Drudkh - Estrangement

Drudkh - Estrangement - 5.5/6 - par S.
Drudkh  -  Estrangement
Groupe : Drudkh
Album : Estrangement
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Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Groupe : Drudkh
Album : Estrangement
Genre : Atmospheric Black Metal
Année : 2007
Label : Supernal Music
Origine : Ukraine
Durée : 36 minutes
Remarque : Sortie d?une version cd 'deluxe' à 1000 exemplaires, 6 semaines avant l'édition normale.


Tracklist :

1 - Solitary Endless Path
2 - Skies at Our Feet
3 - Where Horizons End
4 - Only the Wind Remembers My Name



Après un Songs of Grief and Solitude presque inutile et un Anti-Urban assez décevant, Estrangement, promis comme un retour aux sources, était attendu au tournant. On remarque premièrement la structure générale de l'album similaire à Forgotten Legends, à savoir trois longs morceaux plus une courte outro. Concernant la production, elle reste proche de The Swan Road, quoiqu'un brin plus épurée, fort appréciable puisque je la considérais comme préjudiciable à cet album, trop agressive à l'écoute, ici la sonorité gagne en fluidité. Retour aux racines encore cette fois-ci au niveau idéologique, on sentait qu'au fil du temps, Drudkh donnait de plus en plus de place à l'engagement politique, que ce soit au niveau parolier ou sur le plan artistique. Ici pas de références politiques explicites, toutefois les paroles ont été empruntées à Oleg Ol'zhych, poète, nationaliste et indépendantiste ukrainien, un des fondateurs durant la seconde guerre mondiale d'une organisation underground nommée « Ukrainian National Council » ; il fut d'ailleurs arrêté par les allemands et périt dans les camps de la mort. Cependant les textes sont bien tirés de l'homme poète où ce dernier rend hommage à Mère Nature et à ses contrées, défendues avec ferveur. De ce point de vue là, on se rapproche d'un Autumn Aurora.
Qu'en est-il donc vraiment de ce nouvel opus ? Du Drudkh pur jus, tel qu'on le connaît, avec sa fibre si personnelle et captivante. Maintes et maintes écoutes sont nécessaires pour apprécier chaque seconde s'égrenant, leur musique est tel un tableau de grand art, on y trouve toujours une innovation, un détail supplémentaire à chaque nouveau regard ; telle est la richesse musicale de ce duo ukrainien, où il faut faire l'effort de capter les subtilités et les raffinements. Les riffs et les solos sont toujours imprégnés de mélancolie, mais parfois celle-ci est mise de coté pour développer de savoureuses sensations épiques. La rythmique s'est quant à elle étoffée, les futs ont un jeu plus varié, tout comme leur sonorité, plus tranchante et offrant ainsi de la substance aux compositions ; d'ailleurs, la basse y contribue elle aussi en étant relativement bien audible. Le clavier a lui aussi sa place mais officie en arrière-plan, pour renforcer l'ambiance, telle une petite brise sillonnant les reliefs. Enfin, la voix reste inchangée, poignante et plutôt en retrait.
Deux titres se démarquent cependant ; le premier, « Solitary Endless Path », peint deux visages, tout d'abord une épopée furieuse, prenante, puis un magnifique solo amène le coté nostalgique et planant du final, sans vocaux ; on se laisse aveuglement envoûter par la mélodie, dans l'insouciance... Le second, dont le simple intitulé laisse rêveur, « Only The Wind Remembers My Name », constitue l'outro, une balade instrumentale; le dépaysement est total, notamment grâce à ce solo presque désinvolte, enchanteur, pur comme l'air...
Deux bémols à évoquer malgré tout, d'abord la production légèrement faiblarde à coté d'un Blood in Our Wells ; et deuxièmement la trop courte durée, d'à peine plus d'une demie heure.

Quelques mots tout de même sur l'effort artistique. La version « deluxe » met en valeur le contenu musical de l'oeuvre ; sous un format inhabituel, l'objet surprend tout d'abord. La pochette d'un bois jauni par le crépuscule invite à parcourir l'intérieur. Il renferme en son sein un bout de nature, de patrimoine local, avec un cd se confondant avec l'arrière-plan du boitier, dévoilant un cadre forestier automnal, bercé par un paisible ruisseau. Le livret quant à lui illustre une multitude de gravures sombres et nostalgiques, laissant libre cours à l'imagination du spectateur. Y figurent également les paroles en ukrainien et en anglais, typées manuscrites, comme sorties des temps anciens.

Au final, si j'émettais des doutes fondés sur le devenir de Drudkh après la sortie de Anti-Urban, Estrangement prouve que le duo ukrainien est loin de l'asphyxie, et il nous le démontre de fort belle manière. Mélangeant habilement les ingrédients des trois premiers albums, il en ressort un opus riche et exquis ; nostalgie et évasion sont les deux fils conducteurs de l'oeuvre, comme à l'accoutumée. Ces ukrainiens n'ont décidément pas fini de nous surprendre...

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