Elend - A World In Their Screams

Elend - A World In Their Screams - 6/6 - par Crapule
Elend  -  A World In Their Screams
Groupe : Elend
Album : A World In Their Screams
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Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 6/6
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Groupe : Elend
Album : A World In Their Screams
Genre : Classical Avantgarde Dark Gothique
Année : 2007
Label : Holly Records
Pays : France/Autriche
Durée : 57:44


Tracklist:

1 - Ophis Puthôn
2 - A World in Their Screams
3 - Ondes de Sang
4 - Le Dévoreur
5 - Le Fleuve Infini des Morts
6 - Je Rassemblais tes Membres
7 - Stasis
8 - Borée
9 - La Carrière d'Ombre
10 - J'ai Touché aux Confins de la Mort
11 - Urserpens


Que voilà une chronique des plus complexes et pour le moins intéressante à écrire.
Commençons par les présentations: Elend est fondé en 1993 par Iskandar Hasnawi (France) et Renaud Tschirner (Autriche), formation atypique qui en est à son 8ème album aujourd'hui, tous formidablement accueillis par la critique.
A World In Their Screams, distribué par Holy Records, sort en 2007, enregistré avec une vingtaines de musiciens dans les studios The Fall du groupe, et clôt ainsi le triptyque du Cycle des Vents. (En fait il est enregistré une première fois, mais le résultat n'atteint pas les objectifs escomptés, alors il est retravaillé et remixé pour ne sortir officiellement que 2 ans après, fin avril 2007).
L'artwork est à l'image de la musique: sombrissime, abstrait et maitrisé.
Il s'agit là de neoclassique, ce qui requiert une certaine ouverture d'esprit et une volonté de découverte (il m'aura fallu presque 6 mois!); mais si on se plonge un tant soit peu dans cette musique, si on se laisse aller un minimum, alors, mes amis, c'est une expérience hors du commun qui nous submerge, l'œuvre post apocalyptique ultime, effrayant, dérangeant, lugubre. Une noirceur si opaque et radicale que très peu (voire pas) d'artistes avaient atteint jusque là. D'ailleurs le binôme franco-autrichien avouera avoir été complètement carbonisé et dépassé par la période de mixage...

Les mélodies sont anti mélodiques, c'est décousu et recousu, chaque note inspire la folie malsaine à l'état pur, c'est violent et assourdissant, les passages calmes ne sont que prétextes à mieux nous labourer les sens par des pics d'intensité à venir. On a l'impression que les cordes pleurent, inspirant une mélancolie et une souffrance atroce, quelques sons industriels viennent pleuvoir tel une pluie acide à des moments stratégiques. Des voix féminines se font entendre, particulièrement la soprano Esteri Rémond qui fait un travail admirable, mais il ne s’agit que de déchirements atroces de harpies, de plaintes inhumaines et véritablement effrayantes. Viennent s’ajouter la lourdeur des chœurs, qui soulignent le tout d’une tragique présence.
Chaque morceau est une épopée sadique, et l'écoute complète est un tout; l'intro est ambiante et place très vite l'auditeur face à une destruction totale et irrationnelle, puis le déroulement de l'avènement d'une force qu'on pourrait appeler le Mal absolu. Enfin, les 3 derniers morceaux ne sont que contemplation des ruines d'un monde taché par le mensonge, reconquis par les ombres, ne laissant aucunement la place à une hypothétique lueur d’espoir de vie.

Les textes, point d’orgue de l’œuvre, sont murmurés en français, sur une construction d’un conte métaphorique aux relents mythologiques, par la voix inquiétante d’Iskandar, calme, froide, sans émotion.
Un travail tout particulier a été apporté aux lyrics, et chaque mot fait mouche, à croire qu’il est lui-même revenu des enfers pour nous raconter ce qu’il a vu!
Extraits:

« Malheur! Malheur aux hommes de bien
Car ils seront les esclaves d'esclaves
Leur corps tombera le premier
Et leur nom sera calomnié. »

« Pillages et meurtres.
Que les portes ploient et que les murailles cèdent;
Que la pluie ne puisse effacer la cendre et
Que le sang ne soit plus une offrande. »

« Et voici que le périple s'achève.
J'ai tenté de circonscrire le monde, mais le voilà perdu dans sa course.
La terre est rouge sang, le ciel rouge sang, la mer rouge sang.
L'Omphale hurle de ténèbres.
Les vautours géants règnent désormais sans partage.
Onde de sang, vent ardent: l'Omphale hurle de ténèbres.
Alors viens, viens car tel est ton royaume. »


L’écoute se termine, il ne reste rien. Juste le sentiment d’une épopée musicale et spirituelle rarement égalée.
Un album condamné à rester.

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