Vinterriket - Winterschatten

Vinterriket - Winterschatten - 5.5/6 - par C.
Vinterriket  -  Winterschatten
Groupe : Vinterriket
Album : Winterschatten
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Remarques :
Note : 5.5/6
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Groupe : Vinterriket
Album : Winterschatten
Genre : Atmospheric Black Metal / Dark Ambiant
Année : 2003
Label : Desolate Landscapes/ Ketzer Records
Pays : Allemagne
Durée : 45 minutes


Tracklist :

1 - Schneesturm / Einbruch Der Weissen Dunkelheit
2 - Winterschatten
3 - Eisige Feuer
4 - ...Endlos Und Karg...
5 - Verschneite Wälder
6 - Das Ewige Eis



Winterschatten, septième véritable album de Vinterriket, est un véritable voyage, une aventure au c?ur des nations d?hiver. Cet opus se divise en trois parties (trois disques) et présente des titres de durées assez homogènes (7 à 8 minutes), black atmosphérique pour les trois premiers et ambiant pur pour les trois derniers. Le one-man-band manie avec une habileté constante les nappes de claviers, les mélodies glaçantes avec des riffs sursaturés, la boîte à rythme et des vocaux hurlants tout en cédant la prédominance aux claviers. Une des pièces les plus importante de l?année 2002 pour l?ambiant, période même de consécration pour Vinterriket.

Le premier titre au nom très poétique s?introduit d?un son de vent pluvieux et lointains. Au bout d?une minute trente apparaît une première nappe de clavier au son mystérieux, profond, tel un voile de brume ombrageux laissant paraître d?épiques paysages. Après deux minutes de rêveries, des guitares très saturées et une batterie travaillée portent la mélodie en y ajoutant puissance et tourmente. Des vocaux, lointains et violents suivent l?ensemble musical, tel un appel mêlé à la tornade. Les claviers évoluent parfois vers des sonorités plus angoissantes ou nobles, alternant les passages en singulier ou avec les instruments. 4minutes 20, le morceau ambiant du début du titre refait surface, poignant et évasif, rythmé d'une étrange pulsation. Une minute plus tard, l?ensemble instrumental reprend l?initiative avec majesté et froideur. Le morceau ambiant finalise la piste avec beauté, peuplé de murmures étranges.

Le titre éponyme débute sur un clavier rapide et organique, soutenu par des percussions variées. L?air est anxieux, dramatique. Puis apparaît un second clavier, magique, angoissé, sublime, toujours seul avec la batterie pour se résoudre sur des riffs grésillants, des notes inquiètes et des hurlements asphyxiés. Puis ce même clavier reparaît, cette fois accompagné des guitares, soulevant avec fureur le profond tourment de la mélodie. Les vocaux sont semblables, brûlants et distancés. A la cinquième minute, la mélodie poursuit le morceau, doublé de percussions claires et de samples divers sonnant très électronique. Les cordes disparaissent et des sonorités futuristes, presque cosmiques, finalisent le morceau.

« Eisige Feuer », piste dépourvu des vocaux de Christoph Ziegler, est engagé par une batterie farouche, entraînante, portant un clavier curieux et énigmatique, presque décousu. La musique est dénudée de riffs et de voix, pinçant, tirant, laissant l?auditeur coi et perdu. Après 3minutes30, le rythme ralentit et se minimalise. Les claviers distillent alors des nappes évasives et célestes, nous entraînant dans le froid sidéral. Un piano cristallin et une batterie feutrée et solennelle poursuivent le morceau. La mélodie développée se fait plus fuyante encore, simple et envoûtante, avec une bribe de mélancolie. Le clavier achève le morceau, emplissant l?atmosphère d?ambiances élégantes, majestueuses, profondes, appelant les transes mystiques et spirituelles de l?homme, le laissant seul face à l?immensité quasi-astrale des sombres et poétiques contrées hivernales.

« ?endlos und karg? », littéralement « infini et austère » est un titre purement ambiant, sûrement le plus beau et profond morceau de l?opus. Un clavier simple et nocturne brode des ambiances on ne peut plus sombres, transcendentalistes, ténébreuses et parfois obscures. Les auras noires nous emprisonnent dans les basses sphères de la solitude, du désespoir et de l?isolement. A la troisième minute paraît une mélodie lente et pénible qui n?est pas sans rappeler l?ésotérique « Daudi Baldrs ». Sur les deux dernières minutes, un arpège surplombe les épaisses nappes de clavier et rend le morceau plus triste et peiné. Les couches mélodiques dramatisent la fin du titre en éveillant mal-être et sensibilité chez l?auditeur. Un titre atmosphérique d?une rare splendeur, nous transportant au seuil des colosses de neige et de déchirement.

« Verschneite Velder », seconde piste du trio ambiant de l?album, est digne successeur du titre précédent. La première minute est plus sombre encore, titanesque, grande, évoquant une nature sinistre et brumeuse. Un sample scintillant et lointain s?incère dans la ténébreuse nappe de clavier en dotant la mélodie de mystères froids, lugubres et aériens. A la troisième minute les claviers deviennent écrasants, impressionnants, vibrants de sinistres puissances et de majesté. La mélodie prend alors un aspect inquiétant, toujours plus planant, nous entraînant telle une poussière dans les vents glaçants. La répétition du sample insaisissable reprend le morceau et la piste est finalisée par une dernière partie ambiante très sombre, presque lugubre, débordant de noblesse et de peur, sonorité d?un monde obscure et épuré de tout signe de vie.

« Das ewige Eis », ou « glace éternelle », parachève l?opus sous le signe de l?ambiant sombre et hivernal. Tout au long du morceau bat une pulsation sourde, grave et assez lente. Les accords sont beaucoup moins sombres, plus évasif et reposants. Un arpège pianistique accompagne le morceau, frappant le vent d?une aile lourde et puissante bien au-delà de nos misérables terres. L?air est calme, flottant, incertain, vague, exerçant sur l?auditeur une fascination, une hypnose, une recomposition du réel. Le clavier suggère d?étranges voix extérieures provenant de contrées lointaines où le genre humain est incliné. L?ensemble est assez simple, imagé, et achève cet opus avec poésie, envoûtement, et pureté. La mélodie s?évanouit peu à peu a l?instar de l?auditeur dans l?immensité glaçiale?

« Winterrschatten » est un opus d?une profonde beauté et d?un réel intérêt, à la fois pour les éléments du black atmosphérique lent mais surtout pour les somptueux claviers cristallins, sublimant des émotions très rares, poétiques et impénétrables. On regrette parfois des mélodies décousues et un ensemble instrumental trop inégal et parfois miteux, mais Vinterriket sais conserver son talent, déployant les mirages de glace et la froideur des régions enneigées. Une pièce intéressante du one-man-band le plus considérable et symbolique de la scène black métal ambiante. A se procurer, cette ?uvre mérite une écoute profonde et attentive car Vinterriket distille bien plus que de simples sonorités.


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