The Vision Bleak - Set Sail To Mystery.

The Vision Bleak - Set Sail To Mystery. - 5/6 - par Crapule
The Vision Bleak - Set Sail To Mystery.
Groupe : The Vision Bleak
Album : Set Sail To Mystery.
Genre : Horror gothic metal.
Année : 2010
Label : Prophecy Records.
Pays : Allemagne.
Durée : 44.50
Remarques :
Note : 5/6
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01. A Curse of the Grandest Kind
02. Descend into Maelstrom
03. I Dined With the Swans
04. A Romance With the Grave
05. The Outsider
06. Mother Nothingness (The Triumph of Ubbo Sathla)
07. The Foul Within
08. He Who Paints the Black of Night




Fort d’une discographie de 3 albums studios, les allemands de Vision Bleak proposent en 2010 Set Sail To Mystery, s’enfonçant encore un peu plus loin dans le chemin du horror metal. Bravant les ronces, le brouillard et la boue, le duo persiste dans le même style dont-ils sont le fer de lance et ce depuis le premier album sorti en 2004, ce qui ne manque pas d’attirer les critiques de manque d’originalité et de prise de risque.

C’est Carpathia, A Dramatic Poem (chroniqué sur ce site), qui les mettra réellement sur le devant de la scène en 2005, alors que The Deathship As A New Captain, en 2004, leur a « juste » fait un nom (appuyé par l‘excellent et kitsh clip vidéo « Wolfmoon »). S’ensuit The Wolves Go Hunt Their Prey, à l’accueil timide, qui n’a pas vraiment tenu ses promesses.

La critique reproche aux teutons de se laisser aller à quelques facilités de compositions, et de proposer un produit à la qualité inégale, en dessous de ses capacités. Pour résumer le contexte, après le troisième album, The Vision Bleak est clairement attendu au tournant. Peu de choix s’offre alors à eux, et, comme la vie est parfois bien faite, dès la première écoute de ce Set Sail To Mystery, il est indéniable que le binôme germain a intelligemment réagi.

Il a su se remettre en question, accepter ses erreurs et rectifier le tir, ou presque…

Presque car il persiste quelques défauts qui s’accrochent toujours, comme ces changements d’atmosphère et de tempo d’un morceau à l’autre, qui peuvent en désarçonner certains. Et, une fois n’est pas coutume, une qualité en dent de scie. Ou plutôt une excellence en dent de scie, ce qui passe de suite beaucoup mieux.

La dernière petite chose que l’on pourrait regretter est la trop courte durée de l’album.

La constitution du groupe ne change pas, toujours composé de Schwadorf (le brun) et de Konstanz (le blond), et fait appel à des musiciens de session pour les live (d’ailleurs, un seul show à Paris pour cet album!). L’objet, toujours sous l’excellent label Prophecy, est à l’image de ses prédécesseurs, visuel travaillé et abouti, ambiance gothique et romantico-tragique, le groupe nous plonge littéralement dans son monde.

La production est remarquable, puissante, voire pachydermique, distincte, décadente; les vocaux de Konstanz frisent la perfection, en voix claire d’outre tombe, appuyée par la voix hurlée de son acolyte Schwadorf; le mélange est somptueux. Les guitares de ce dernier se montrent également plus agressives et encore plus imposantes, à l’image des orchestrations, toujours aussi impeccables et savamment dosés, ainsi que les chœurs, féminins comme masculins.

Concrètement, Set Sail To Mystery débute sur A Curse of the Grandest Kind, et là c’est la claque. Forte de presque quatre minutes, c’est une introduction au monde de Vision Bleak tout simplement parfaite. La personnalité grandiloquente et teintée de mysticisme prend ici toute son ampleur, psalmodiée sur le poème « Manfred » de Lord Byron. Je n’en dis pas plus, à écouter absolument.

De là, les premiers riffs tranchent le brume et Descend Into Maelstrom se grave dans les mémoires, surprenante et efficace, sur un rythme soutenu et de jouissives incursions black.

S’ensuit I Dined With The Swans, chanson typiquement doom, parfaite, linéaire, mais, comme expliqué plus haut, le plombage du rythme amorcé par la précédente peut surprendre l’auditeur. Toujours est-il que c’est une très bonne chanson.

On retrouve avec A Romance With the Grave une rythmique soutenue et rentre-dedans. Ici la basse titanesque se taille la part du lion, dans une totalité toujours aussi lourde et inspirée.

The Outsider est le titre « phare » de la galette, soit le titre en écoute gratuite avant la sortie officielle. Et pour le coup, c’est une véritable incompréhension pour moi. Cette chanson est, pour parler vulgairement, la plus dispensable de l’album…

Mélodie efficace, guitares écrasantes, identité propre, chant impeccable, mais… c’est tout, rien d’inoubliable.

Et puis on passe de la chanson à headbang à la chanson la plus lente et la plus doom, Mother Nothingness. Hélas, trois fois hélas, rien de particulier pendant huit minutes; même constat que la précédente.

Fort heureusement on remonte dans le train fantôme de l’excellence avec The Foul Within, véritable épopée en imaginaire d’épouvante; ça sent les toiles d’araignée, les forêts sombres et l’atmosphère inquiétante.

A l’image de Carpathia: A Dramatic Poem, le dernier titre clot l’album en toute beauté. He Who Paints the Black of Night débute sur ses premières notes comme un titre plutôt moyen, pour se muer en chef d’œuvre d’horror-metal, appuyé par ses grandioses orchestrations, ses sons de cloches etc. Les deux chants, clairs et growls, font des merveilles, notamment sur un refrain parfait. Et, alors que l’on sent déjà poindre la fin de la chanson et donc du disque, la batterie s’emballe sans prévenir, pour un final sublime, dramatique. Une porte ouverte sur un cinquième album que l’on devine encore plus ambitieux.

Malgré quelques bien maigres défauts, ce Set Sail To Mystery s’apprécie dans sa globalité, comme un voyage onirique et mystérieux. Le chamanisme n’est pas loin…
Complet et varié, l’album confirme le talent de The Vision Bleak et à vrai dire leur monde à part fait bien plaisir dans le paysage du métal actuel.
Ha, quel groupe passionnant !

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