Anti - The Insignificance of Life

Anti - The Insignificance of Life - 5.5/6 - par C.
Anti  -  The Insignificance of Life
Groupe : Anti
Album : The Insignificance of Life
Genre : Depressive Black Metal
Année : 2006
Label : Obscure Abhorrence Productions
Pays : Allemagne
Durée : 30:00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Tracklist :

1 - Nothing
2 - Landscape in Minor
3 - Invocation
4 - Farewell
5 - Zero Point
6 - Mourning Soul



Anti, two-men-band originaire d'allemagne est groupe neuf de la scène black dépressive. C'est après une démo sortie chez Obscure Abhorrence que le duo poursuit sa lancée avec ce premier opus. La durée est très concise : 30 minutes seulement pour un album. La pochette reste sobre, ténébreuse, et, à l'instar du titre, en dit long sur le concept musical. "The Insignificance Of Life " se découpe en six titres homogènes, le son est correct et une boîte à rythme donne le tempo, tandis qu' Anti assure les cordes et A.Krieg progresse aux vocaux.

"Nothing", première ode à l'annihilation reste la piste la plus rythmée de l'opus. Après une légère introduction laissant le vent souffler pendant quelques secondes, la BàR démarre à tempo effréné et régulier. Le pattern n'est pas vraiment bien choisit et laisse surtout entendre la caisse claire, martelante sur chaque temps. Les accords sont à l'inverse très bons, tragiques et implorant, tout en étant rapides et incisifs. On pense aux riffs mélodiques de Judas Iscariot, mais en plus torturés. Au centre du morceau, une arpège vient modifier l'atmosphère. Les notes sont beaucoup plus sombres et haineuses, la guitare est parfaitement maîtrisée et enveloppe l'auditeur d'une aura très noire et hypnotique. Les vocaux sont quant à eux plutôt mis en retrait, saturés tel un Malefic mais en bien moins hurlant, se rapprochant plus des paroles de Varg sur "Filosofem". Ce premier morceau est preuve du côté prenant, obscur et accrocheur de la musique du duo teuton.

Le climat devient plus apathique avec le second titre, débutant par un arpège de guitare absent et empli de désespoir, soutenu d'un sample d'orage. La batterie vient peu à peu s'installer en mid-tempo, bien qu'un roulement de grosse caisse soit présent tout au long de la piste. Les riffs sont lancinants et chagrinés, assez proche de certains Xasthur, sachant nous saisir avec profondeur pour mieux nous abattre et nous laisser sombrer dans l'amertume et la désolation. Le morceau présente peu de variations, prolongeant les riffs et nous envoûtant de cette atmosphère accablante, fatale et malade. La BàR pourrait encore une fois être mieux utilisée et plus variée. Les vocaux, toujours lointains et intermittents, sont à certains passages plus hurlés et douloureux à l'instar de la voix de Famine.

On transite alors sur "Invocation" très proche de la piste précédente et sûrement le titre le plus réussit de l'opus. En effet, le morceau s'introduit de touchantes notes de guitare, toujours très chagrinées et accompagnées d'une rythmique mid-tempo très mécanique. Les riffs deviennent plus rapides tandis que la BàR reste de même, hormis le nouveau tapis de grosse caisse. Les riffs sont à nouveau saisissants, tragiques et évoquant peines et douloureuses réminiscences. Tandis que mélancolie et affliction se mêlent dans les accords, ces derniers varient tout de même, enrichissant le morceau. Un guitare solo apparaît vers la fin du titre, audacieux et réussit, apportant une dimension très nostalgique à la musique. Le même arpège conclut le titre, de même qu'à l'introduction, toujours aussi triste et sensible, achevant un petit chef-d'oeuvre de tourmente et de dépression, mené de main de maître par la guitare, élément dominant de la musique d'Anti.

Le registre change légèrement avec "Farewell", nous emportant dans de sanglantes et haineuses sphères. Les riffs sont peu variés, et nous enveloppent de cauchemardesques chimères durant les six minutes du morceau. La sensation de lassitude se fait cependant oublier. En effet, les accords sont de nouveaux très accrocheurs et leur longévité permettent à l'auditeur de s'imprégner progressivement du mal-être ressentit par la musique. L'ambiance est malsaine, la rythmique linéaire et construite sur les mêmes patterns que les deux titres précédents, tandis que la voix d'A.Krieg apporte une touche encore plus déchirantes et écorchée au morceau. L'influence xasthurienne se fait encore plus ressentir, même si la qualité sonore reste claire et les distorsions modérées.

On pénètre alors dans un climat différent avec "Zero Point" . Un arpège acoustique très mystique, obscure et énigmatique nous hypnotise tandis que de puissants riffs saturés cisaillent l'atmosphère pour enfin, doublés de la BàR et d'une basse lourde, assurer une rythmique qui tranche dans le vif, plus lente et assommante, tandis que la guitare saturée reprend l'arpège. Des passages plus nostalgiques et moroses viennent varier le morceau, toujours très apathique et "doomy", propice à de mornes évasions au travers de sombres remords... Les paroles tendent plus vers la narration, à nouveaux discrets et saturés tandis que le morceau s'achève en diminuendo, nous abandonnant à cette sensation amer défaitiste et de dégoût...

L'opus arrive à la fin de sa courte durée avec "Mourning Soul", sûrement le titre le moins torturé de l'album. Les riffs y sont bien plus épiques, nobles et presque vaillants avec des connotations nostalgiques. Nous sommes à mid-tempo, et les vocaux se font plus présents, accompagnant les riffs tout au long du titre. La BàR est la même, peu variées, et semblables aux premiers morceaux. Au centre de la piste apparaît un solo de guitare, assez lent et très poignant. La musique est entraînante et les notes accrocheuses, nostalgiques à souhait, évasives et empathiques, un excellent procédé musical de la part d'Anti qui nous assigne d'une musique profonde et particulière, suscitant diverses émotions chez l'auditeur.

Une nouvelle apparition en matière de black métal dépressif qui s'annonce prometteuse avec Anti. La guitare est parfaitement maîtrisée, et les notes extrêmement accrocheuses sur l'ensemble de l'opus, allant de la nostalgie la plus évasive, jusqu'aux tourments douloureux en passant par la haine la plus noire. Les morceaux sont riches, où solos, arpèges et riffs s'adonnent à un douloureux et tragique complexe musical. La production sonore est bonne, et les influences xasthuriennes, Anti sachant toutefois garder un son simple et très personnel. Seule la rythmique pêche un peu, trop uniforme et parfois mal réglée. Cependant, plutôt à prendre comme un EP, "The Insignificance Of Life " reste un opus de qualité, et très conseillé pour les amateurs de dépressif.


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