Deathspell Omega - Veritas Diaboli Manet in Aeternum (EP)

Deathspell Omega - Veritas Diaboli Manet in Aeternum (EP) - 6/6 - par Liwjatan
Deathspell Omega - Veritas Diaboli Manet in Aeternum (EP)
Groupe : Deathspell Omega
Album : Veritas Diaboli Manet in Aeternum (EP)
Genre : Avantgarde Black Metal
Année : 2008
Label : Norma Evangelium Diaboli
Pays : France
Durée : 22:00
Remarques : Digipack disponible.
Note : 6/6
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01 - Chaining the Katechon









Deathspell Omega nous revient en cette fin d’année 2008 avec un EP comportant un nouvel hymne de 22 minutes.Le précédent album « Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum » dévoilait une nouvelle facette du groupe, transcendant les limites du Black Metal. Le combo incorporait dans sa musique des éléments propres à d’autres styles, comme le jazz, et mettait l’accent sur des structures complexes et intelligemment travaillées. Le morceau en lui-même ne s’éloigne pas de ce que l’on retrouve sur le dernier album en date. Cependant, sur « Chaining The Katechon », il y a plus d’expérimentations et d’idées mieux exploitées. Pour ce faire, le groupe a déployé un arsenal mathématique, au service d’une musique mâture et sophistiquée. Ce qui différencie ce nouveau cantique de « Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum », est une plus grande musicalité. Le morceau est plus accessible sans pour autant être plus simple.

En matière de son, si l’on pouvait reprocher quelque chose à l’opus de 2007, c’était surtout une production pas toujours intelligible, rendant les passages denses et rapides assez brouillons. En effet, là où « Fas - Ite, Maledicti, in Ignem Aeternum » pêchait par un manque de « clarté », « Chaining The Katechon » ne souffre pas de ce défaut de production. Tout ici est parfaitement audible y compris les séquences hyper compactes et véloces.
Si l’on a gagné en compréhension, les tonalités restent sensiblement les mêmes, avec tout de même une basse qui semble plus présente, et profonde, remplissant mieux l’espace sonore. Quoiqu’ il en soit, ces sonorités si particulières sont devenues la marque de fabrique de cette congrégation. Deathspell Omega n’a pas son pareil et demeure tout de suite reconnaissable.

La chanson est plutôt déstructurée, alternant des passages virulents, rapides et lents ponctués de breaks totalement jouissifs et des séquences ambiantes hypnotiques, de manière assez irrationnelle. L’opus est un véritable labyrinthe sonore. Après quelques écoutes, deux éléments se distinguent : les parties de guitares rythmiques superposées et la lead guitare, totalement folles, dissonantes et résonnants tout au long du morceau. Les accords produisant des sons dysharmoniques, tellement inhabituels, qu’il est impossible d’y échapper. D’autre part, l’utilisation de nappes de claviers fantomatiques, parfaitement intégrées et combinées au reste des instruments, renforce les atmosphères qui éveillent des pensées mystiques chez l’auditeur. L’innovation pour Deathspell Omega, sur ce nouveau méfait, est l’intégration de chant clair, avec plus ou moins de réussite. Je le trouve bien maîtrisé dans ses lignes posées et narratives mêlées aux parties ambiantes religieuses mais aussi aux passages noyés de rythmiques cataclysmiques. En revanche, lorsqu’il est doublé avec des vocaux Black sur le début de la piste, le chant clair/hurlé manque un peu de tenue, et la texture de celui-ci est étrange.

Malgré ses 22 minutes, à aucun moment le morceau ne parait indigeste. Il est tellement chaotique et varié qu’on peut en faire des écoutes successives, sans avoir l’impression de se gaver. Il est difficile de chercher des repères dans cette piste, ce n’est pas de la musique que l’on retient facilement, chaque écoute est une nouvelle expérience.

Avec cette nouvelle prière, Deathspell Omega présente bien plus qu’un simple disque de Black Metal. Le groupe a d’ailleurs bien évolué depuis « Si Monumentum Requires, Circumspice ». La simple étiquette Black Metal ne lui correspond plus. Le combo nous expose une musique avant-gardiste, d’un niveau technique hors du commun, sans jamais négliger l’aspect musical et faisant preuve d’un feeling exceptionnel. Les musiciens font corps avec leurs instruments et rien ne semble mécanique ou humain dans cette musique. L’énergie et les sentiments transmis par ce morceau restent avant tout spirituels et « divins ».

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