Groupe : Makrothumia
Album : The Rit Of Individuation
Genre : Doom/Death Atmosphérique
Année : 1997
Label : Bestial Records
Pays : Roumanie
Durée : 49 minutes
Tracklist :
1 - A Sense-Alization Of Your Own-Not-Owned (Your Own Interior Own)
2 - Conquering The Lack Of Revelations... The Vague... To Unify
3 - An Interior Autonom Structurality (To Protect... To Deceive... Protecting ?)
4 - The Need (Appearing Yourself Through Into The Other)
5 - The Archetypes (Patterns Of Behaviour)
6 - The Spirituality Of The Prostitution (Masculin Domination Against Alterity)
7 - Celebrating Thee (A Drowing Dawn The Sun Ritual)
8 - Sinagogic Curse
En 1994, deux roumains, Edmond Karban (qui est guitariste et chanteur chez Wiccan Rede à la même époque, proto-Negura Bunget qu'il n'est plus utile de présenter) et Varga Pipen, forment Makrothumia. Petite note culturelle, Makrothumia représente la faculté de la conscience à réaliser ce que l'on est. Peu de temps après, divers musiciens les rejoignent, dont notamment Gabriel Mafa, qui sera plus tard le batteur de Negura Bunget. En 1995, une demo tape autoproduite est enregistrée en moins de huit heures, mais les échos, les critiques et sa distributions ne vont pas au delà des frontières roumaines. Deux ans plus tard, un album est enregistré, sorti sur le label roumain Bestial Records (qui sort à ce propos la grosse majorité des groupes metal underground roumains) mais uniquement en format tape, pour des raisons essentiellement économiques. Désormais, il devient très difficile de tomber sur un exemplaire.
Les membres de Makrothumia ont préféré dès le départ se détacher de ce qu'ils savaient mieux le faire : le black metal. Et malgré tout, cela donne un résultat pourtant très bon, voire excellent. Le ton est donné dès le début dans un doom/death metal d'une facture en apparence classique, aux growls profonds et gutturaux, aux cordes graves, quasiment sous-accordées et par moments presque dissonantes et aux rythmiques en mid-tempo de bon aloi. Les riffs, à défaut d'être énergiques transpirent la sincérité, et il en découle un feeling particulier, sombre, introspectif mais sans tomber dans le dépressif comme le ferait un Bethlehem par exemple.
Mais ce que l'on remarque très rapidement, c'est les apports qui complètent ce death/doom en apparence très classique. Diverses influences viennent se coller aux guitares, et donnent un ton très atmosphérique, ce qui tranche avec le feeling particulièrement sombre, presque nauséeux des cordes, particularité que l'on retrouve également d'ailleurs chez Negura Bunget ou Wiccan Rede, entre un metal rugueux et des atmosphères envoutantes. Egalement, des plans presque progressifs sans toutefois donner dans l'Opeth ou Death dernière cuvée, permettent à ces quarante-neuf minutes de ne pas devenir un ennui sans nom : ces plans, intelligents et rondement menés, s'accouplent parfaitement au metal sombre, par le biais d'une basse ronronnante, de breaks et contrebreaks de batterie techniques mais sobres, discrets et de guitare acoustique.
En somme, un album qui a une maturité, une sensibilité et un esprit original, qui joue un death/doom atmosphérique de grande facture, et qui nous communique un feeling sombre, morne, mais introspectif mais sans pour autant virer dans le larmoyant ou le dépressif gauche... Mais pourtant, ce "The Rit Of Individuation" manque de peu l'excellence, la faute due à une production qui ne met pas en relief le travail de nos zicos, les riffs semblant parfois flotter dans le vide, à cause d'une mollesse qui aurait pu être évitée au mixage. Egalement dommage pour le côté, au demeurant sympathiquement sombres, mais parfois brouillon, toujours du côté des guitares, dont certains riffs frisent la cacophonie. Dommage, encore une fois, pour le format tape un peu copié à l'arrache, ce qui donne à deux reprises des titres tronqués...
Dommage... mais le talent était là, sur cet album, à la fois old school et original, entre le rugueux et le subtil, un album qui ne rebutera ni le fan de metal sombre et simple, ni l'amateur de plans alambiqués.