Demilich - Nespithe - 6/6 - par Stryg
Groupe : Demilich
Album : Nespithe
Genre : Death Metal
Année : 1993
Label : Necropolis
Pays : Finlande
Durée : 39 minutes
Tracklist :
1 - When The Sun Drank The Weight Of Water
2 - The Sixteenth Six-Tooth Son Of Fourteen Four Regional Dimensions (Still Unnamed)
3 - Inherited Bowel Levitation - Reduced Without Any Effort
4 - The Echo (Replacement)
5 - The Putrefying Road In The Nineteenth Extremity (...Somewhere Inside The Bowels Of Endlessness)
6 - (Within) The Chamber Of Whispering Eyes
7 - And You'll Remain (In Pieces Of Nothingness)
8 - Erecshyrinol
9 - The Planet That Once Used To Absorb Flesh In Order To Achieve Divinity And Immortality (Suffocated To The Flesh That It Desired)
10 - The Cry
11 - Raped Embalmed Beauty Sleep
C'est après l'écoute d'un tel album que l'on se pose finalement la question cruciale : Le black metal est-il, au final, plus malsain que le death metal ? Le doute est là, l'incertitude est bel et bien fondée... Fondé en 1990, en Finlande, par une bande d'adolescents de seulement 14 ans, le groupe sort à la pelle quatre demos tape, qui feront beaucoup de bruit dans les fanzines de l'époque, évidemment en raison du jeune age des musiciens, mais aussi et surtout pour la technicité implacable de la musique, et au son malsain, encore jamais entendu jusqu'alors... En 1993, un album du nom de "Nespithe" sort, et au lieu du grand bouleversement attendu, le groupe est carrément arnaqué par Necropolis, son label, qui ne versera aucune royaltie aux musiciens, sur l'excuse qu'ils sont mineurs, l'album est vendu au compte-gouttes via VPC ; Le meilleur moyen pour vous le procurer aujourd'hui est de passer par le site officiel, où toutes les productions sont en libre téléchargement.
Tout le monde sera d'accord avec moi, ce qui retient l'attention dès les premières secondes de l'écoute, c'est bien évidemment la voix : absolument infecte... Là où la plupart des groupes américains évoquent avec leurs growls un charnier digne d'une série B, les gamins (oui, les gamins) de Demilich eux vont réussir à vous transposer tout un paysage aride de désolation, une nature dévastée par le néant, un sol humide, terreux, sous lequel grouille des êtres surnaturels, symboles de néant et de mort... Car bien que l'on ressente un groove tout à fait extraordinaire, des rythmiques carrément headbangantes, la vocation première de Demilich n'est pas de faire du Entombed, mais tout simplement LE death metal, le metal de la mort...
...Car il faut bien comprendre une chose : Si l'on désire voyager dans le monde le plus sinistre qui soit, un monde tellement négatif qu'il est impossible à retranscrire par des mots, mais seulement par une musique effroyable... Ce monde est uniquement visible par le biais d'un album... Et ce n'est ni Silencer, ni Xasthur, ni Abruptum... C'est Demilich... Le groupe a déjà les vocaux death les plus malsains de tous les temps, renvoyant le vocaliste de The Last Days Of Humanity aux petits chanteurs à la croix de bois. Ensuite, c'est ce son... Ce son tellement dégueulasse, qui pue les feuilles mortes, la terre bouffée par l'humidité mais surtout la mort. La production est crade, grasse, épaisse, et le sentiment de dégoût est complété par des riffs absolument épouvantables, prenant leur source dans un maëlstrom disharmonique, véritable tourmente à dégoûter tout aficionado du metal bien propret et mélodique...
D'une technique absolument irréprochable, "Nespithe" est surtout une histoire de feeling ; plus sombre que n'importe quelle formation de l'école US, plus sombre que n'importe quel groupe de l'école suédoise, encore bien plus sombre que Morbid Angel ou Immolation... "Nespithe" n'est pas le groupe à engendrer la colère, la tristesse ou la mélancolie... Il est néanmoins, et clairement, celui qui en quelques minute à peine, fait passer la couleur au noir le plus obscur... Un véritable malaise, une peur indicible, la mort au bout du chemin...
Si il est clair que Demilich fait du death metal, il est encore plus véridique que le Death metal tout entier se définit entièrement par Demilich.
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