01. Epiklesis I
02. Wings of Predation
03. Abscission
04. Dearth
05. Phosphene
06. Epiklesis II
07. Malconfort
08. Have You Beheld the Fevers?
09. Devouring Famine
10. Apokatastasis Pantôn
Cest en cette fin dannée 2010 que Deathspell Omega a choisi de compléter sa trilogie théologique commencée il y a 6 ans avec la pierre angulaire « Si Monumentum Requires, Circumpice » et le non moins célèbre « Fas - Ite, Maledicti, In Ignem Aeternum ». Le troisième volet « Paracletus » (le Saint-Esprit) se présente à nous comme un concentré de musique abstraite destiné à faire réagir lintellect, bien plus quà ressentir des émotions primaires. Le style pratiqué par les français est déjà bien établi, des hymnes comme « Chaining The Katechon » ou « The Repellent Scars Of Abandon And Election » constituent un repère idéal pour situer la musique que nous délivre le combo aujourdhui.
Le style du groupe est toujours difficile daccès. Je le déconseille donc aux néophytes, pouvant se laisser séduire par létiquette BM orthodoxe, recherchant une musique sombre, haineuse et primaire. Deathspell Omega navigue dans une sphère transcendante et reste un groupe à la musique élitiste et complexe. Les hymnes de « Paracletus » arborent des trames chaotiques, violentes et déstructurées, dune précision mathématique et perverse. Il est donc ardu de se faire une idée du contenu de lalbum sur quelques écoutes. Leffet produit est un peu comme celui rencontré lors de lécoute de « Ordo Ad Chao » de Mayhem. Même après plusieurs écoutes on a limpression de redécouvrir le disque. La musique nest jamais ennuyeuse, on ressent irrémédiablement le besoin de réécouter les hymnes pour mieux sen imprégner. Ce qui fait le charme de Deathspell Omega, cest cette faculté quont les musiciens à unir des trames musicales disharmoniques et les rendre fluides et cohérentes, tout en gardant une empreinte de folie omniprésente. Sur cet opus, on se rapproche clairement des structures de la musique classique, les pistes oscillent entre séquences tourmentées virulentes et passages nostalgiques enivrants. Les émotions sont donc télescopées et agissent directement sur la raison.
Sans pour autant parler de nouveauté, quelques détails non négligeables ont fait surface dans la musique du combo. On note en premier lieu, les leads mélancoliques sur les passages plus « éthérés », ainsi que du chant narratif français. On remarque également que le chant de Mikko Aspa possède une tessiture différente en rapport aux opus précédents.
Le groupe ne stagne pas et développe ses idées tout en conservant lapproche artistique établie depuis quelques disques.
Au niveau de la production le combo a naturellement défini son empreinte sonore, aucun groupe ne sonne comme Deathspell Omega. On peut aisément reconnaître la musique du groupe dès la première écoute. Ce qui à mon sens évolue dans le travail de production cest la notion de clarté. Il me semble que le groupe cherche à détailler sa musique au maximum, la rendre plus intelligible tout en conservant laspect chaotique des compositions. Personnellement, je narrive pas à écouter cet album au baladeur, dans les transports par exemple, il demande de la concentration, et un niveau découte élevé, il passe donc mieux sur une installation audiophile à la maison.
Les 10 hymnes de « Paracletus » sont liés sans interruption, ils dépeignent une fresque sonore sophistiquée froide et tourmentée. Le déluge musical produit simmisce en nous tel un poison violent déstabilisant les sens, et lorsque je parlais de concentration tout à lheure, cest bien à ça que je faisais allusion. Les variations et les breaks sont tellement nombreux sur chaque piste quon se sent comme déchiqueté par une tempête, en passant de moments extrêmement intenses et violents à des séquences lentes et nostalgiques, jalonnés de ponts de basse jazzy et autres sections musicales décadentes. Les seuls refuges de cette relique sont incarnés par les introductions « Epiklesis I et II », vous laurez donc compris la folie malsaine règne sur la quasi-totalité de lalbum et pourtant, même si cette apocalypse sonore semble repousser les lois divines de la violence, il nen demeure pas moins un disque émotionnel révélant des moments paradoxaux, mélancoliques dune esthétique remarquable et troublante. La piste « Apokatastasis Pantôn » (le riff principal est le même que sur « Epiklesis II ») se détache légèrement du reste par son côté tragique empli de tristesse.
Deathspell Omega ne cède pas et ne faiblit pas, sa musique demeure riche en émotions, les compositions chaotiques et sophistiquées sont toujours sombres, nostalgiques, malsaines, violentes et intenses, rien ne semble déstabiliser le combo dans sa quête spirituelle. Deathspell Omega reste un groupe à part et propose une musique intemporelle, comme seul très peu de groupes savent la produire.