Blut Aus Nord - 777: Sect(s)

Blut Aus Nord - 777: Sect(s) - 5/6 - par Liwjatan
Blut Aus Nord - 777: Sect(s)
Groupe : Blut Aus Nord
Album : 777: Sect(s)
Genre : Black Metal
Année : 2011
Label : Debemur Morti
Pays : France
Durée : 45:26
Remarques : Digipack et LP disponibles
Note : 5/6
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01. Epitome I
02. Epitome II
03. Epitome III
04. Epitome IV
05. Epitome V
06. Epitome VI








Deux ans après le phénoménal « Memoria Vetusta II: Dialogue With The Stars », Vindsval et ses disciples remettent les pieds sur Terre et libèrent de nouveau nos esprits. Blut Aus Nord représente pour moi une référence en terme de musique underground. Premièrement, parce que ce collectif reste l’un des rares à s’être régénéré au fil du temps, sans céder aux sirènes de la musique de masse. Deuxièmement, parce que l’aspect sombre, abstrait, spectral et mystique de sa musique n’a d’égal que son originalité et sa créativité. Chaque album créé est différent, bien que l’empreinte Blut Aus Nord soit indélébile. Déconstruite, hypnotique, enivrante, angoissante, froide, spirituelle, intemporelle et atmosphérique sont autant de qualificatifs qui illustrent la musique de cette entité.

Le nouvel album « 777 : Sect(s) » arrive derrière le Ep « What Once Was : Liber I » qui proposait une musique dénuée de tout artifice, un Black Metal authentique, froid, abscons et sans compromis. Dans une certaines mesure, l’écho du passé, nous rappelant que Blut Aus Nord est l’un des groupes pionnier de la scène Black Metal hexagonale.
Le nouveau chapitre « Sect(s) » constitue la première partie de la trilogie « 777 ». Les deux autres fragments de ce triptyque « The Desanctification » et « Cosmosophy » devraient voir le jour dans le courant de l’année.

Aujourd’hui, qualifier la musique de Blut Aus Nord de Black Metal au sens « Darkthronien » du terme est trop réducteur, tant le groupe explore des univers musicaux riches et variés, notamment ceux des musiques industrielles et minimalistes. Sur « Sect(s) », les hymnes se démarquent par des séquences sophistiquées et déstructurées d’une part, mais également par des ambiances exhalées et transcendantes. Chaque titre constitue un véritable labyrinthe psychique et sonore. A l'instar de Deathspell Omega sur ses derniers albums, Blut Aus Nord cherche avant tout à surprendre l’auditeur via des pistes contrastées et sibyllines, plutôt qu’à le mener par le bout du nez sur des sentiers empruntés mille et une fois. Dans ces conditions, vous ne discernerez aucune trame linéaire sur « Sect(s) », ici la musique est complexe et intelligente, elle s’apparente à un voyage méditatif et imprévisible. La transmigration s’effectue via six longues invocations naviguant entre mélancolie lumineuse, oppression suffocante et frénésie chaotique.
Stylistiquement parlant, je placerais ce chapitre entre « The Mystical Beast Of Rebellion » et « The Work Wich Transform God », tant dans l’aspect technique que dans l’esthétique sonore.

Sur le plan acoustique, les sonorités industrielles sont très présentes au sein des hymnes de « Sect(s) », et même dominantes par moment, comme sur le final très glauque de « Epitome I » où l’on retrouve une rythmique glaciale et des samples oppressants. Les ambiances déjà bien développées par les guitares sédatives et dissonantes, se voient donc renforcées par l’usage de claviers et effets décadents. Un autre aspect de la musique de « Sect(s) » qui contribue à élever les sens réside dans la confidentialité des parties vocales, elles sont réduites à leur plus simple expression. C’est un peu comme écouter « Filosofem » de Burzum, il n’y a quasiment pas de chant, la musique parle toute seule. Je pense que ce procédé est destiné à déshumaniser au maximum la musique pour la rendre plus astrale et mystique.

L’album a été enregistré, mixé et masterisé au Earthsound Studio, « Sect(s) » possède le son le plus massif et profond de toute la discographie de Blut Aus Nord. Ce type de texture n’altère en aucun cas l’ambiance froide et aérienne de la musique. Cette production donne beaucoup plus de relief et de groove aux compositions qu’un son minimaliste et polaire, rencontrer trop souvent chez les groupes de Black Metal de base. Les hymnes sont très bien édifiés dans le rapide comme dans le lent et les arrangements se révèlent somptueux. Encore une fois, comme je le dis régulièrement, l’osmose entre les compositions et la production est parfaite.

Aujourd’hui, il n’y a plus rien à attendre de combos qui brillent sous le feu des projecteurs et qui se vautrent dans l’opulence la plus nauséeuse.
Blut Aus Nord reste inflexible et constitue un rempart face à cette déferlante de groupes insipides et écœurants qui tapissent le rayon des cosmétiques des hypermarchés. Le combo français continue de nous surprendre au fil des albums, « Sect(s) » en est la preuve irréfutable. Ces sombres alchimistes restent le fer de lance d’un mouvement artistique underground élitiste qui devrait à nouveau sévir d’ici quelques temps grâce aux deux appendices, qui j’en suis persuadé, termineront d ériger ce monument qu’est 777.

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