Limbonic Art - Phantasmagoria

Limbonic Art - Phantasmagoria - 5/6 - par Liwjatan
Limbonic Art - Phantasmagoria
Groupe : Limbonic Art
Album : Phantasmagoria
Genre : Black Metal atmosphérique
Année : 2010
Label : Nocturnal Art Productions
Pays : Norvège
Durée : 71:00
Remarques :
Note : 5/6
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01. Prologue / Phantasmagoria
02. Crypt of Bereavement
03. Curse of the Necromancer
04. Portal to the Unknown
05. Dark Winds
06. A World in Pandemonium
07. Flight of the Minds Eye
08. Apocalyptic Manifestation
09. Prophetic Dreams
10. The Burning Vortex
11. A Black Sphere of Serenity
12. Astral Projection





« A Cosmic Funeral of Memories » un titre évoquant la fin, comme si le groupe avait forcé le destin et choisi inconsciemment ce titre en ouverture du précédent opus. Après 13 années de collaboration, le duo norvégien incarné par Morfeus et Daemon n’est plus…Morfeus ayant décidé de quitter le vaisseau spatial pour rejoindre l’église incendiée locale et les membres de l’ineffable MayheM. Daemon désormais seul maître à bord n’a pas hésité une seconde à poursuivre le périple, et nous propose en cette année 2010, un septième opus intitulé « Phantasmagoria ».

Evidemment, avec le départ de Morfeus on se doutait que la musique de Limbonic Art allait amorcer un virage important, car Morfeus (Keymaster) était responsable d’une grande partie de la musique et des orchestrations. Quoiqu’il en soit, Daemon ne s’est pas laissé abattre et nous dévoile un nouvel opus très spontané, efficace et diablement atmosphérique. « Phantasmagoria » est une sorte de nouveau départ pour le groupe, mais il annonce malheureusement la fin du Black Metal Wagnérien orchestral qui a fait la renommée du combo scandinave. En effet, le style pratiqué ici se veut beaucoup plus dépouillé et direct. Sur cet opus, l’une des grandes nouveautés revient d’abord aux claviers, ils sont omniprésents et dévoilent des nappes atmosphériques fantomatiques et hantées. D’un autre côté, les effets divers et autres orchestrations symphoniques ont totalement disparu, c’est d’ailleurs ce qui a mon sens faisait le charme et l’originalité de la musique de Limbonic Art, la combinaison de symphonies violentes et de guitares tranchantes comme le verre. Certains apprécieront… personnellement, je trouve que ce détail ramène l’ambiance cosmique un peu plus proche du plancher des vaches. En revanche, les claviers atmosphériques renforcent le coté ambiant et sinistre de l’album. Daemon aurait-il décidé de remettre les pieds sur terre ? Il m’est avis que oui, au vu de la photo centrale de l’album représentant un cimetière.

En terme de production, on ne peut rien reprocher à ce nouvel album et c’est sur ce point ou l’on retrouve un autre aspect inédit. En effet, le son Limbonic Art est de nouveau au premier plan, mais les agencements ont quelque peu changé. Le mur rythmique est devenu ultra compact. L’ensemble sonne puissant, intense et froid. Les guitares glaciales tranchent l’air. La basse se détache correctement. Le chant haineux se trouve bien en avant. La boite à rythmes, plus en retrait (mieux intégrée) apparaît moins technique que par le passé mais reste d’un bon niveau. Sur « Phantasmagoria », Daemon se rapproche des sonorités de l’album « Ad Noctum-Dynasty Of Death ». Je ne pense pas me tromper en disant que Daemon réinvente le son Limbonic Art sans le dénaturer.

Disons le clairement, Daemon n’est pas un manche et il le prouve en délivrant une musique froide et haineuse se rapprochant de la définition de ce que doit être le Black Metal, plus même que ne l’a jamais été la musique de Limbonic Art. La contrepartie, c’est que la musique du one man band est devenue plus traditionnelle et l’album perd en originalité en rapport aux précédentes réalisations. « Phantasmagoria » propose près de 71 minutes de musique hypnotique, brutale et incisive, légèrement plus linéaire qu’à l’accoutumer, malgré cela des écoutes prolongées permettent de révéler des détails sonores, des arrangements et des ambiances inaudibles lors des premières approches. Les ambiances développées sur l’opus sont chargées d’émotions diverses, ce qui ne m’avait pas du tout paru évident sur les premières écoutes. J’ai comme souvenir que l’album « Ad Noctum-Dynasty Of Death » m’avait demandé un temps d’adaptation avant de l’apprécier à sa juste valeur. Les deux albums ont quelque chose en commun, comme si Daemon avait repris les choses là ou elles n’auraient pas du s’arrêter.

Sur « Phantasmagoria », Daemon a créé une musique très atmosphérique, avec pour lignes directrices la rapidité et l’intensité, mais on retrouve aussi des passages lents, voir mélancoliques notamment sur le titre « Crypt of Bereavement » ou encore des ambiances sédatives et agonisantes comme sur la piste très Doom Metal « Dark Winds ». Je le disais plus haut, la rapidité reste le maître mot. L’excellent « A World in Pandemonium » et ses sonptueuses leads doublées de claviers atypiques le prouve. On retiendra d’autres pistes comme la très épique et pharaonique « Prophetic Dreams », sans oublier « The Burning Vortex » et ses boucles rythmiques infernales accrocheuses. L’opus se terminant en apothéose sur le deux hymnes apocalyptiques que sont « A Black Sphere of Serenity » et « Astral Projection ».

Limbonic Art est loin d’être enterré, le temps des hymnes grandiloquents est révolu. Daemon revient plus déterminé que jamais, dévoilant un album porté sur les ambiances et l’efficacité. Qui s’en plaindra ? Moi, le premier. J’aurais aimé que les choses continuent dans un registre proche de « Legacy Of Evil » tout en développant des structures plus violentes et une production plus puissante. Cependant, le Limbonic Art 2010 demeure un excellent cru, car il revient chasser sur les terres du Black Metal pur jus. La spontanéité et l’honnêteté définissent parfaitement cet album. Les 12 hymnes qui constituent l’album résonnent comme un cri venant des abysses… « The Dark Paranormal Calling ».

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