Peste Noire - Ballade cuntre lo Anemi Francor

Peste Noire - Ballade cuntre lo Anemi Francor - 5.5/6 - par S.
Peste Noire - Ballade cuntre lo Anemi Francor
Groupe : Peste Noire
Album : Ballade cuntre lo Anemi Francor
Genre : Black Metal
Année : 2009
Label : De Profundis
Pays : France
Durée : 39:00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Tracklist :

1 - Neire Peste
2 - La Mesniee Mordrissoire
3 - Ballade Cuntre les Anemis de la France
4 - Concerto Pour Cloportes
5 - La France Bouge
6 - A la Mortaille!
7 - Vespre
8 - Rance Black Metal de France
9 - Requiem Pour Nioka (à un Berger Allemand)
10 - Soleils Couchants


Dire que cet album était attendu au tournant relève de l’euphémisme. Depuis La Sanie des Siècles, Peste Noire n’avait rien sorti de bien transcendant, je n’avais d’ailleurs pas chanté les louanges du Folkfuck Folie, quand dans le même temps une bonne partie de la communauté se pavanait sur le groupe avignonnais. Pour cette nouvelle sortie, la formation pilotée par Famine fait place à un important remaniement de line-up, Indria, Winterhalter et surtout Neige disparaissent de la circulation, et font place à A.Julia coté batterie et un dénommé ‘Ragondin’ à la basse. Notons enfin la présence de Audrey S. sous le pseudonyme quelque peu emphatique de ‘Sainte Audrey-Yolande de la Molteverge’. Passées ces présentations d’usage, rentrons dans le vif du sujet.
L’introduction démarre sur un air débonnaire et messianique de chant féminin, rapidement rattrapé par les vocaux glaireux de Famine, puis par les fûts martiaux, sur lesquels viennent se greffer autoritairement un « il faut que la France redevienne la France ». La machine est désormais lancée, Peste Noire nous replonge dans les méandres de l’Histoire de notre patrie. Chant militaire en guise d’élan, nos braves compères nous assènent de leur Black Metal désormais scellé de leur griffe, à savoir mélancolique, imprévisible et déjanté. Coté production, si la Sanie des Siècles avait un coté trop professionnel et, à l’inverse, Folkfuck Folie, trop plat, ce dernier opus voit enfin un son idéalement adapté aux impulsions nauséabondes et perverses du combo : c’est clairement audible, mais une sensation sous-jacente d’immondice se fait clairement ressentir.
Au-delà de tout ce qui est d’ordre matériel, c’est au niveau de l’inspiration que Peste Noire redore son blason, bien loin d’être enfermé dans les carcans dogmatiques du genre, il puise ses influences jusque dans le bon vieux Heavy Metal, on jurerait entendre l’écho de Judas Priest, l’espace de quelques secondes, sur le morceau « A la mortaille ! ».
Toujours aussi impressionnante, la voix de Famine vomit une fois de plus des sacs d’ordures sur les compositions, toujours aussi jouissif à s’enivrer. D’ailleurs, Famine démontre que la langue de Molière n’a rien de ridicule dans le Black Metal, surtout quand ce dernier emprunte les écrits des magiciens des mots comme Verlaine, sur le morceau final et point d’orgue de l’opus « Soleils couchants », texte remarquablement mis en valeur par la nostalgie des notes, à l’instar d’un certain « Spleen » qu’il est inutile de (re)présenter ici.
Quatre interludes font leur apparition ci et là, dont l’utilité reste discutable, c’est bien là le seul simulacre de reproche que je puisse faire, bien qu’ils ne fassent guère d’ombre aux titres principaux…

Coté artwork, après les dominantes blanche puis rouge des précédents opus, nous avons cette fois-ci affaire à l’abondance de vert ; pas de paroles retranscrites, seule une énième explication sur l’idéologie du groupe dont on se serait volontiers passé, ils semblent vouloir entretenir la polémique, enfin, qu’importe.

Que les mauvaises langues se taisent à jamais, Peste Noire nous prouve de fort belle manière que son potentiel est bien à la hauteur de nos espérances. Lorraine Rehearsal et Folkfuck Folie n’étaient qu’une période grippale du groupe. Quelle réponse ! Ballade cuntre lo Anemi Francor surclasse La Sanie des Siècles, grâce notamment à la production enfin retrouvée. Maladif, sale, dément, mélancolique, patriotique, inspiré…autant de qualificatifs riches et variés pour définir cet opus. Chapeau bas !

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