Austere - To Lay Like Old Ashes

Austere - To Lay Like Old Ashes - 4.5/6 - par Crapule
Austere - To Lay Like Old Ashes
Groupe : Austere
Album : To Lay Like Old Ashes
Genre : Depressive black metal
Année : 2009
Label : Eisenwald - Fog Of The Apocalypse.
Pays : Australie
Durée : 54.41
Remarques :
Note : 4.5/6
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Tracklist:
1. Down:1.33
2. To Fade With The Dusk: 7.36
3. This Dreadful Emptiness: 9.06
4. To Lay Like Old Ashes: 9.33
5. Just For A Moment... : 6.06
6. Coma 2: 20.47

Fondé en Australie en 2007, Austere se fait connaître du grand public avec son premier album « Withering Illusions and Desolation », puis avec plusieurs split-démos, jusqu’à ce superbe « To Lay Like Old Ashes » sorti en 2009 et produit par l‘excellent label teuton Eisenwald (Isolation, Forteresse, Drudkh…). Le groupe possède donc un excellent rythme de production. Formé de deux membres, Mitch (guitares, vocaux, claviers), et Tim (batterie, vocaux, claviers), ainsi que d’un bassiste session, D, tous ont un pied dans d’autres formations dont l’excellent Woods Of Desolation et le mystique Nazxul.
D’entrée, Austere affiche une identité propre très intimiste et produit un black metal que l’on pourrait qualifier de « dépressif » (il semblerait que ce courant devienne à la mode en ce moment!), de par ses thèmes axés sur les sentiments négatifs, le renfermement sur soi, appuyés par des mélodies tristes et récurrentes, à la violence désabusée. Je pourrai également qualifier leur musique de black métal sensible. Effectivement il y a derrière ces 54 minutes une sensibilité toute particulière, s’échapperait presque une atmosphère doucereuse, ouvrant un début de voie à un genre nouveau, le « love black metal »?
Cela dit ne vous attendez pas à une musique de boys band, ça non, si l’on devait donner des comparaisons, je dirais les excellents finnois TotalSelfHatred, certains Dimmu Borgir ou les américains de Sothis, pour les orchestrations ultra présentes . Enregistré en 3 jours et mixé en 3 jours également aux SLS Studios, To Lay Like Old Ashes reprend les choses où Withering Illusions and Desolation les avaient laissées. En mieux…
En effet, il est frappant de constater la sensible amélioration de la production, et donc de la qualité d’audition. Sans tomber dans le magma de décibels, le premier méfait était quelque peu brouillon par moment, reléguant de somptueuses guitares au rang de grésillement ambiant, la batterie ressort nettement mieux également, mais c’est aussi le jeux de Tim qui se voit étoffer, et finalement mis un peu en retrait (sauf cette fantastique et pénétrante grosse caisse), mais avec un bien meilleur son, c’est une réussite exemplaire. Les voix, qui pouvaient être parfois…gênantes car un peu, monotones, aigues et maladroites, sont ici parfaitement mises en valeur.
En gros, la même recette que sur le premier album a été appliquée sans grande surprise, mais les deux compères ont eu l’humilité de se confronter aux défauts et maladresses, et de les corriger. Voilà une louable démarche, aussi intelligente que rare.
Et ça paye! Il n’y a aucun temps mort ou presque et chaque chanson se suffit d’elle-même, invitation au recueil, à l’errance spirituelle et sensitive. Une réelle émotion se dégage des compos et surtout des voix, tantôt hurlées tantôt claires.

L’album s’ouvre sur un bruit de tonnerre lointain annonçant le déluge. Majestueux. Une courte mélodie sert d’introduction, puis Fade With The Dusk déboule avec sa rythmique imparable, le style Austere est de suite reconnaissable; uniquement des hurlements d’écorchés magnifiés par l’écho (mais qui visiblement ne sont pas que des hurlements car dans le livret il y a des paroles dans cette chanson. Mystère.).
The Dreadful Emptiness suit le même schéma, avec ses variations et ses changements de rythmes, puis en son milieu, la cassure, quelques notes de piano, et ça repart, avec un marteau sur une enclume en guise de grosse caisse, et une intensité nouvelle; une voix claire entre en jeu pour exprimer la solitude et la tristesse. Un morceau superbe.
Toujours le même principe pour le titre éponyme, et cet étonnant passage électro, suivi par une accalmie rythmique et des voix claires, passage limite pop, un peu maladroit selon moi, et globalement la chanson de 9 minutes n’apporte pas grand cachet à l’ensemble…
Cela dit, lorsque résonnent les premières notes de Just For A Moment, c’est le coup de foudre. Une chanson vraiment à part, qui commence un peu comme « Oath » de Nasxul (la basse en moins), une batterie assez lente (voire très lente pour du black) mais des guitares et des claviers opaques, asphyxiants. Et une voix claire sur une vraie mélodie distinguable du reste, une structure presque pop-rock encore une fois, délicieuse, précieuse, et c’est ici que la notion pourtant d’apparence risible de « love black metal » m’est apparue. Une urgence dans la douceur et une sensibilité hurlante. Les textes ne font pas directement référence à une histoire d’amour, mais laissent largement la place à l’imagination, alors pourquoi pas?
L’album se clôt sur Coma II, en réponse au Coma qui clôturait le premier album. N’y allons pas par quatre chemin, pour moi, ce titre est un foutage de gueule. Déjà, le Coma était un poil fastidieux, ici, c’est 4 notes pendant 20 minutes. Ni plus, ni moins. N’étant pas spécialement adeptes des pistes ambiantes de ce genre, Coma II est appréciable 5 minutes, tout le reste n’apporte strictement rien, car il y a au début quelques nuances, mais par la suite il s’agit des 4 dites notes, jouées en boucle, inlassablement… Certains trouveront probablement que c’est ça le vrai depressive black metal, dépressif et répétitif, personnellement je trouve regrettable de terminer ce bon album sur un sentiment de lassitude extrême. C’est tellement énorme que j’imagine que c’était l’effet désiré par les 2 musiciens, donc tout va bien…

En bref, Austere nous offre un album à la qualité un peu en dent de scie certes, mais fort heureusement les passages forts font vite oublier les faiblesses… Le style Austere s’affirme et c’est tant mieux, non seulement c’est très bien produit, tout à fait digeste dès les premières écoutes, de somptueuse inspiration, mais surtout ça change des classiques messages antichrétiens, belliqueux, etc.
En espérant que le duo australien poursuive dans cette voie!
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