01. A Curse of the Grandest Kind
02. Descend into Maelstrom
03. I Dined With the Swans
04. A Romance With the Grave
05. The Outsider
06. Mother Nothingness (The Triumph of Ubbo Sathla)
07. The Foul Within
08. He Who Paints the Black of Night
Fort dune discographie de 3 albums studios, les allemands de Vision Bleak proposent en 2010 Set Sail To Mystery, senfonçant encore un peu plus loin dans le chemin du horror metal. Bravant les ronces, le brouillard et la boue, le duo persiste dans le même style dont-ils sont le fer de lance et ce depuis le premier album sorti en 2004, ce qui ne manque pas dattirer les critiques de manque doriginalité et de prise de risque.
Cest Carpathia, A Dramatic Poem (chroniqué sur ce site), qui les mettra réellement sur le devant de la scène en 2005, alors que The Deathship As A New Captain, en 2004, leur a « juste » fait un nom (appuyé par lexcellent et kitsh clip vidéo « Wolfmoon »). Sensuit The Wolves Go Hunt Their Prey, à laccueil timide, qui na pas vraiment tenu ses promesses.
La critique reproche aux teutons de se laisser aller à quelques facilités de compositions, et de proposer un produit à la qualité inégale, en dessous de ses capacités. Pour résumer le contexte, après le troisième album, The Vision Bleak est clairement attendu au tournant. Peu de choix soffre alors à eux, et, comme la vie est parfois bien faite, dès la première écoute de ce Set Sail To Mystery, il est indéniable que le binôme germain a intelligemment réagi.
Il a su se remettre en question, accepter ses erreurs et rectifier le tir, ou presque
Presque car il persiste quelques défauts qui saccrochent toujours, comme ces changements datmosphère et de tempo dun morceau à lautre, qui peuvent en désarçonner certains. Et, une fois nest pas coutume, une qualité en dent de scie. Ou plutôt une excellence en dent de scie, ce qui passe de suite beaucoup mieux.
La dernière petite chose que lon pourrait regretter est la trop courte durée de lalbum.
La constitution du groupe ne change pas, toujours composé de Schwadorf (le brun) et de Konstanz (le blond), et fait appel à des musiciens de session pour les live (dailleurs, un seul show à Paris pour cet album!). Lobjet, toujours sous lexcellent label Prophecy, est à limage de ses prédécesseurs, visuel travaillé et abouti, ambiance gothique et romantico-tragique, le groupe nous plonge littéralement dans son monde.
La production est remarquable, puissante, voire pachydermique, distincte, décadente; les vocaux de Konstanz frisent la perfection, en voix claire doutre tombe, appuyée par la voix hurlée de son acolyte Schwadorf; le mélange est somptueux. Les guitares de ce dernier se montrent également plus agressives et encore plus imposantes, à limage des orchestrations, toujours aussi impeccables et savamment dosés, ainsi que les churs, féminins comme masculins.
Concrètement, Set Sail To Mystery débute sur A Curse of the Grandest Kind, et là cest la claque. Forte de presque quatre minutes, cest une introduction au monde de Vision Bleak tout simplement parfaite. La personnalité grandiloquente et teintée de mysticisme prend ici toute son ampleur, psalmodiée sur le poème « Manfred » de Lord Byron. Je nen dis pas plus, à écouter absolument.
De là, les premiers riffs tranchent le brume et Descend Into Maelstrom se grave dans les mémoires, surprenante et efficace, sur un rythme soutenu et de jouissives incursions black.
Sensuit I Dined With The Swans, chanson typiquement doom, parfaite, linéaire, mais, comme expliqué plus haut, le plombage du rythme amorcé par la précédente peut surprendre lauditeur. Toujours est-il que cest une très bonne chanson.
On retrouve avec A Romance With the Grave une rythmique soutenue et rentre-dedans. Ici la basse titanesque se taille la part du lion, dans une totalité toujours aussi lourde et inspirée.
The Outsider est le titre « phare » de la galette, soit le titre en écoute gratuite avant la sortie officielle. Et pour le coup, cest une véritable incompréhension pour moi. Cette chanson est, pour parler vulgairement, la plus dispensable de lalbum
Mélodie efficace, guitares écrasantes, identité propre, chant impeccable, mais
cest tout, rien dinoubliable.
Et puis on passe de la chanson à headbang à la chanson la plus lente et la plus doom, Mother Nothingness. Hélas, trois fois hélas, rien de particulier pendant huit minutes; même constat que la précédente.
Fort heureusement on remonte dans le train fantôme de lexcellence avec The Foul Within, véritable épopée en imaginaire dépouvante; ça sent les toiles daraignée, les forêts sombres et latmosphère inquiétante.
A limage de Carpathia: A Dramatic Poem, le dernier titre clot lalbum en toute beauté. He Who Paints the Black of Night débute sur ses premières notes comme un titre plutôt moyen, pour se muer en chef duvre dhorror-metal, appuyé par ses grandioses orchestrations, ses sons de cloches etc. Les deux chants, clairs et growls, font des merveilles, notamment sur un refrain parfait. Et, alors que lon sent déjà poindre la fin de la chanson et donc du disque, la batterie semballe sans prévenir, pour un final sublime, dramatique. Une porte ouverte sur un cinquième album que lon devine encore plus ambitieux.
Malgré quelques bien maigres défauts, ce Set Sail To Mystery sapprécie dans sa globalité, comme un voyage onirique et mystérieux. Le chamanisme nest pas loin
Complet et varié, lalbum confirme le talent de The Vision Bleak et à vrai dire leur monde à part fait bien plaisir dans le paysage du métal actuel.
Ha, quel groupe passionnant !