants...
L'ambiance se détend avec "The Plain of Ida", introduit de deux minutes ambiantes. Le clavier rappelle quelques atmosphères burzumiennes, tout en sachant rester singuliers, aérés et très mélodiques. Les notes sonnent assez orgue religieux, à la fois innocent et troublé, touchant et truculent. De puissantes distorsions viennent alors imposer leur rythmique et soutenir la mélodie, doublés d'une BàR lancée à mid-tempo. Les instruments s'éteignent peu à peu et une plage ambiante apparaît au centre du morceau, uniforme, énigmatique, claire mais pourtant oppressante. En écho, de nouveaux riffs croissent selon un rythme saccadé. Le morceau, ainsi enrichit et variable, accède alors à une dimension plus tourmentée et tragique, tandis que d'étranges soundscapes émergent du souffle des accords. La basse est également présente, lourde, simple et bondissante. Le morceau s'achève sur un tempo stable et des riffs toujours plus amples, tandis que l'hypnose d'énigme et de mysticisme de la musique BAN nous envoûte peu à peu.
De nouveaux riffs nous frappent de plein fouet, évasifs et monocordes, toujours très amples, clairs et puissants, tandis que les hurlements de Vindsval, entrecoupés de chants clairs et épiques, apportent une touche sale et haineuse à la musique. On débouche sur un nouveau passage emplit d'énigme et de fascination au bout de deux minutes : le clavier et très dilué, vibrant, tandis que des accords saturés et saccadés rythme les sonorités. L'ambiant reste assez proche des derniers Burzum (même si ceux-ci furent produits quelques années plus tard), saisissant et suscitant la rêverie, le voyage, à travers de sacrées, épiques et mystérieuses contrées. La fin du titre laisse place à un black métal brutal mais néanmoins emphatique et pesant, les imposantes distorsions, doublées de discrets et audacieux claviers, pouvant parfois paraître confuses.
"My Prayer Beyond Ginnungagap" est une sorte d'intermède très singulier. En effet, Vindsval nous propose ici cinq minutes consécutives d'atmosphère pure à l'album. Il s'agit en réalité de chants clairs répétés durant toute la piste. Les voix sont multiples et masculines, très profondes et vibrantes tel un canon, d'une grandeur et d'une noblesse incomparables. Le c?ur vocal est puissant, clairvoyant et mystérieux. C'est une nouvelle invitation au voyage de la part de BAN, toujours à travers une beauté épique supérieure et transcendante.
Ainsi arrive le plus beau passage de l'album selon moi, ou l'introduction de "Till' I Perceive Bifrost". Deux arpèges acoustiques de guitare s'entremêlent, douces et innocentes, pour distiller une mélodie d'une rare pureté, on ne peut plus touchante et émotive. A la fois tragiques et attristées, les notes harmonieuses sautillent avec échos pour nous offrir une des plus belles mélodies jamais exploitée dans le black métal, très courte mais sublime. Les puissants riff habituels viennent rompre la mélopée, toujours aussi puissants, grandiloquents et vastes, ou même parfois tranchants et sobres. Les variations de tempo et de rythmique, ainsi que de captivants échos de clavier viennent enrichir la musique, tandis que chants clairs et misanthrope voix black, terrifiante et écorchée, alternent en accordant au morceau un aspect froid et majestueux.
On entre dans un black métal plus cru et violent avec "On the Way to Vigrid", fondé sur des riffs malsains et mouvementés, ainsi qu' une rythmique brutale, bien que la qualité sonore soit toujours très bonne et l'amplitude des riffs puissante à l'extrême. Une arpège saturée doublée de légères notes acoustique vient fissurer le morceau, grande, sereine et auguste, à la fois prenante. Les riffs tumultueux finalisant la piste sont de même cru, avec une touche de tourmente et d'anxiété, tandis que Vindsval déchire l'atmosphère de vocaux torturés et lointains.
"Rigsthula", second interlude, est assez court par rapport aux autres pistes. On a affaire à un ambiant typiquement burzumien, à croire de Varg s'est inspiré d'une telle oeuvre. Les nappes de clavier sont éparses, et se répandant dans l'atmosphère en nous envoûtant d'une ambiance singulière, reposante, magique et totalement captivante. Les notes sont calmes, lentes mais structurées. Des nouvelles arpèges plus angoissée apparaissent en fin de titre; le son est à nouveau parfait et embellit cette plage ambiante d'une rare excellence.
L'opus nous réserve une fin splendide avec "The Last Journey of Ringhorn", un des meilleurs titre du morceau. Des riffs mid-tempo d'une force céleste donnent le ton en assurant une ambiance noble et souveraine, imageant l'épique d'un domaine des Dieu. Une arpège solitaire et de même cru s'impose au milieu de la piste, ajoutant un aspect ambiant et très évasif et reposant au morceau, les habituels et somptueux chants clairs ajoutant à cet effet. De nouvelles notes de guitare, accompagnés d'effets au synthé émergent alors et produisent une nouvelle ambiance, piquante, presque enthousiaste, de nouveau très singulière. Peu après, la BàR s'amplifie et des riffs solide et tranchants viennent rythmer la mélodie de manière saccadée, très entraînante, une basse régulière et très ronde accentuant et soutenant les guitares saturées. Vindsval ajoute quelques performances vocales arrachées et l'opus s'achève en diminuendo.

Des riffs très sobres et tranchants, un clavier présent mais modéré, une BàR travaillée, des vocaux sales et une production sonore monstrueuse... de tels ingrédients sont menés de main de maître pour créer des ambiances uniques, épiques, puissantes, fascinantes et évasives au possible. "Ultima Thulée" est un chef-d'oeuvre, et sait de démarquer du lot grâce à une musique rigoureuse, singulière et imposante. Les riffs en paraissent parfois confus mais les atmosphères distillées sont tellement accrocheuses... un opus tout simplement indispensable, exceptionnel aussi bien dans le black métal que dans la discographie de Blut Aus Nord.


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