01. Dragon Iconography
02. The Awakening
03. Judgement
04. The Dragontower
05. Leaving The Mortal Flesh
06. Dark As Moonless Night
07. The Divine Land
08. Reptilian Majesty
Les norvégiens de Keep Of Kalessin longtemps affiliés à la scène Black Metal (dont ils ne font plus partie), nen finissent plus de diviser. Pour les uns, le combo représente la quintessence du Metal extrême épique (étiquette posée par le groupe lui-même depuis deux albums), pour les autres, la décadence ultime du Black Metal scandinave, aggravée par lapparition au concours Eurovision, avec le titre « Dragontower » aussi mou quinsipide, qui leur a valu une très forte médiatisation. Quoi quil en soit et contre toute attente, deux ans après le très aérien « Kolossus » aux relents Heavy très prononcés, Keep Of Kalessin remet le couvert et nous sert son nouveau plat de résistance, puisant son inspiration dans un grand nombre de sous divisions du Metal, et même du Rock.
Après un « Kolossus » à la production très épurée, on aurait pu imaginer que le groupe finirait dans un registre Heavy Metal survitaminé, bon marché avec son lot de dragons et dépées « Rhapsodyen »
Ce nest pas cette fois que ça arrivera !! Le Metal extrême produit par Obsidian C. et sa bande arrive toujours à surprendre. Là où je pensais tomber sur un disque plus sédatif et ennuyeux que le précédent, il savère que la nouvelle offrande se fait plus dynamique et expressive que « Kolossus ». En effet, le terme quil conviendrait dutiliser pour décrire cet opus, est « efficacité ». Lalbum antérieur manquait de mordant et certains passages souffraient dune faible énergie, « Reptilian » lui se veut plus brutal, agressif et rapide, mais aussi plus massif dans sa production. « Armada » et « Kolossus » se démarquaient par des guitares Thrash et Heavy flamboyantes, « Reptilian » suit une évolution majeure dans un registre Black/Death Metal fortement épique et terriblement dense. En fait, sur « Reptilian » tous les aspects musicaux de Keep Of Kalessin ont été poussés à leur paroxysme. Les séquences véloces, intenses et foudroyantes le sont plus, et les passages épurés développent des ambiances plus suaves. Il est bon de retenir que malgré une thématique récurrente (Heroic fantasy like), le groupe ne se répète pas musicalement parlant et propose, encore une fois, grâce à « Reptilian » quelque chose de nouveau.
Les réfractaires viendront cracher leur venin sur une production certainement trop propre à leur goût, mais nettement plus lourde et puissante que celle de « Kolossus ». On découvre donc, dexcellentes guitares bien denses et compactes mais assez lisses en définitive. La basse est parfaitement placée
peut être trop dailleurs. Au niveau de la batterie, avec Vyl derrière les fûts, cest ultra carré, rapide et correctement triggé, ainsi lensemble brille à loreille. La palme revient ici au vocaliste. Thebon utilise un panel de voix étendues et variées, allant du Black au Death en passant par le chant clair et narratif, faisant complètement oublier la contre performance réalisée sur « Kolossus ». A noter, lintégration de churs ambiants et opératiques dans la plupart des titres. Au final, malgré un son plutôt clinique et accessible, la production met en valeur des atmosphères planantes soulignées par dexcellents claviers subtilement agencés et utilisés avec sobriété. La mise en place instrumentale équilibrée vient tirer la production vers le haut.
Avec cette offrande, cest près dune heure de musique ardente et homérique qui vous attend, lopus est matérialisé par 8 longs titres, extrêmement variés et sophistiqués. Sur « Reptilian » Keep Of Kalessin a su développer des compositions puissantes et mélodiques aux ambiances guerrières et héroïques. Ce cinquième chapitre plus violent, direct et inspiré se pare de nouveaux éléments comme les claviers atmosphériques en relief du titre douverture « Dragon Iconography » ou encore les churs pharaoniques surpuissants du titre « The Awakening » qui donne un effet de profondeur magistral à cette piste. « Judgement » se démarque par des rythmes effrénés et des churs caractéristiques symbolisant le « Nightfall in Middle-Earth » de Blind Guardian. On retiendra lexcellent solo (mais rien dautre
), du titre polémique et commercial « Dragontower », rappelant les envolées de guitare de John Norum sur les premiers albums de Europe. Keep Of Kalessin revient même chasser sur les terres de son Ep « Reclaim » avec le cataclysmique « Leaving The Mortal Flesh » et ses rythmiques incisives. « Dark As Moonless Night » joue la carte de la ballade ringarde, avec ses churs et solo édulcorés, malgré un chant bien guttural au second plan. « The Divine Land » relance heureusement la machine, ce titre rapide est orné dexcellentes lignes mélodiques. Lalbum prend fin sur le très épique « Reptilian Majesty », un brûlot de 15 minutes, scindé en deux par un pont atmosphérique de claviers et une touche finale résolument cosmique évoquant « Aspera Hiems Symfonia» de leur confrère Arcturus.
Keep Of Kalessin reste dans un créneau Metal extrême « accessible », mais arrive malgré tout à distiller une musique originale, ce qui aujourdhui est un gage de qualité. De manière générale, la production aurait dû être plus rugueuse, ce qui aurait apporté un plus aux ambiances. La musique infiniment épique, souvent rapide, à lesthétique raffinée et aux arrangements classieux, se laisse écouter sans effort. Quelques erreurs de mauvais goût comme les titres « Dragontower » et « Dark As Moonless Night » viennent noircir le tableau, mais au vu du contenu global, je ne pense pas quon puisse en tenir rigueur.