Tracklist :
1 - Gecenin Gölgeci
2 - Son Safak
3 - Firtina Yaklasiyor
4 - Ebedi Buzulun Ortasinda
5 - Lanetl Diyarlar
« ...Aaaarrghh... », binôme au nom curieux, tête principal de la scène extrême turque, officie dans un raw black métal tenace et impulsif à travers des compostions de courtes durées (3-4 minutes). Cette démo éponyme de cinq titres homogènes chantés en turc est le dernier essai avant l'album. La qualité sonore est très nette et feutrée et le duo turc insère différents éléments et influences dans son black métal cru et nerveux. A noter que cette démo (ainsi que l'album) sont en libre téléchargement sur le site officiel.
Le premier titre donne le ton, un rythme rapide, des riffs sombres et brutaux, une atmosphère brute et agressive, des vocaux black caverneux. On discerne trois variations de riffs, les accords sont très rentre-dedans, la batterie travaillée et étonnamment nette, rappelant étrangement la subtilité des fûts d'Hellhammer. La musique est plutôt malsaine et nerveuse, tel une rafale violente et frénétique. On passe au mid-tempo à 1minute 40, le son est très propre et chaque instrument impeccablement dosé, on y remarque parfois de légers traits épiques. Le morceau se fait ensuite plus franc et bestial, des vocaux mauvais et mis en échos ajoutant à la vélocité des compositions. Malgré une course un peu plate, le morceau s'achève dans une trombe de férocité.
« Son Safaz » débute par une magnifique intro acoustique (ou cithare ?), mélancolique, anodine, dotée d'un son innocent et cristallin. La batterie soutient alors l'arpège et déploie des breaks complexe, à la fois raffinés. Au bout d'une minute, la mélodie est reprise par des distorsions sales et puissantes soutenues par un rythme de célérité moyenne puis le morceau enchaîne sur des riffs plus nobles et guerriers. Les vocaux sont monocordes et souffrants, mais le ton musical reste agressif et nerveux. Au centre du morceau, l'évasive arpège reparaît, limpide, nostalgique et poignante. L'ensemble est assez primitif, mais rigoureux. On apprécie une parfaite propreté de succession des mélodies. Les connotations belliqueuses et de gloire de combat ne manquent pas.
La piste suivante s'introduit d'un tempo austère et de cris étouffés et douloureux. Les riffs sont mauvais, rageurs et impulsifs. La musique ralentit parfois pour mettre en valeur une batterie plus lente, apocalyptique et vigoureuse. Le rythme emporte des riffs turbulents et les vocaux irrités ne manquent pas, accompagnants des mélodies fades et brutes. En effet, les riffs savent rester sommaires et mornes, il ne s'agit presque pas de mélodies mais d'une poursuite violente et uniforme, propre au raw black métal du combo turc. On se croirait par instant sur un chant de bataille, ou au coeur d'un cataclysme dévastateur. L'ensemble du morceau est bien conçu, mais manque de puissance par instants.
Une nouvelle intro à la guitare sèche (cithare ??), cette fois plus triste, maladive, mais simple et courte. Le titre part ensuite avec violence dans une tourmente abrupte de riffs énergiques et de vocaux brûlants et éraillés. Après 1minute 30, le tempo ne change pas mais les riffs deviennent plus emphatiques et martiaux. Au milieu du titre, on passe à un mid-tempo guerrier et orgueilleux. Les vocaux sont très présents et les percussions complexes. Le morceau s'enchaîne sur un tempo plus rapide soutenant des riffs insensibles, plats et crus à l'extrême. On ressent même de curieuses bribes heavy. Puis le morceau ralentit, et fait place à une guitare plutôt tragique, triste et touchante ainsi que des vocaux empreints de primauté et d'agonie. La piste s'achève en trombe, domptée par des instruments nets et sauvages.
« Ruhlar Fisildiyor » est dirigé par des riffs décousus et un tempo très instable, peut-être le titre le moins intéressant de la démonstration. Le même ensemble d'accord est maintenu tout au long du morceau, la batterie reste performante par ses breaks d'une vélocité impressionnante et la voix se fait bien moins présente et plus vomitive. Les riffs sont nets, égaux et réguliers. On remarque quelques variations de rythme allant du mid-tempo au très rapide, pouvant ralentir puis se précipiter. Les sensations guerrières, féroces et nobles sont toujours de mise et on pense parfois à Darkthrone et à ses riffs monocordes. Le son résonne d'une qualité un peu plus garage mais les instruments sont toujours impeccablement synchronisés.
De bons éléments comme des mauvais. Nous avons affaire à un raw black métal de qualité, cru, primitif et bestial à souhaits : un très bon batteur, des vocaux féroces, rauques, et parfois d'intéressantes et poignantes arpèges acoustiques. Un des principaux atouts reste dans la production : un son étonnamment net, des instruments carrés et rigoureux, bien organisés, mais qui manquent fréquemment de puissance et de clarté, restant trop feutrés et plats. Cependant, certains riffs sont très peu accrocheurs, mal choisis, des ensembles monotones nous laissent parfois lassés et les pistes de courte durée nous laissent sur notre faim. Mais le duo parvient à créer son atmosphère propre et « ...aaaarrghh... » reste une démo, une pièce toutefois intéressante pour les amateurs du genre.