Geïst - Galeere

Geïst - Galeere - 6/6 - par Crapule
Geïst - Galeere
Groupe : Geïst
Album : Galeere
Genre : Black Dark Metal conceptuel
Année : 2009
Label : Lupus Lounge / Prophecy Production
Pays : Allemagne
Durée : 51:10
Remarques :
Note : 6/6
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Tracklist:

1 - Galeere
2 - Ein Winter auf See
3 - Durch Lichtlose Tiefen
4 - Helike
5 - Unter toten Kapitänen


Geïst fut formé en 2005 sur les cendres de Eismalsott, et compte à son actif deux offrandes: Patina et Kainsmal, passées relativement inaperçues malgré leur indéniable qualité. Mai 2009 sort Galeere, à grand renfort de marketing sous le label Lupus Lounge, branche blackie de Prophecy Records. Et en posant un œil sur le dit album, on comprend que le label germanique ait mis le paquet pour que la quintette sorte du lot: l’artwork est tout bonnement sublime! Une peinture rappelant les œuvres du peintre paysagiste anglais William Turner. Les couleurs sombres prédominent tandis qu’une impression de puissance naturelle se dégage de la scène. Au vu des éléments récurrents dans le livret mais aussi la musique, on est en droit de déduire qu’il s’agit d’un concept album, le champ lexical musical et pictural évoquant bien sur celui de la mer (véritable vivier quasi infini de légendes et contes en tout genre)
Mais il serait plus juste d’appliquer la formule « conceptuel » à l’objet; en effet, le contexte sert de prétexte mais ne raconte pas d’histoire « suivie » du début à la fin, comme le Carpathia de Vision Bleak par exemple. La preuve en est que l’on retrouve des éléments anachroniques: le bâtiment de la couverture tout d’abord, qui rappelle un galion du XVIème siècle, les apparats des musiciens sur les photos du livret évoquant les tenues des marins au début du XIXème, les tambours des galères du Vème avant JC dans l’intro de Galeere, ou encore les sonars dans une autre intro, témoin de la technologie contemporaine.
Ces précisions étant faites, entrons dans le vif du sujet.
La production est parfaite, chaque instrument et les vocaux étant savamment dosés, magnifiant un black métal précis, composé de main de maître, au fort relents dark voire doom et ambient.
Une attention toute particulière a été apportée aux ambiances, notamment dans des intros superbes, avoisinant les 1min30, voire plus de 2min, avec ce tambour de galère accélérant la cadence et notre attention dans Galeere, ce bourdonnement ambiant de Ein Winter auf See, traversé de bruit de sonar hasardeux et mystérieux, ce son glauque de remous aquatique de Durch Lichtlose Tiefen, cette lame de fond matée par une basse humide de Helike, enfin avec ce long passage ambient ponctué de samples de Unter Toten Kapitänen, laquelle se termine sur un air de guitare sèche sur fond de bruit de vague et de craquements de bateau fantôme. C’est sur cette dernière chanson, pour moi la plus réussie, la plus intense, que l’album se clôt, petit à petit les instruments si lourds disparaissent dans le brouillard, pour laisser la place à cette outro fantomatique; on a réellement l’impression que l’équipage a mystérieusement disparu et que le tout puissant océan a repris ses droits.
On pourrait aller chercher les influences vers Dimmu Borgir et autres, les compos comportant d’importantes nappes de clavier, mais nos 5 allemands ont mis sur le marché un album tellement unique, de part sa qualité, sa cohérence (une mention spéciale au batteur et au chanteur et sa voix propre et dégueulasse à la fois) mais aussi son thème porteur, pourtant si évident mais rarement exploité (on n’entend pas une seule fois le mot Satan, c’est rare ça!), qu’ils se placent bien à part. A part, mais en haut.
Pour moi un album parfait, inspiré, original, propre, homogène, tout à fait ce que j’attendais. Vive l’Allemagne!

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