Groupe : Paysage d'Hiver
Album : Winterkaelte
Genre : Atmospheric/Ambiant Black Metal
Année : 2002
Label : Kunsthall Productions
Pays : Suisse
Durée : 90 minutes
Tracklist :
1 - Ich Schreite
2 - Ich Starre
3 - Einsamkeit
4 - Winter
5 - Eintritt
6 - Finsternis
Un an après la réussite que fut "Kristall & Isa", Wintherr achève une nouvelle démo, bien plus longue (plus d'une heure et demi de musique!) et prometteuse que les derniers opus. En effet; nous avons droit à un véritable concentré du talent de Paysage D'hiver : du black atmosphérique épique et singulier se marie à des samples et autres acoustiques émouvant et accrocheurs. L'ambiant est ici légèrement mis de côté et la production reste assez sale mais se situe un cran au dessus de celle des précédentes productions. Winterkaelte, ou "L'hiver le plus froid" est divisée en deux parties, et l'artwork est selon moi le moins captivant de PdH mais reste évocateur de l'errance glaciale et solitaire qu'image la musique de Wintherr.
"Je marche", premier titre de Winterkaelte. L'auditeur est soudainement plongé dans un climat enneigé et perdu, porté par le premier sample de marche dans la neige craquelante et de blizzard hurlant. Après une minute, un riff se répand dans l'atmosphère, précédé d'un break de batterie. Commence alors un black métal violent et rapide, Wintherr développant des vocaux plutôt présents et saturés, pouvant être comparés à ceux de Zielger mais en bien moins criards. L'ensemble est assez monocorde, au sonorités hostiles et misanthropes avec un pointe d'épique. Le clavier vient peu à peu s'installer, apportant enfin cette touche évasive et envoûtante tant attendue, nous transportant littéralement dans des contrés froides, obscures et désertes. Des chants clair (utilisé également sur le titre "Schnee" dans le split avec Vinterriket) font apparition, grandiose et particulier, laissant ensuite place à des notes acoustiques, perçant à travers la tourmente musicale et ne manquant pas de renforcer la facette émotive et prenante de la musique. Les cinq dernières minutes du morceau laissent les instruments s'effacer, à l'exception de la guitare sèche distillant des arpèges et autres accord sublimes, captivant et nobles, calmes et agréables à écouter, avec en fond sonore quelques paroles soufflées de Wintherr et cette perpétuelle escapade dans les immensité blanches et immaculées, jouant un rôle de transition entre les titres.
Le second morceau débute alors, "Je m'arrête", toujours aussi black métal mais bien plus lent que la piste précédente. La boîte à rythme, au son mat et distant supporte la soufflerie des distorsions lancées à tempo lourd. Régulières et proscrivant le clavier, les riffs présentent des sonorités dignes, grandioses et nobles, avec néanmoins et tourment discernable à travers les accords, évoquant un voyage lent et pénible à travers des forêts mortes et transies par la glace. Le clavier se fond alors dans les instruments, simple et limpide, il reprend les riffs sous forme de nappes transcendantes et hypnotiques, renforcant cet esprit fatigué, abattu et rude donné à la musique, dont l'aspect lourd et atténué par le clavier léger et puissant. Les vocaux reste identiques au premier morceau, hargneux, misanthropes et hostiles, il sont presque hurlés mais tout aussi pesants que les sonorités du morceau, se plaçant tout de même à l'écart des autres instruments. La production est appréciable par rapport à certaines démos, mais les sonorités de PdH sont tellement accrocheuses que la qualité sonore reste un attrait négligeable. L'ambiance est cosmique et rêveuse, aboutissant encore sur cette marche étrange dans les entendues de glace.
On transite agréablement sur le troisième titre, "Solitude", intitulé qui n'est pas sans rappeler le mythique morceau de Vinterriket. En effet, nous avons ici droit au seul titre ambiant de la démo, très singulier encore une fois. On remarque que Wintherr sait jouer de l'alternance ambiante et black métal afin de ne pas lasser l'auditeur et de réussir des opus variés, riches et captivant. On ne peut se lasser devant une telle musique, et encore moins la concevoir comme monotone et uniforme. Le titre se décline donc en deux parties. Tout d'abord, un clavier imitant des coeurs très vastes et nombreux prend place dans l'atmosphère, représentant à merveille le ressentiment d'un voyageur solitaire, abandonné et immobile, en contemplation devant les panoramas enneigés s'étalant à perte de vue à travers la brume de glace et de vent. Un coeur féminin apporte une touche de beauté grandiose et sensible à l'ambiance, très noble et et prenante, fluide et épuré bien que le son soit constamment peuplé des samples de marche et de blizzard. Dommage que cette ambiance soit si courte car elle s'évanouit au bout de quelques minutes pour laisser place à la seconde partie du titre : le suivit du promeneur poursuivant son errance sans fin dans la tourmente givrante, très réaliste avec les bruits de matériel et le vent imité à la perfection.
Vient alors la seconde part de l'album, introduit par le quatrième titre, où l'entrée dans une nouvelle sphère particulière à PdH. "Hiver", appellation on ne peut plus banale, débute sur les habituels samples de marche dans la montagne enneigée pour aboutir sur une sonorité encore jamais utilisée par Wintherr : des sons de flûtes occupent les premières minutes du morceau. Les mélodies distillées sont douces, on ne peut plus rondes et fluides, harmonieuses et chaleureuses, elle envoûtent agréablement l'auditeur et enrichissent à nouveau l'incroyable diversité de la musique de PdH. Après cinq minutes de rêverie, le black atmosphérique hargneux et lointain de Paysage d'Hiver reprend place, toujours aussi froid et misanthrope, d'une violence certaine et remarquable. La BAR est régulière et lointaine, les riffs très sales et froissés et la voix toujours aussi grésillante et saturée, bien que les nappes de clavier hypnotiques surplombent le tout. Mais la tourmente musicale distante et profonde de dure pas longtemps. En effet, celle-ci se voit entrecoupée de nouveaux passages joués à la flûte, cette fois-ci accompagnée de sample divers plus sombres et caverneux, à l'instar de l'ensemble de la qualité sonore. Le morceau se conclut en apothéose avec les fameuses et merveilleuses flûtes se mariant avec le black métal, mêlant la subtilité d'un ambiant délicat et limpide à l'hostilité froide, hargneuse et hostile du métal de PdH... Très original, quelle beauté...
Le cinquième titre, entièrement black métal, reste pour moi le plus réussit de la démo, peut-être un travail des plus impressionnant et aboutit de Wintherr. On débute sur un black métal des plus classique et propre à Paysage D'hiver, de faible qualité sonore, violent et farouche, au riffs nobles et posés. Puis une tierce guitare saturée vient s'ajouter à la musique, jouant un air vraiment accrocheur, rapide et violent. Les notes sonnent ici très black métal, froides, impulsives et haineuses... un des plus beaux riff de PdH... vraiment captivant et touchant. On sent que chaque minute la démo a été travaillée, expérimentée et peaufinée, même si la qualité sonore est moindre mais ajoutant paradoxalement à l'excellence de la musique. Le titre est entrecoupé d'un mid-tempo, tourmenté et mélancolique, avec ce clavier indispensable à la touche rêveuse, cosmique et captivante de la musique. Les guitares changent vers la fin du morceaux, se faisant plus inquiètes, violentes et nerveuses, toujours parfaites représentantes de la misanthropie des compositions. Le son des guitares est très froissé et saturé, lancées à tempo rapide et agressif, presque assommant. Les riffs sont cependant bien plus claires que dans certains morceaux et restent teintés d'une certaine haine angoissée.
La perpétuelle marche dans les monts glacés introduit le morceau, cette fois-ci doublé d'un clavier cristallin, singulier et très léger, nous acheminant dans les "Ténèbres", aboutissement de la démo. Nous avons droit à dix minutes de black métal atmosphérique, classique à PdH, sans mélodie distincte, peut-être un peu monocorde mais tellement évasives... Les vocaux se déclinent en sorte de grognements féroces, étranglés et agressifs, parfois hurlés, plutôt dérangeants et inconnus mais restant un élément musical mis en retrait, tandis que la BAR, matte et lointaine, martèle avec puissance. Peu après, les distorsions s'évanouissent et laissent place à de nouvelles guitares acoustiques, jouant des airs émouvant et magiques à l'instar du premier titre, comme une sorte de recueillement, calme et serein, et d'une beauté certaine. Le black métal reprend ensuite de nouveau pour s'achever sur une dernière partie ambiante. En effet, des nappes de claviers viennent achever l'heure et demie de musique (quoi que conclusion trop courte à mon goût), très fluides et légères, planant dans une dimension astrale captivante et perpétuant notre ascension vers les immensités glaçantes et inexplorées de Paysage d'Hiver...
Les titres, très simplistes et évocateurs, suivent le déroulement de la démo, une marche profonde et solitaire dans les paysages enneigés, la solitude de la contemplation hivernale, le voyageur solitaire et immobile à l'écoute des blizzards hurlant, l'entrée dans de nouveaux mondes transcendants et la chute dans les ténèbres de glace... Tout est très travaillé, presque progressif, et l'alternance, la richesse des compositions hypnotisent littéralement l'auditeur durant une heure et demi que l'on ne voit pas passer. PdH reste une musique très hostile, intime et singulière, qui mérite des écoutes attentives et répétées, imbibant véritablement l'auditeur qu'elle laisse rêveur et captivé. Une des meilleurs démo de Paysage d'Hiver, émouvante et très complète.