01. Epitome I
02. Epitome II
03. Epitome III
04. Epitome IV
05. Epitome V
06. Epitome VI
Deux ans après le phénoménal « Memoria Vetusta II: Dialogue With The Stars », Vindsval et ses disciples remettent les pieds sur Terre et libèrent de nouveau nos esprits. Blut Aus Nord représente pour moi une référence en terme de musique underground. Premièrement, parce que ce collectif reste lun des rares à sêtre régénéré au fil du temps, sans céder aux sirènes de la musique de masse. Deuxièmement, parce que laspect sombre, abstrait, spectral et mystique de sa musique na dégal que son originalité et sa créativité. Chaque album créé est différent, bien que lempreinte Blut Aus Nord soit indélébile. Déconstruite, hypnotique, enivrante, angoissante, froide, spirituelle, intemporelle et atmosphérique sont autant de qualificatifs qui illustrent la musique de cette entité.
Le nouvel album « 777 : Sect(s) » arrive derrière le Ep « What Once Was : Liber I » qui proposait une musique dénuée de tout artifice, un Black Metal authentique, froid, abscons et sans compromis. Dans une certaines mesure, lécho du passé, nous rappelant que Blut Aus Nord est lun des groupes pionnier de la scène Black Metal hexagonale.
Le nouveau chapitre « Sect(s) » constitue la première partie de la trilogie « 777 ». Les deux autres fragments de ce triptyque « The Desanctification » et « Cosmosophy » devraient voir le jour dans le courant de lannée.
Aujourdhui, qualifier la musique de Blut Aus Nord de Black Metal au sens « Darkthronien » du terme est trop réducteur, tant le groupe explore des univers musicaux riches et variés, notamment ceux des musiques industrielles et minimalistes. Sur « Sect(s) », les hymnes se démarquent par des séquences sophistiquées et déstructurées dune part, mais également par des ambiances exhalées et transcendantes. Chaque titre constitue un véritable labyrinthe psychique et sonore. A l'instar de Deathspell Omega sur ses derniers albums, Blut Aus Nord cherche avant tout à surprendre lauditeur via des pistes contrastées et sibyllines, plutôt quà le mener par le bout du nez sur des sentiers empruntés mille et une fois. Dans ces conditions, vous ne discernerez aucune trame linéaire sur « Sect(s) », ici la musique est complexe et intelligente, elle sapparente à un voyage méditatif et imprévisible. La transmigration seffectue via six longues invocations naviguant entre mélancolie lumineuse, oppression suffocante et frénésie chaotique.
Stylistiquement parlant, je placerais ce chapitre entre « The Mystical Beast Of Rebellion » et « The Work Wich Transform God », tant dans laspect technique que dans lesthétique sonore.
Sur le plan acoustique, les sonorités industrielles sont très présentes au sein des hymnes de « Sect(s) », et même dominantes par moment, comme sur le final très glauque de « Epitome I » où lon retrouve une rythmique glaciale et des samples oppressants. Les ambiances déjà bien développées par les guitares sédatives et dissonantes, se voient donc renforcées par lusage de claviers et effets décadents. Un autre aspect de la musique de « Sect(s) » qui contribue à élever les sens réside dans la confidentialité des parties vocales, elles sont réduites à leur plus simple expression. Cest un peu comme écouter « Filosofem » de Burzum, il ny a quasiment pas de chant, la musique parle toute seule. Je pense que ce procédé est destiné à déshumaniser au maximum la musique pour la rendre plus astrale et mystique.
Lalbum a été enregistré, mixé et masterisé au Earthsound Studio, « Sect(s) » possède le son le plus massif et profond de toute la discographie de Blut Aus Nord. Ce type de texture naltère en aucun cas lambiance froide et aérienne de la musique. Cette production donne beaucoup plus de relief et de groove aux compositions quun son minimaliste et polaire, rencontrer trop souvent chez les groupes de Black Metal de base. Les hymnes sont très bien édifiés dans le rapide comme dans le lent et les arrangements se révèlent somptueux. Encore une fois, comme je le dis régulièrement, losmose entre les compositions et la production est parfaite.
Aujourdhui, il ny a plus rien à attendre de combos qui brillent sous le feu des projecteurs et qui se vautrent dans lopulence la plus nauséeuse.
Blut Aus Nord reste inflexible et constitue un rempart face à cette déferlante de groupes insipides et écurants qui tapissent le rayon des cosmétiques des hypermarchés. Le combo français continue de nous surprendre au fil des albums, « Sect(s) » en est la preuve irréfutable. Ces sombres alchimistes restent le fer de lance dun mouvement artistique underground élitiste qui devrait à nouveau sévir dici quelques temps grâce aux deux appendices, qui jen suis persuadé, termineront d ériger ce monument quest 777.