1349 - Demonoir

1349 - Demonoir - 5/6 - par Liwjatan
1349 - Demonoir
Groupe : 1349
Album : Demonoir
Genre : Black Metal brutal
Année : 2010
Label : Indie Recordings
Pays : Norvège
Durée : 49:00
Remarques : Digipack limité disponible avec CD bonus.
Note : 5/6
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01. Tunnel Of Set I
02. Atomic Chapel
03. Tunnel Of Set II
04. When I Was Flesh
05. Tunnel Of Set III
06. Psalm 7:77
07. Tunnel Of Set IV
08. Pandemonium War Bells
09. Tunnel Of Set V
10. The Devil Of The Desert
11. Tunnel Of Set VI
12. Demonoir
13. Tunnel Of Set VII





Le Black Metal n’est plus l’emblème underground de la Norvège depuis déjà quelques années, comme si les esprits haineux s’étaient apaisés et que le puit artistique pestilentiel de la créativité s’était du jour au lendemain asséché….Pourtant, la Peste Noire arrive une nouvelle fois de Norvège, 1349 nous revient chevauchant les vents infernaux et nous inoculant par voies respiratoires un nauséeux parfum d’églises brûlées. Onze mois après l’excellent et très controversé « Revelations Of The Black Flame », les scandinaves soumettent à nos conduits auditifs, déjà ravagés par le temps, une nouvelle expérience malveillante.

1349 apparaît comme l’un des héritages musicaux du Black Metal norvégien de la seconde vague. Ce groupe à l’identité forte reste pour moi une référence en la matière, certainement parce qu’il propose un Black Metal brutal, organique, sincère et surtout inimitable. Par cette phrase, vous en déduirez que le Dark Metal du précédent opus a de nouveau laissé place à la folie malsaine, ses torrents de blast beat et sa double grosse caisse assassine. Voilà une des caractéristiques de « Demonoir », le retour au Black Metal brutal direct et organique qui a fait la renommée du combo, pour le plus grand plaisir des fans sous alimentés proche de l’agonie. Evidemment, les essais du précédent opus n’ont pas été mis à la trappe, des éléments rencontrés sur « Revelations Of The Black Flame » persistent, j’y reviendrai plus tard. La musique aux structures alambiquées est toujours construite dans l’idée de développer au maximum des atmosphères violentes et apocalyptiques, ce que 1349 maîtrise diablement.

Ce nouvel opus s’organise autour de 13 hymnes pour une durée de 49 minutes. Le digipack renferme un disque supplémentaire comportant des reprises de Morbid Angel, Exodus et Bauhaus. Tout à l’heure, je parlais d’éléments relatifs au précédent opus, en réalité l’album se compose de 6 véritables chansons, les 7 autres pistes naviguant dans un registre Dark Ambiant. Ces parties ambiantes, intitulées « Tunnel Of Set », lient les plages métalliques entre elles, sans aucune interruption et ne font qu’accentuer la brutalité et l’intensité des pistes Metal. Les morceaux Black Metal sont tous plus démentiels les uns que les autres, du pur 1349 soutenu par des guitares rythmiques meurtrières denses et ambiantes évoquant l’écho des riffs démoniaques du célèbre « De Mysteriis Dom Sathanas » de Mayhem. On retiendra, l’énorme jeu de batterie cataclysmique qui radicalise l’aspect destructeur et obscur de « Demonoir ». Le chant maudit à la tessiture particulière se voit toujours bien placé.
Les révélations sonores apportent leur lot de nouveautés. On est surpris par de brèves incursions de piano et de samples, mais également par des parties lentes plus travaillées que par le passé.

Du côté de la production, le groupe ne déroge pas à la règle, et revient dans le studio Nyhagen qui fût le théâtre des terrifiants enregistrements passés. S’il y a un groupe qui domine la production d’un album c’est bien 1349. Ce qui marque le plus sur les enregistrements du combo c’est la teneur organique finale de ses albums. Cela est dû, en partie, à une bonne connaissance des sons et de l’acoustique de la part des musiciens, mais surtout à l’excellent feeling des interprètes qui font corps avec leurs instruments, ce qui permet une restitution authentique d’émotions profondes. « Hellfire » et « Revelation Of The Black Flames » généraient des sons plus chauds que « Beyond The Apocalypse ». Sur « Demonoir » on se place dans un registre puissant, compact, mais nettement plus froid et sombre que sur les deux reliques antérieures. Il n’en résulte que des atmosphères plus sinistres. Au niveau de la mise en place, il n’y a rien à dire, c’est équilibré, aucun instrument ne vient supplanter un autre, tout est parfaitement audible. A ce niveau, avec des musiciens expérimentés, enregistrant de manière artisanale, loin des studios hollywoodiens, on ne pouvait qu’obtenir un résultat sonore singulier.

L’album garde une ligne directrice générale, mais offre des pistes aux structures variées. Les interludes ambiants sont plutôt minimalistes et éthérés, donc moins facilement assimilables que les morceaux Black Metal.
« Tunnel Of Set I » amorce la descente aux enfers dans l’obscurité la plus totale. Les sons distants, angoissants et inquiétants de cette introduction ne sont qu’un prélude à l’apocalypse sonore qui va s’abattre sur nos ouïes. « Atomic Chapel » ouvre la voie sur des salves de blast beat, des guitares rythmiques murales, on est tout de suite dans le feu infernal. Le morceau possède quelques passages lents dirigés par un chant grave narratif possédé. Les chansons sont certes brutales et rapides mais restent nuancées. Les parties lentes aux riffs lancinants et hypnotiques du titre « The Devil Of The Desert » le prouvent, ce morceau avoine comme il faut et ramone correctement les conduits auditifs. Comment ne pas citer « Pandemonium War Bells » un autre brulot destructeur de près de 8 minutes aux délectables séquences rapides sublimées par des guitares mélodiques naissantes. Le dernier titre « Demonoir » aux atmosphères exhalées, basé uniquement sur des rythmes lents, diffère du reste et fait référence aux derniers albums de Satyricon, l’empreinte musicale y est très similaire. Les reprises disponibles sur le CD bonus n’ont aucun intérêt.

Au final, 1349 décide de revenir sur les lieux du crime, avec un album comme seul ce groupe est capable de nous le servir. Brutal, intense, rapide et apocalyptique sont les maîtres mots. Je ne pense pas que « Revelations Of The Black Flame » était un faux pas dans la carrière musicale du groupe, il s’agissait plutôt d’un passage obligé et réussit pour se régénérer. « Demonoir » est une parfaite synthèse de la discographie de 1349. On retrouve dans ce nouvel opus des éléments de tous leurs albums, en ayant une approche plus immédiate du Black Metal brutal pratiqué depuis déjà 13 ans par ces musiciens. Un retour rapide et gagnant pour un excellent groupe.

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