Paysage d'Hiver - Kerker

Paysage d'Hiver - Kerker - 5.5/6 - par C.
Paysage d'Hiver  -  Kerker
Groupe : Paysage d'Hiver
Album : Kerker
Genre :
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Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Groupe : Paysage d'Hiver
Album : Kerker
Genre : Atmospheric/Ambiant Black Metal
Année : 2000
Label : Kunsthall Productions
Pays : Suisse
Durée : 36 minutes


Tracklist :

1 - Tiefe
2 - Schritte
3 - Schatten
4 - Gang





C'est en 2000 que Paysage d'Hiver achève sa quatrième démo, cette fois-ci moins axée sur l'évasion et l'hiver mais plus inspirée des donjons et autres combats moyenâgeux. L'opus est assez court pour du PdH mais forme une piste continue, divisée toutefois en quatre parties. La qualité sonore est assez faible par rapport aux autres démos mais n'enlève rien à son interêt. Wintherr, fidèle à son art, alterne toujours habilement ambiant et métal atmosphérique bien que la musique soit plus martial et caverneux et l'ambiant plus avant-gardiste. Une pochette parfaitement représentative de l'inspiration de Wintherr : noirceur et châteaux.

"Tiefe", un sombre grondement d'avant-garde emplit l'atmosphère en s'amplifiant dans l'obscurité, accompagné de quelques murmures d'agonie lointaine, puis la guitare fait son entrée. Mélancolique et timide, étouffée par le fond sonore pompeux et obscur, elle va crescendo pour enfin se doubler d'une boîte à rythme assez présente et allègre. Le son est très mauvais, lourd et grave, caverneux au possible, ajoutant au caractère plutôt martial du morceau. Le clavier couvre les riffs, s'étalant en longues nappes sonores évasives et hypnotiques, accompagnant avec grandeur les instruments confus, et guerriers, aux riffs très peu audibles, sombres, épiques et hostiles, évoquant de primitives et violentes batailles . Le grondement sonore est omniprésent et sourd. Faisant trembler les murs tel le tonnerre, il amplifie les fréquences basses. Les vocaux, élément musical le plus mis en retrait ici, sont indistincts et se présentent sous formes de bruissement lointains, rauques et profonds. Le titre s'achève sur une guitare seule, tourmentée et nostalgique, presque lasse et désolée, achevant ce magnifique premier titre de dix minutes, témoin de la facette belliqueuse de Paysage d'Hiver.

Le second piste débute.. terrifiante.. où les mêmes riffs réguliers et uniformes domineront le morceau. Tranchants, saturés et bondissants, ils se doublent d'une BAR avec grosse caisse dominante, produisant une rythmique exacte et terrassante. Les guitares, très graves avec une basse apparemment impulsive, imagent une marche colossale et puissante dans l'étendue du morceaux, à la foi forte, sobre et infinie. L'ambiance se fait donc menaçante, ample et dévastatrice; unique, toujours avec cette qualité sonore sourde et médiocre, qui est encore une fois loin d'être un défaut. Les riffs sont bestiaux et impériaux, ils diminuent toutefois au fil du morceau et laissent prédominance à un nouveaux sample, très indus et futuriste, clair, étrange et léger, se dissipant dans l'atmosphère. Wintherr échappe quelques plaintes et autres grondement, encore peu audibles mais ajoutant à cette ambiance qui glace le sang. Les dernières minutes se déroulent sans instruments mais toujours avec ce pan sonore très avant-gardiste et frissonnant, avec quelques plaintes très éloignées et perdues dans l'immensité de la musique de Wintherr, dont ce titre singulier qui ressemble d'assez près aux ambiances de Darkspace.

"Schatten", où "ombrager" reflète parfaitement le climat du morceau. En effet, l'ambiant est de rigueur sur cette piste où plutôt l'atmosphère encore une fois d'avant-garde, voir dark ambiante. Le tapis sonore sourd et grave du premier morceaux s'étend, tel un grondement lent, plane et puissant venu des profondeurs. La voix (ou plutôt plaintes) de Wintherr est manifeste et s'étend sous forme de murmures et d'échos d'agonie et de hargne, assez déroutant, on peut penser aux ambiances glauques de certains Abruptum. Le fond sonore s'amplifie peu à peu, ayant s'aspect d'une mouvance sombre et très grave, rendant l'atmosphère de plus en plus étrange et inquiétante. Des samples divers sont utilisés et donnent un aspect singulier et caverneux au morceau, avec toutefois un léger blizzard finissant de nous figer d'angoisse mais aussi d'une fascination terrifiante, restant un des attraits principal des compositions de Paysage d'Hiver. Une nappe de clavier plus claire, lucide et hypnotique apparaît aux dernières minutes du morceaux, enrichissant ce dernier, toujours très fondu dans un bruit sourd et confus. La voix de Wintherr est claire mais toujours en agonie, mourante et expirante, sinistre et effrayante pour l'auditeur et préparant notre imagination à une dernière bataille et voyage dans l'obscurité menaçante de Paysage d'Hiver..

"Gang", le clavier ainsi que la voix de Wintherr s'amplifient jusqu'à devenir presque oppressante et durement supportable, puis le black métal atmosphérique de Wintherr reprend, très similaire au premier morceau de la démo. On peut cependant voir le black métal comme erroné dans cet opus, et considérer la musique comme du métal atmosphérique de très faible et lourde qualité sonore. On distingue tout de même quelques connotations martiales et ethniques, toutes aussi impressionnantes qu'apeurantes, mais avec cette touche originale et exceptionnelle de synthé donnant un dimension spatiale. Les instruments restent toutefois primitifs et la production minimaliste. On est plongé dans un univers étranger et très lointain, le pouvoir d'emprise de Paysage d'Hiver étant toujours aussi fort : l'auditeur est littéralement envoûté et ensorcelé par cette musique si singulière. La BAR est plus présente, sale et mate et les riff sont très graves, peu audibles, lassant la première place au claviers, eux-mêmes de basse qualité. L'ensemble sonne assez brouillon et se confond avec le mur sonore avant-gardiste, tandis que les plaintes de Wintherr s'amplifient. La démo s'achève ainsi sur une bataille sombre et dure, une atmosphère encore jamais véritablement expérimentée chez Paysage d'Hiver...

Une démo qui, je pense, se décline des autres pièces de Paysage d'Hiver car arborant des influences différentes, plus épiques voir vikings, et également extrêmement avant-gardistes. Le métal est froid et caverneux et l'ambiant profond et primitif. Mais il n'est pas question ici de noblesse ou d'honneur, tout est très sombre voir noir dans "Kerker", aux ambiances brutes et angoissantes, effet assuré en grande partie par la qualité sonore, grave et confuse, noyant les instruments mais ne faisant pas de réel défaut à la qualité des compositions, toujours envoûtantes et prenantes, nous prêtant à de divers voyages dans des contrées hostiles, froides et épiques. Une excellente sortie de PdH selon moi, spéciale mais en mieux.


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