Xasthur - To Violate The Oblivious - 6/6 - par C.
Groupe : Xasthur
Album : To Violate The Oblivious
Genre : Suicidal Black Metal
Année : 2004
Label : Total Holocaust Records
Pays : USA
Durée : 54 minutes
Tracklist :
1 - Intro
2 - Xastur Within
3 - Dreams Blacker Than Death
4 - Screaming At Forgotten Fears
5 - Consumed By A Dark Paranoia
6 - Marked By Shadows
7 - Apparitional Void Of Failure
8 - A Gate Through Bloodstained Mirrors
9 - Walker Of Dissonant Worlds
Comme toujours, l?esprit créatif et torturé de Scott Conner (Malefic) nous livre un nouvel opus toujours plus désespéré, lent et suicidaire? Le black métal tire parfois vers le doom. Chaque titre est emplit d?une misanthropie poussée au paroxysme et les neuf pistes s?enchaînent à merveille.
L?introduction est sublime, un chef d??uvre de noirceur, d?obscure et de mal-être. Sur une durée de 2minutes, des nappes profondes de clavier développent une ambiance très sombre, très noire. L?atmosphère créée est dérangeante, fait appel au côté sombre de l?auditeur. La réussite de cette intro suggère une rêverie, une transe très mélancolique de pensées obscures et de regrets douloureux.
On débouche alors subitement sûr un hymne au désespoir qui nous tire vivement de la torpeur de l?introduction. Avec un son plutôt UG et profond, un mur de guitares puissant et maladif s?étend sur un rythme apathique. Le morceau reste le même durant les 6minutes et ses riffs nous plongent dans un sombre désespoir. La mélodie est on ne peut plus éperdue, sinistre, nourrie par la froideur des guitares et les hurlements rauques et profonds de Malefic. L?atmosphère est oppressante et lugubre. On appréciera enfin les variations de rythmes qui ajoutent à l?aspect dramatique de ce titre.
Le titre suivant débute sur un rythme lent à la batterie qui nous enfonce directement dans une mélodie toujours aussi maladive, quoi que moins dure que la précédente. En effet, les riffs dérangeants sont atténués par une nappe de clavier, douce mais sombre à la fois. Le titre se fait ici plus atmosphérique, suscitant l?évasion, la contemplation, les 5minutes du morceau étant en outre bâties sur la même structure. Les vocaux de Malefic deviennent plus grinçants et plus discrets, ajoutant au maléfice de la composition.
Il en va de même pour « Screaming at Forgotten Fears », véritable perle de tourments et de détresse. Le rythme y est toujours aussi accablant et glauque, la mélodie est lourde de peines et de haine sombre. Au bout de la deuxième minute l?ambiance change pour un air plus navrant, plus triste où Malefic crie son mal-être d?une voix féroce. Le riff désespéré du départ est alors reprit? lamentations, lamentations, lamentations? une perfection tragique de nostalgie?
La piste qui suit, plus courte, est instrumentale, dépourvue de batterie. Les guitares délivrent une mélodie lente et toujours aussi sombre. On sent la rage et la douleur émerger des riffs, comme si les éléments se retournaient contre nous, l?incompréhension et la ranc?ur nous envahissant? Les riffs se répètent mais distillent une mélodie de haine très noire et très renfermée. Le titre du morceau est parfaitement représentatif de celui-ci.
« Marked by Shadows », dans la continuité de ?Consumed by a Dark Paranoïa? se présente comme une longue plainte misanthrope, accentuée par les terrifiants éclats de voix de Malefic. Des nappes de claviers lugubres accompagnent des riffs inquiétants et horrifiques, avec une batterie plus rapide mais toujours aussi apocalyptique. Au bout de quatre minutes, on se retrouve seul fasse à des guitares très sombres et un clavier horrifique. La mélodie répandue est toujours très noire, obscure, glauque et maléfique? tel une morne pensée assombrissant nos âmes?
Le titre suivant se fait moins inquiétant et oppressant, beaucoup plus plat et nostalgique. Les riffs sont plus lourds et le tempo très lent, les vocaux sont assez présents, plus traînants et plus caverneux que jamais. On peut également discerner un (chant ?) clair, plainte lugubre étouffée et douloureuse. Le titre est plus linéaire dans son ensemble mais morose et accablant à souhaits?
« A Gate Through Bloodstained Mirrors » est une oeuvre de 12minutes, mêlant atmosphère dérangeante et mélodie sombre et malsaine. Le titre est très homogène et 12minutes est une durée sûrement trop importante? Néanmoins, l?ambiance créée est assez sinistre, les murs de guitare sont grisonnants et lourds et la batterie tape sur un rythme lent tout en accélérant sa grosse caisse. L?ambiance créée est lancinante et les vocaux torturés et puissants. On ressent parfois des variations de rythme qui laissent place à des riffs plus oppressants et dérangeants. L?ensemble se montre moins angoissant mais plus écrasant et profond que les premiers titres de l?album.
La dernière piste possède un son plus net, uniquement joué par les guitares et la basse. Il s?agit d?une véritable balade, plus douce mais triste et mélancolique à la fois. Les arpèges sont dépressifs, nostalgique et entraînants? On se laisse alors aller aux souvenirs et à la fatalité de l?existence? Cette piste conclut l?album avec lucidité. Un excellent choix de la part de Xasthur.
Cet opus repousse une fois de plus les limites du black métal dépressif, hissant le suicidaire et le désespoir musical à leur apogée. C?est tellement accablant que l?on pense très souvent à des influences doom, mais le black est bien présent, avec ses vocaux inhumains, torturés et lointains, le son crade et les riffs sales de guitare. Une perle rare, une heure de plaisir malsain et mutilé? une pièce maîtresse, de loin le meilleur album de black suicidaire de tous les temps.
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