Shining - Redefining Darkness

Shining - Redefining Darkness - 5/6 - par Liwjatan
Shining - Redefining Darkness
Groupe : Shining
Album : Redefining Darkness
Genre : Post Black Metal/Rock dépressif
Année : 2012
Label : Spinefarm Records
Pays : Suède
Durée : 40:54
Remarques :
Note : 5/6
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01. Du, Mitt Konstverk
02. The Ghastly Silence
03. Han Som Hatar Människan
04. Hail Darkness Hail
05. Det Stora Grå
06. For the God Below








Les lignes mélodiques d' "Inisis" résonneront à jamais dans mon esprit...C'est d'ailleurs grâce à cet hymne, que je fis l'acquisition de l'album "Within Deep Dark Chambers", il y a maintenant près de 12 ans.
Shining nous délivre déjà son huitième opus, et en bon nostalgique que je suis, je n'ai bien évidemment pas pu m'empêcher de faire mien ce "Redefining Darkness".

J'ai toujours eu de grosses attentes quant à la sortie d'un nouvel opus du combo suédois. Depuis "Halmstad", qui est sans doute le pinacle de la discographie des scandinaves, Kvarforth et sa bande semblent avoir basculé sur le versant opposé de la montagne. Sans être mauvais, "Klagopsalmer" et "Född Förlorare" attaquaient progressivement la descente. Ces deux albums plus conventionnels ne m'avaient pas spécialement emballé, ni marqué d'ailleurs, même si je reconnais que certains titres valaient largement le détour.

Aujourd'hui, qu'en est il avec ce "Redefining Darkness" ? On sait que les mouvements de line up ont opéré au sein du groupe, et que les Slaughterhouse studios ont été délaissés, j'y reviendrai plus tard.
Lors des premières écoutes, l'album m'a laissé plutôt indifférent, et je me suis même dit: Ils nous refont le coup du précédent ! C'est à dire un album ni bon, ni mauvais, quelconque en clair. Maintenant, après l'avoir laissé mijoter quelques jours et ressorti, je dirais que tout en gardant son identité, Shining progresse sur un plan musical légèrement différent. Kvarforth et sa horde ont travaillé des sonorités moins hospitalières, tout en renforçant l'aspect mélancolique des parties acoustiques et en accentuant la puissance des trames électriques.

L'élixir utilisé par Shining, lors de la conception de cet opus, produit un équilibre perdu depuis deux albums, faisant resurgir le spectre d'"Halmstad". Le secret réside essentiellement dans un schisme parfait entre parties Metal et acoustique. Cette scission n'altère en rien la continuité ou la qualité musicale puisque les deux éléments se marient à merveille dans chaque hymne. D'autre part, avec le départ du guitariste Gråby et le retour aussi inespéré qu'éphémère du batteur Ludwig Witt (batteur sur Halmstad), Kvarforth, sur le fil du rasoir, semble avoir joué la carte de la sécurité sur le plan du line up.

Avec ce nouvel effort, Shining ne s'aventure pas comme il l'avait fait jusqu'à "Halmstad". "Redefining Darkness" affiche, néanmoins, un éclat probant. Kvarforth utilise ses acquis, certainement conscient qu'après tant de lacérations le fluide inspirateur ne coule plus aussi abondamment que dans les temps glorieux du groupe. "Redefining Darkness" synthétise les trois albums précédents, avec l'intention de réinventer l'esthétique musicale si particulière du cinquième opus. Après de nombreuses écoutes je suis agréablement surpris, l'exercice du flashback réussit plutôt bien à notre suicidaire multirécidiviste.

A l'écoute, on distingue des attributs propre à "Halmstad", comme la superbe partie de guitare sèche hispanisante de "Hail Darkness Hail" et son monologue dans la langue de Cervantès. Le chant clair n'est pas en reste puisqu'il accompagne les parties acoustiques, dans tous les titres. Kvarforth improvise même de nouvelles textures sur "The Ghastly Silence", me rappelant le chant si caractéristique du Shoegaze. Les cuivres "bluesy" sont également présents et donnent du caractère aux trames mélancoliques. Je retiens également l'excellence des solos de guitare, et notamment celui de "For The God Bellow" drapé d'un feeling d'exception.

Le changement le plus important vient de la production, puisque les fameux Slaughterhouse Studios utilisés par Shining depuis déjà quelques albums, ont été délaissés au profit des Sonic Train studios d'Andy La Rocque. Si l'identité sonore ne change guère et que le son Shining est tout de suite reconnaissable, on apprécie surtout le coté plus authentique de la production. Le son n'est plus "gonflé", il est sec et froid, tout en étant puissant et intelligible. La texture sonore de l'album reste mate, avec un détail important sur chaque instrument. Nul doute que l'exile dans un nouveau lieu d'enregistrement à fait prendre du recul aux musiciens. La production met en valeur la musique et c'est d'ailleurs un des points forts de "Redefining Darkness".

Avec ce nouvel opus, Kvarforth semble avoir pris conscience qu'il est difficile de concilier inspiration, tournées et contrats discographiques. Globalement ce "Redefining Darkness" trouve son souffle, grâce à la lucidité et l'expérience des musiciens. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le suicide artistique n'est pas encore là pour Kvarforth. Si ce huitième opus se démarque, c'est que notre avorton suicidaire a appris, avec le temps, que c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe. A défaut d'innover, Shining reste fidèle à lui même, tout en proposant un album cohérent et varié, ce qui est une bonne chose, par les temps qui courent...

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