Watain - Lawless Darkness

Watain - Lawless Darkness - 5/6 - par Liwjatan
Watain - Lawless Darkness
Groupe : Watain
Album : Lawless Darkness
Genre : Black Metal mélodique
Année : 2010
Label : Season Of Mist
Pays : Suède
Durée : 74:00
Remarques : Digipack, Box, DLP, limités disponibles.
Note : 5/6
FacebookTwitterGoogle+Email
01. Death's Cold Dark
02. Malfeitor
03. Reaping Death
04. Four Thrones
05. Wolves Curse
06. Lawless Darkness
07. Total Funeral
08. Hymn to Qayin
09. Kiss of Death
10. Waters of Ain




A la disparition de Jon Nödtveidt le Black/Death mélodique suédois, amputé de Dissection, s’est retrouvé orphelin. Malgré le nombre important de prétendants, aucun autre combo n’a jamais réussit à se hisser au sommet et à atteindre la reconnaissance du groupe suédois. Aujourd’hui, c’est une autre formation nordique symbolisée par le Trident et le Serpent qui tente de raviver la flamme, qui autre fois brûlait de mille feux. Le trio infernal que constitue Watain n’est pas revenu faire de la figuration, grâce à leur cinquième album studio « Lawless Darkness », E. P., et H. se placent directement comme premiers héritiers du trône inaccessible tant convoité.

Watain nous avait démontré avec l’excellent « Casus Luciferi » que le Black/Death mélodique avait encore de longs jours devant lui. Quatre ans plus tard, « Sworn To The Dark » divisait « l’assemblée »… Les espoirs pour beaucoup s’étaient envolés, faute à un album trop mainstream et mélodique, chassant sur les terre du « Reinkaos » de Dissection.
Contre toute attente, c’est en 2010 que Watain décide de renaître de ses cendres tel l’oiseau flamboyant. Le nouvel opus forgé dans les profondeurs abyssales n’est autre qu’un condensé de ce que le Black Metal mélodique doit être, l’Alpha et surtout l’Omega de ce style si cher à Jon Nödtveidt. « Lawless Darkness » c’est près de 74 minutes d’une musique épique et sombre, galvanisée par une aura magique transcendante. Sur « Lawless Darkness » la musique a pris une tournure inespérée, Watain a revu la copie pour proposer des hymnes de qualité à l’esthétique raffinée et morbide. Ici, il n’est plus question de rythmes et de riffs soporifiques. Sur cette nouvelle relique, Erik Danielsson et sa horde ont décidé de mettre le paquet à grand renfort de mélodies Heavy fulgurantes et de riffs sombres et assassins tous plus accrocheurs les uns que les autres. Les titres sont longs et arborent des structures variées, et notamment des séquences mid tempo inédites capables de faire headbanguer le plus réticent des anthropomorphes. Watain n’invente rien mais Watain revient inspiré, on peut même dire que cet album est blindé de « tubes » à ras la gueule.

Les ambitions du combo sont sublimées par Tore Stjärna qui s’est occupé de produire l’opus dans les Necromorbus studios. « Lawless Darkness » bénéficie d’une production puissante mais ne faisant pas dans la démesure. Le groupe veut à tout pris conserver un son underground tout en ayant une production professionnelle. La qualité de production réside donc dans un parfait compromis de clarté instrumentale et de textures rugueuses qui confèrent à l’opus une très haute musicalité. « Lawless Darkness » se fait plus intense que « Sworn To The Dark » et revient sur des sonorités plus acérées. Sur cet opus, on remarque également les atmosphères sombres plus denses et largement mieux travaillées. Watain a clairement définie son identité sonore, et le travail de production vient souligner l’excellence des compositions.

Watain a recherché l’efficacité pour ne pas laisser retomber la pression. Sur « Lawless Darkness » les rythmes changent fréquemment, le titre d’ouverture « Death Cold Dark » le montre avec ses passages tantôt lents, tantôt frénétiques qui s’enchaînent tout en fluidité. Les guitares rythmiques dévoilent des riffs punitifs sur des ponts mid tempo très Darkthronien aux sonorités de tronçonneuse. Le côté Heavy bien prononcé s’impose sur des passages nostalgiques, notamment sur le final du titre « Malfeitor » qui déploie de somptueuses mélodies au premier plan. Je retiens le titre « Wolves Curse » un mid tempo dynamique dont les leads mélodiques cisèlent en filigrane. L’instrumental « Lawless Darkness » dépassant les six minutes surprend par son côté atmosphérique et hypnotique des plus authentique. « Total Funeral » est l’une des pistes qui a retenu mon attention. Cet hymne très « Rock n’ Roll » évoquant les rythmes du « Ravishing Grimness » de Darkthrone est orné d’un excellent solo très aérien dans le final. « Hymn to Qayin » (un autre brûlot) dévoile ponctuellement des rideaux de Blast beat qui ne sont que des amorces aux passages lents écrasants, ouvrant la voie à de superbes mélodies mélancoliques au feeling d’exeption. L’album prend fin sur une pièce maîtresse de près de quinze minutes. « Waters of Ain » regorge de riffs vengeurs et puissants, mais n’oublie pas les passages de leads mélodiques qui viennent casser subtilement le jeu démoniaque de la section rythmique. Les quatre dernières minutes du titre sont ultra Heavy et nous révèlent un solo chargé d’émotions et empli de sincérité.

Ce nouvel opus de Watain apporte un peu de fraîcheur dans un style qui tourne en rond depuis des années. Cependant « Lawless Darkness » ne ramènera pas les fans laissés sur le bord des routes avec le précédent opus. Watain s’est concentré sur un travail d’ensemble pour obtenir un album cohérent et homogène. On retrouve sur « Lawless Darkness » des éléments des précédents opus, mais aussi des idées nouvelles. Le côté Heavy se veut mieux intégré et reste toujours bien présent. Avec cette nouvelle relique Watain offre d’excellents hymnes très accrocheurs, l’éloignant jour après jour des tréfonds de l’underground. A noter aussi, l’esthétique et l’identité visuelles qui sont saisissantes, rarement on aura atteint un tel niveau pour un album de Black Metal. Au final, Watain reste plus que jamais dans l’ombre de Dissection, espérant égaler un jour la bande à Jon Nödtveidt.



Commentaires