Groupe : Silencer
Album : Death - Pierce Me
Genre : Suicidal Black Metal
Année : 2001
Label : Lupus Lounge, réédité par Autopsy Kitchen Records
Origine : Suède
Durée : 49 minutes
Tracklist :
1 - Death - Pierce Me
2 - Sterile Nails And Thunderbowels
3 - Taklamakan
4 - The Slow Kill In The Cold
5 - I Shall Lead, You Shall Follow
6 - Feeble Are You - Sons Of Sion
Quand une formation de Black Metal dit « dépressif » cesse ses activités pour cause d'internement psychiatrique de son leader et âme pensante, il y a tout à parier que l'unique album dudit groupe soit l'incarnation de la pathologie mentale de son géniteur. Silencer en est l'exemple le plus parfait. Death-Pierce Me est le reflet des idées funèbres et maladives de son fondateur, Nattramn. Pour cela, il s'épaule de deux autres membres : Leere, que l'on retrouvera chez Shining par la suite ; et Steve Wolz, batteur chez les allemands de Bethlehem.
L'aura émanant de Silencer prend forme petit à petit. A l'inverse d'un certain Xasthur, le trouble mental n'est pas bâti autour d'une production sale ni même d'une marée de clavier, mais il est instauré bel et bien par les guitares, interprétées avec une fluidité et une précision déconcertante de la part de Leere. Ce dernier distille ci et là des riffs effroyables, cauchemardesques, notamment les accords principaux du titre éponyme, dont l'enchainement provoque irrésistiblement une douleur lancinante, comme atteint d'un état grippal, des riffs capables de vous embarquer dans une tourmente tragique... Le piano a beau faire quelques apparitions sous formes d'intermèdes, il n'en demeure pas moins qu'il est loin d'être l'acteur principal de la musique des suédois.
En effet, l'élément le plus impressionnant chez Silencer reste la voix de Nattramn. Hors du commun, cela ne fait aucun doute, celle-ci est emplie de douleur, criarde, pleurnicharde, et, n'ayons pas peur des mots, infantile. Au début il est évident qu'elle surprend tant elle est étrange, voire même pénible. Toutefois, une fois immergé dans l'atmosphère douloureuse de l'album, cette voix se montre très efficace et révélatrice du mal-être ambiant. Elle enfonce encore et encore l'auditeur dans l'abattement. La production dont j'évoquais plus haut la qualité, est typiquement suédoise : propre, carrée et précise.
Au final, Death - Pierce Me est un album singulier dont il émane une sale impression : celle d'être spectateur d'un humain, tout du moins ce qu'il en reste, reclus sur lui-même, dans l'agonie, prit d'une sérieuse crise de schizophrénie ; aux instants de démence se succèdent des moments de dépression intense.
Quant à l'artwork, outre les paroles, le plus glauque reste la photo de Nattramn, déshumanisé, le corps couvert de sang, des pieds de suidé à la place des mains et un visage absent, comme s'il voulait échapper au monde du vivant... La mort l'a-t-elle percé au visage ?
Un opus métaphore du déséquilibre mental, de la souffrance ; à prendre avec des pincettes.
Morceaux conseillés : Death - Pierce Me, The Slow Kill in the Cold.