Shining - IV

Shining - IV - 6/6 - par C.
Shining  -  IV
Groupe : Shining
Album : IV
Genre :
Année : 0000
Label :
Pays :
Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 6/6
FacebookTwitterGoogle+Email


Groupe : Shining
Album : IV - The Eerie Cold
Genre : Depressive Black Metal
Année : 2004
Label : Avantgarde Music
Pays : Suède
Durée : 43 minutes


Tracklist :

1 - I Och Med Insikt Skall Du Förgå
2 - Vemodets Arkitektur
3 - Någonting Är Jävligt Fel
4 - Eradication Of The Condition
5 - The Eerie Cold (Samvetskvalens Ridå Öppnades)
6 - The Claws Of Perdition



The Eerie Cold, dernier opus des suédois de Shining s?annonce comme un réel chef-d??uvre, une source intarissable de mal-être, de mysticisme et de souffrances, inspiré très légèrement de blues et de heavy. L?album est ici une réelle unité, fondée sur une guitare présente et haineuse, une batterie époustouflante de finesse (Hellhammer oblige), une basse mélodique et lourde ainsi que des vocaux écorchés vifs. La dépression et la noirceur régissent l??uvre. On note également une superbe pochette.

« I Och Med Insikt Skall Du Frög », sûrement le meilleur titre de l?album. Niklas développe un discours de 2min30, une sorte d?exutoire contre Eminem et Manson mené d?une voix expressive et ardente de sentiments féroces.

On transite agréablement sur un solo aux influences blues, très réussit, sombre et mystérieux. La guitare est talentueuse, la basse malsaine et le jeu de percussion souple et léger, mais néanmoins travaillé. On est tout de suite agréablement surpris par la production, très propre et nette. Au bout de 3min50, le ton change et les distorsions rugissent d?un air mauvais et haineux. Le titre se poursuit ainsi, portant des vocaux décharnés et déchirants. Le jeu de batterie varie beaucoup, mais reste simple (pas d?utilisations exhaustives de la double pédale par exemple) et très technique. L?ensemble est vraiment sombre, noir, glauque, la musique déborde d?exécration et de répulsion. A partir de huit minutes, le morceau se calme peu à peu et, après un dernier rugissement d?agonie, il laisse place à une mélodie superbe jouée à la guitare sèche et au piano, inspirée de souffrances et de nostalgie.

Le début de la seconde piste est impressionnant : la double pédale arrive à une rapidité fulgurante, sûrement un record de célérité? mais non, Hellhammer n?est pas encore atteint de Parkinson, et c?est sur un riff noir et dépressif que ce poursuit le titre, bâtissant des airs empreints de douleur, de haine bouillonnante et de désespoir. Les vocaux sont toujours écorchés et maladifs. Au bout de quatre minutes, le morceau devient atmosphérique : un arpége triste mais entraînant nappé d?un clavier cosmique et futuriste, puis les riffs lancinants et dépressif du début reprennent le morceau, lâchés par la sempiternelle double pédale, Niklas hurlant de plus belle. Un solo de batterie, impressionnant de technicité, d?ingéniosité et de rapidité conclut le morceau avec fermeté et efficacité. Les mêmes claviers cosmiques achèvent le titre?

La troisième piste débute sur un mid-tempo triste, douloureux et morose, puis des riffs gras et soudains envahissent l?oreille d?un ton sombre, violent, toujours aussi haineux. La basse entame alors une mélodie lourde de noirceur et de mal-être, tandis que les guitares rugissent à toute volée. Une ambiance froide et douloureuse se poursuit ainsi jusqu?à une variation de riffs assez vertigineuse, mêlant chromatismes et violentes variations de rythme, tandis que Niklas tousse de douleur. La batterie fait à nouveau preuve d?une efficacité hors du commun. Un vrai régal. La basse se retrouve alors à nouveau seule et joue un air assez froid et tortueux, très propre à Shining, pendant qu?une femme parle d?une voix méprisante. On part ensuite sur un solo de guitare hautain, mauvais, voir fêlé et le morceau achève sur de pénétrants larsens.

« Eradication of the condition » débute à tempo assez rapide sur un riff grave et apocalyptique, où l?atmosphère associe la violence et la noirceur à un obscure mal-être. Au bout d?1min40, une sombre mélodie haineuse et douloureuse joué par la guitare seule prend place puis de gros riffs entraînent la mélodie. Les vocaux varient beaucoup, de la plainte grisonnante aux accès de folie, mais reste imbibés de haine sombre, d?agressivité, même de folie. A la quatrième minute, Hellhammer nous prouve une nouvelle fois, en solo, qu?il a la maîtrise totale de ses fûts, puis apparaît un arpège plaintif, triste et poignant. Enfin arrivent des riffs puissants et maladifs, ainsi que des vocaux horribles et coléreux. Ce même air de cataclysme achève le morceau avec énergie, marquant sa chaire dans une douleur noire et brûlante, un mal-être propre à Shining qui sait se reconnaître et s?affirmer, délectant les auditeurs...

Le titre éponyme suivant est purement doomy, lent et dépressif. On débute sur un rythme d?une lenteur extrême, où une basse lourde et profonde porte une guitare traînante et triste à souhaits. Une ambiance sombre et pesante est ainsi créée, où le désespoir et la souffrance interne sont de mise. La batterie joue beaucoup du charleston et structure la mélodie tout en la rythmant très légèrement. Au bout de quatre minutes, apparaît une voix tremblante et chagrinée, parlant avec angoisse du déroulement de la vie et de la peur de mourir?une perle de lyrisme et de désespoir? Le titre s?achève sur un solo de basse assez technique et doux, talentueux et agréable. Un vrai plaisir pour les bassistes !

Les premiers riffs et les vocaux du dernier morceau sont agressifs et menaçants, mais restent cependant dans la souffrance et la dépression. A partir d?1min30, le titre change : la guitare entame une mélodie calme, rêveuse, innocente et pleine de tristesse. Niklas enchaîne sur des vocaux tiraillés et inhumains pour laisser les distos se déployer en un solo déganté et désespéré, qui sonne un peu heavy. Niklas finit par cracher de douleur, étouffant de sa haine. La dernière minute du morceau est assez spéciale, envoûtante et heureuse (!), en paradoxe avec les paroles connues (d?un grand auteur ?) très pessimistes « ? I want my pain to be inflected on others? ». L?album est clos sous le signe du mal, de façon étrange mais saisissante et mordante? très mystérieux?

Une nouvelle perle de la part de Shining, la production est excellente, les mélodies sont très riches, toujours plus sombres et maladives? Hellhammer tient une rythmique parfaite, légère et brillante et les vocaux de Niklas sont toujours aussi horribles? le mal-être propre à Shining se répand dans tout l?enregistrement, de manière sombre et variée. Un album dont ont ne ressort pas indemne? un indispensable, du très grand black dépressif.


Commentaires