Ulver - Blood Inside - 6/6 - par Stryg
Groupe : Ulver
Album : Blood Inside
Genre : Electro Avant-Gardiste
Année : 2005
Label : Jester Records
Pays : Norvège
Durée : 46 minutes
Tracklist :
1 - Dressed In Black
2 - For The Love Of God
3 - Christmas
4 - Blinded By Blood
5 - It Is Not Sound
6 - The Truth
7 - In The Red
8 - Your Call
9 - Operator
Dernier album en date des norvégiens, "Blood Inside" respecte toujours sa tradition qui est de proposer à chaque album un nouveau visage du loup nordique, une nouvelle aura, et de manière inhérente, une nouvelle musique, pour ne pas dire, un nouveau genre très personnel... Déjà, Ulver avait osé un pari très risque mais néanmoins vraiment réussi en passant du raw black de "Nattens Madrigal" à l'electro folk metal, très travaillé de "Themes From Willian Blake's"... Depuis, le groupe surprend sans cesse, du très jazzy et electro "Perdition City" à l'ambiant minimaliste teinté de trip hop comme pour "Lyckantropen Themes"... A chaque fois, le trio réussit à nous immerger en de nouvelles contrées, sombres, feutrées, tantôt calmes tantôt source d'angoisse...
"Blood Inside" serait donc le premier pan qui caractériserait le nouveau Ulver ; Là où "Perdition City" excellait en ambiances feutrées, plutôt jazzy, à l'instrumentalisation sobre mais néanmoins expressive émotionnellement, aux tons tristes mais paradoxalement presque chaleureux, "Blood Inside" semble être son inverse dans le sens où, bien que s'agissant toujours d'electro, celui-ci se veut bien plus mécanique, virulent, psychotique... Le grand talent, et je préfère parler de don, d'Ulver est de savoir passer d'un extrême sonore à l'autre en gardant sa quintessence émotionnelle, à savoir la béatitude pure et simple, la sensation de toucher du bout des doigts la porte menant à la cité des étoiles, la ville de la contemplation astrale...
L'approche de cette porte astrale se fait non sans peur et angoisse, comme en témoigne "Dressed In Black", piste au rythme lent, mais au feeling néanmoins particulier, très proche de l'angoisse, de la peur ressentie par un nouveau né en appercevant le Nouveau Monde... ambiances électroniques et froides, rythmes saccadés, vocaux superbes, clairs, mais fous, proche de la transe d'un damné... Telles sont les ambiances épileptiques des trois premières pistes, dessinant peu à peu la matrice entre la terre et les cieux, entre l'Homme et le Divin... Nous ne savons que faire, à part regarder par l'ouverture timide de cette porte...
Les yeux s'habituent, en passant des ténèbres infinies du chaos à la lumière divine, une ambiance feutrée et contemplative, toute de sonorités électroniques, lorsque enfin "Christmas" se termine dans des louanges synthétiques, s'ouvrant sur la pièce d'exception et de pureté musicale qu'est "Blinded By Blood", oeuvre unique à elle seule, presque un cantique désespéré de ce que peut être la contemplation béate d'un monde nouveau, irréaliste et parfait, sombre, mystérieux, mais envoûtant...
Les yeux deviennent clairs, mais surtout en communication directe avec le Très Haut, terminal d'accès direct et émotionnel entre l'Homme et le Divin lors d'un "It Is Not Sound", aux sonorité bien plus jazz, blues, voire même pop, s'achevant justement sur une reprise electro jazz de la toccata de Bach... Etrange... Bach était justement cité comme étant l'artiste à ouvrir une porte éternelle entre l'Homme et Dieu... Le voyage continue ainsi, angoisse intérieure ressentie lors d'un voyage en lévitation au dessus de paysages d'une sérénité bluffante, paysages insolites, pour ne pas dire absurdes...
Dans ma chronique de l'album partagé entre SunnO))) et Boris, j'avais dit que les plus beaux disques étaient des voyages... Celui-ci en fait partie, mais le voyage ne se contente plus d'être seulement terrestre, émotionnel... Il s'annonce aussi être divin, mystique, être la clé des cieux les plus élevés de la création... Un album parfait, à la musique fantomatique, étrange, sans pareille, unique, qui m'a donné la chair de poule comme aucun autre...
La perfection à l'état pur...
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