Candlemass - Epicus Doomicus Metallicus

Candlemass - Epicus Doomicus Metallicus - 5.5/6 - par Stryg
Candlemass - Epicus Doomicus Metallicus
Groupe : Candlemass
Album : Epicus Doomicus Metallicus
Genre : Classic Epic Doom
Année : 1986
Label : Black Dragon
Pays : Suède
Durée : 43:00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Tracklist :

1 - Solitude
2 - Demons Gate
3 - Crystal Ball
4 - Black Stone Wielder
5 - Under The Oak
6 - A Sorcerer's Pledge



On ne peut pas dire que c'est avec cet album que tout a commencé, mais on peut au moins affirmer que c'est par ce nom d'album que l'étiquette "doom metal" est née. Rétroactivement, des groupes comme Black Sabbath ou Pentagram qui jouaient ce metal/rock/blues lent et caractérisé par cette mélancolie extrême se sont vus coller cette étiquette de doom, ou plus précisément de proto-doom metal. Car il faut bien le dire, entre un "Sabotage" des anglais du Noir Sabbath et ce premier effort studio des suèdois, il y a un ravin de taille, l'eau a non seulement coulé sous les ponts, mais un fleuve sauvage s'est ainsi constitué. J'y reviendrai ensuite.

Né sous le nom de Nemesis en 1982 (et ayant d'ailleurs sorti quelques demos et un mini-album), le groupe se rabaptise Candlemass en 1984, et travaille de pied ferme à la réalisation d'un premier opus digne de ce nom en sortant diverses demos qui peaufinent la marque Candlemass. "Epicus Doomicus Metallicus" sort, et nous avons là la naissance officielle du doom tel que nous l'entendons actuellement...

...Et c'est là où j'en reviens à mon histoire de fleuve sauvage, car il est le loin le temps du metal bluesy hippie à papa de Black Sabbath (pas d'insulte les gars, je les vénère aussi !). Les dieux anglais ont beau être la principale influence de Candlemass, les suèdois ont ingurgité nombre d'influences européennes depuis. Le dérivatif naturel du proto-doom aux USA mise sur une consolidation des bases blues et rock de groupes comme Saint Vitus, en ralentissant toujours la cadence et écrasant le son au plus grave, comme Trouble par exemple. En Europe, pendant les années 1980, la diversité de certaines scènes donnait au doom de ces contrées un aspect étonnemment plus moderne, en y incorporant des bases de NWOBHM, ou du power metal allemand, allié à une imagerie et un style guerrier, d'où l'appellation très européenne d'epic doom metal.

Heavy signifiant "lourd" en anglais, on pouvait être choqué de la lourdeur tragique de ce premier opus de Candlemass. Après l'introduction acoustique de "Solitude", classique des classiques, on s'appercevait de la lourdeur saturée des guitares de Klas Bergwall. Ce n'est pas le son et le style de riff que l'on perçevait chez Black Sabbath ou Saint Vitus, mais plutôt chez un gros ponte du Heavy metal, en bien plus sombre, bien plus gras, et bien bien plus lent (relativement à cette période évidemment). Car il faut bien se mettre en tête l'idée que Candlemass n'est aucunement du doom metal extrême au terme où nous l'entendons aujourd'hui, cela reste encore très heavy au sens mélodique et stylistique. Mais soit, c'est du metal à l'état pur, dénué de toute fioriture rock, blues ou encore folk. Un metal lourd, oppressant, heavy et tragique, dont le titre "Solitude" est le plus fidèle symbole.

Mais ramener l'album à de la lourdeur, de la lenteur et du riff facile serait un blasphème ; Aucun, je dis bien aucun riff, et encore moins aucun titre n'est à jeter durant ces quarante trois minutes de bonheur (ou malheur, c'est selonà intégral. Comment rester indifférent face à ces riffs qui puent le désespoir pendant un "Demons Gate", agrémenté de synthétiseurs mélancoliques ? Cette ambiance malsaine et sinistre durant les dissonances d'un "Black Stone Wielder" ? Ou encore durant ces masochistes accélérées très NWOBHM de "A Sorcerer's Pledge" ? Ce gouffre de tristesse est parfaitement aidé, en plus, par la voix du vocaliste de session Johan Lanquist (ayant d'ailleurs continué une carrière dans un groupe pop par la suite), qui colle parfaitement avec l'esprit de l'album, moins pro que celle de Marcolin, mais peut-être plus sincère ?

Un album culte, certes, mais surtout une oeuvre unique, intemporelle, sans trop en faire dans l'inspiration heavy metal britannique, ni pas assez dans le dépouillement propre aux années 80 du milieu metal extrême. Un album quasiment parfait, tout en nuances. Presque parfait, avant l'arrivée de "Nightfall"...

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