Paysage d'Hiver - Nacht

Paysage d'Hiver - Nacht - 5.5/6 - par C.
Paysage d'Hiver  -  Nacht
Groupe : Paysage d'Hiver
Album : Nacht
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Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Groupe : Paysage d'Hiver
Album : Nacht
Genre : Atmospheric/Ambiant Black Metal
Année : 2005
Label : Kunsthall Productions
Pays : Suisse
Durée : 70 minutes



Tracklist :

1 - Nacht I
2 - Nacht II



Sortie en début 2005, « Nacht » est la dernière démo en date de Paysage d?Hiver. Nous avons donc droit à deux nouvelles demi-heures continuelles de musique travaillées, l?une à dominante ambiante et l?autre plus black métal. On observe un très net changement dans la production sonore, bien plus propre, rigoureuse, et moins caverneuse que dans les autres opus, presque à l?antipode de « Kerker ». Mais l?esprit habituel et tellement accrocheur de PdH reste tout de même intime et présent, couvert cette fois-ci d?un artwork d?une nouvelle beauté, plus sombre et plus obscure, évoquant (bien sûr) le mysticisme de la nuit.

On démarre donc sur une très longue partie ambiante (17 minutes) plutôt nouvelle pour PdH, qui opère ici dans une certaine innovation des techniques atmosphériques (comparé aux autres démos). Le morceaux s?introduit de deux minutes de blizzard léger, tel la marque de fabrique de la musique de Wintherr, soufflant une aura déjà très envoûtante. Puis viennent les nappes de clavier, claires, fluides, mais pas pour autant épurées car le son reste loin de toute perfection : on discerne un certain souffle derrière les sonorités de contenance synthétiques et légères. Les accords sont donc très lents, sombres et puissants, s?étalant à perte d?ouïe dans l?immensité des images occultes et infinies distillées par notre imaginaire désormais sous l?emprise totale de la musique de « Nacht ». On pourrait penser à certaines sonorités de « Die Festung » mais les nappes sont moins complexes, plus régulières et sobres. De sombres paroles se dessinent alors dans la brume de l?atmosphère musicale. Wintherr parle d?une voix inhumaine, vicieuse et mesquine, évoquant des langages occultes utilisés par les trolls, sorciers et autres bestiaires fabuleux. Le climat garde donc une certaine inquiétude, embaumant peu à peu l?auditeur dans un nouvel univers plus sombre et nocturne, et surtout d?une effrayante beauté? fascinant et très réussit.
Le métal fait alors son entrée, typique de PdH mais en mieux produit. Le tempo est de célérité importante, portant des guitares saturées à souhaits et une voix sales et gémissante. Les riffs évoluent tout de même au sein de sonorités épiques, tourmentées et misanthropes. De part la production plus « clean » et la balance des instruments mieux réglée, on peut s?attendre à une musique similaire à Darkspace. C?est le cas, mais en moins dense, plus propre et personnelle, PdH restant une sorte de recueil, de rituel pour le personnage de Wintherr. Ce dernier varie son morceau avec un mid-tempo, assez martial et classique, hivernal et accablant. Le rythme est lourd et les vocaux de Wintherr, bien qu?intermittents et mis en retrait, rendent l?atmosphère toujours plus dérangeante et malsaine. Une touche de clavier vient apporter fascination et cosmicité à la lenteur du passage, lui ajoutant beauté et efficacité, ainsi qu?une certaine contenance. Le titre s?achève ainsi, les guitares traînantes s?évanouissant dans la tourmente du blizzard glacé. Une piste déjà accrocheuse malgré un changement de production brusque et radical, ayant des points forts certains mais une perte de personnalité et d?authenticité en contrepartie, restant très différente des morceaux antérieurs.

On débouche sur la seconde moitié de la démo, tout aussi sobrement intitulée « Nacht II » mais cette fois ci à dominante black métal, tendant vers le dépressif. A l?instar de la première partie, le morceau commence par deux minutes de tourmente sifflante puis les guitares, seules, font apparitions et s?étalent sur la largeur sonore durant douze minutes. On pourrait penser à un passage doom, très lent pour enfoncer peu à peu l?auditeur dans une ambiance macabre et douloureuse. D?ailleurs, on a ici très loin de toute sensation de répétition tant les mélodies sont prenantes et captivantes à l?écoute. En effet, les notes saturées nous emportent dans une sphère de dépression, de froid et de mélancolie. La beauté des arpèges rappelle la rudesse tourmentée de Xasthur et le vent qui souffle derrière cette tristesse rendent la musique d?une efficacité remarquable, très envoûtante et accablante, bien que la qualité sonore soit ici plus faible et distante.
Après un passage laissant le blizzard dominant, le titre repart avec une BAR assez rapide et brutale, aux riffs distants et peu discernables. L?ambiance est monocorde derrière le souffle puissant des distorsions mais garde tout de même une certaine nostalgie, une évocation épique et rêveuse de mondes glacés, tout en montrant une pointe de noirceur et de violence. On distingue les quelques performances vocales de Wintherr, mises en retrait mais malsaines et teigneuses à l?extrême. Par la suite, les riffs changent de ton et laisse une place importante au clavier. La musique se fait alors rêveuse et fascinante, puissante et hypnotisant l?auditeur dans des univers immense et obscur. Le morceau se poursuit alors en mid-tempo à BAR minimaliste, assez lancinant avec ses arpèges magiques, typiques de Paysage d?Hiver, privilégiant l?ambiance et l?envoûtement de l?auditeur par le biais de notes tragiques, moroses et tourmentées, aux sonorités très audibles. Le ressentiment est parfait, l?auditeur divague toujours plus loin et plus profondément. Quel brusque retour à la réalité lorsque la cassette touche à sa fin...

Pour cette dernière démo, Wintherr s?est consacré à une musique rigoureuse, plus aboutie, dépressive et torturée, tout en gardant sa misanthropie et sa singularité habituelle. La partie ambiante est magnifique, simple et inquiétante et le black métal personnel, violent et hostile, avec cette touche de nostalgie épique et douloureuse. Le son est de meilleur qualité, plus franc, clair, et moins confus mais restant compressé et minimaliste, laissant de côté cet aspect caverneux et personnel paradoxalement fascinant et enchanteur, propre à PdH. « Nacht » n?est peut-être pas le meilleur de PdH mais reste d?une excellence rare et se laisse écouter avec délices. On attend « Das Tor » avec impatience?


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