Funeral Mist - Maranatha

Funeral Mist - Maranatha - 6/6 - par Liwjatan
Funeral Mist - Maranatha
Groupe : Funeral Mist
Album : Maranatha
Genre : Black Metal brutal
Année : 2009
Label : Norma Evangelium Diaboli
Pays : Suède
Durée : 54:00
Remarques :
Note : 6/6
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01. Sword of Faith
02. White Stone
03. Jesus Saves!
04. A New Light
05. Blessed Curse
06. Living Temples
07. Anathema Maranatha
08. Anti-Flesh Nimbus



On retrouve le terme araméen « Maranatha » dans l’invocation « Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit maudit ! Maranatha », extraite de la première épître de Paul aux corinthiens (un livre du Nouveau Testament). Le terme Maranatha signifiant « Le Seigneur vient ». Le Seigneur vient…oui…Je peux même affirmer que le Seigneur est arrivé ! Avec « Maranatha » Arioch ne se contente pas de nous servir une simple suite à son premier chef d’œuvre, les nouveaux hymnes confirment le potentiel de ce musicien et définissent un nouveau standard de Black Metal. « Salvation » plaçait la barre très haute, « Maranatha » fait lui couler le sang à profusion. L’homme derrière ce projet est spirituellement au dessus du lot, inspiré, personne n’est à même de suivre Arioch dans son « assomption ».

Vous l’aurez compris, Funeral Mist enfonce une nouvelle fois les clous sur la sainte croix ! Ce nouvel opus est constitué de 8 hymnes brutaux, intenses, cruels, malsains et dévastateurs, pour une durée totale de 54 minutes. Les nouvelles prières ne peuvent être comparées à celle présentes sur « Salvation » tant elles sont différentes, aussi bien aux niveaux des structures que de la production. L’empreinte Funeral Mist reste et permet d’identifier le groupe dès la première écoute. Le style pratiqué est plus direct et incisif. Cela est dû en grande partie à une production Endarker Studio plus puissante et dynamique que celle du Necromorbus Studio. Sur cette nouvelle offrande, les guitares sont placées plus en avant et deviennent plus tranchantes et ambiantes. La basse est parfaitement audible et destructrice, souvent mise en avant sur des ponts. La mise en place de la batterie est plus travaillée que sur « Salvation » avec une grosse caisse moins dominante et plus suave. La caisse claire, quant à elle, subit l’effet inverse et devient plus franche et s’entend mieux sur les Blast beat. Le touché général diffère, dû au changement de batteur. J’ajouterai que le trigger a été utilisé et rend l’instrument moins naturel que sur « Salvation ». Le gros du travail de production se situe sur le chant de Arioch, très agressif, déshumanisé, terriblement possédé, chargé d’émotions authentiques, comme la souffrance, la haine et la folie. Les vocaux clairs, le chant narratif, les chœurs ont également fait l’objet d’une attention toute particulière, ils fondent naturellement et à merveille dans cet apocalypse sonore. Globalement, la production est originale, mais légèrement moins chaotique et spontanée que sur l’opus précédent.

Avec cette relique entre les mains, on se sent pousser des ailes, comme si Arioch avait composé la musique que l’on voulait entendre (enfin, c’est l’effet que ça me fait !). Cet album amène en nous des sentiments de puissance et d’assurance, que très peu de disques procurent. L’exaltation est au rendez vous ! Sur « Maranatha » la diversité est de mise, entre les hymnes rapides des titres mid tempos sont dévoilés, aérant ainsi l’album.

On rentre dans le vif du sujet avec le titre « Sword Of Faith ». L’introduction révèle le sang du Christ…il s’en suit une explosion de blast beat et de guitares rythmiques impénétrables. Les embryons de mélodies se réincarnent en boucle, Arioch vomit bestialement ses cantiques. Voilà une chanson d’ouverture bien brutale et rapide, plongeant l’auditeur directement dans la lave. « White Stone » étonne par ses structures agonisantes et ses rythmes lents. Le chant complètement désarticulé, dérangeant et maladif constitue ici l’élément principal. Les guitares se font plus discrètes par moment et laissent le champ libre à une basse écrasante. « Jesus Saves ! » …Tel Arioch, je n’en suis pas du tout convaincu…En revanche, le titre lui est très convaincant, bien réel et furieux. Les torrents de blast beat sont légions, secondés par des guitares acérées aux riffs vengeurs. Le titre se termine sur un passage de guitares claires rock/folk de toute beauté. « A New Light » démarre sur des guitares naissantes et une batterie mid tempo, mais le répit est de courte durée, la folie malsaine frappe à nouveau, et les démons de la vitesse et de la brutalité font parler les armes. Ce titre se distingue par des ponts de basse/chants grégoriens parfaitement intégrés. La colonne vertébrale de cet opus est incarnée par « Blessed Curse » un long titre épique. L’oration d’un prophète illuminé se fait entendre tout le long de cette prière ou les guitares hypnotiques, soutenues par des cuivres développent une ambiance fort singulière. Funeral Mist n’a pas fini de cracher son venin et continue sur le titre « Living Temple », ultime et destructeur. Ici, la brutalité est amenée à son paroxysme. Les guitares ardentes attaquent impitoyablement. La batterie nous assaille de blast beat rageurs, entrecoupés de roulements rapides et bien développés, jusqu'à ce qu’une accalmie menaçante dévoile des chants spectraux, évoquant des enfants de chœur…pervertis. « Anathema Maranatha » est un autre titre démentiel et véloce, une véritable tornade sonore dirigée par des mélodies sombres et renaissantes. Sur ce titre Arioch est totalement possédé, il se déchire les cordes vocales jusqu’au sang. L’album prend fin en apothéose sur le très lent et lourd « Anti-Flesh Nimbus », qui est sans doute l’un des piliers de cet opus. Sur ce titre, des chœurs féminins (sample de Ederlezi, chanson faisant partie de la bande son du film Le Temps des Gitans) d’une pureté exceptionnelle, viennent doubler les guitares malsaines et le chant maudit du vocaliste. L’osmose entre le sacré et le profane est parfaite et véhicule des émotions profondes.

Grâce à « Maranatha », Funeral Mist écrit une nouvelle page de l’histoire du Black Metal. L’opus est un hommage aux ténèbres et à la mort, un album inébranlable canalisant l’énergie pestilentielle et destructrice du malin et la dispersant violemment et brutalement sur l’humanité, afin de la contaminer dans le chaos le plus total. Si vous aimez le Black Metal brutal suédois, « Maranatha » est fait pour vous. La production bien maîtrisée permet de mieux s’imprégner du contenu de l’album et de ressentir pleinement l’effroi et la haine transmis par ces hymnes maudits et funestes.

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