Peste Noire - Phalènes et Pestilence, Salvatrice Averse - 6/6 - par C.
Groupe : Peste Noire
Album : Phalènes et Pestilence - Salvatrice Averse
Genre : Sick Black Metal
Année : 2003
Label : Autoproduction
Pays : France
Durée : 16 minutes
Remarques : Tape limitée à 100 ex.
Tracklist :
1 - Untitled (Intro)
2 - Untitled
3 - Untitled (Outro)
Peste Noire, formation de black métal française née au début du siècle, s'est déjà fait ne réputation intéressante et remarquée dans le milieu underground. En effet, la musique de Famine se distingue de nombreux autres groupes grâce à ses paroles -en français- haineuses et ses compositions travaillées, son esprit intense et ses mélodies tourmentées, particulièrement prenants. "Phalènes et Pestilence" est la première sortie de Peste Noire, trois titres sobrement non intitulées, au son sale mais clair, les instruments étant très discernables, Peste Noire pouvant presque être considéré comme du black mélodique, voir technique pour certains passages, mais gardant tout de même une essence très noire et malsaine.
L'introduction débute sur du chant d'opéra masculin, calme et doux, accompagnée d'une guitare acoustique anodine et teintée de quiétude, se prêtant à quelques séries de notes rapides et reposantes, avec toutefois une bribe de mélancolie. Au bout d'une minute, la guitare change de ton et entame une phrase douloureuse, navré et accablante, accompagnée d'une percussion crue et lente, simple mais plongeant l'auditeur dans une sphère dramatique de haine et de tourments angoissés. La distorsion reprend ensuite la mélodie et va crescendo tandis que la voix serpentine de Famine fait son apparition, criarde, terrifiante, horrible, vomissant mépris et dégoût à travers des vocaux saturées, écorchés vifs et torturés à l'extrême. Le son caverneux, pouvant être comparé à celui de Seigneur Voland, est plutôt lointain et résonnant, ajoute à la violence morale et à la tonalité vile et franche de la musique de Peste Noire, ce nom en étant parfaitement représentatif.
On débouche sur le titre pilier de la démo, une longue piste de dix minutes, riche et variée. De nouveaux chants d'église, cette fois ci plus intense et inquiétants introduisent le morceau. Ce dernier démarre alors brutalement, avec une qualité de son toujours aussi crue, sans la moindre fioriture, point fort d'une musique martiale, bouillonnante, d'une haine incontrôlable. Le premier riff est rapide, agressif, à l'instar des vocaux, puis ralentit en laissant place à une guitare mélodique et parfaitement maîtrisée, dégageant un air plus piquant, implorant et désolé, imprégné de sombres émotions. La basse est très rapide, audible, carrée et régulière et la batterie, légèrement en retrait, met en avant ses fréquences les plus basses, produit l'effet attendu, Neige ayant sans nul doute acquis la médiéteté en matière de technique. Après quatre minutes, toujours fondé sur cette mélodie mélancolique, triste mais néanmoins très impulsive, le morceau fait entendre quelques solos d'une très rare qualité pour du black métal, alliant grande efficacité et technique, Famine restant un guitariste d'exception notamment grâce à l'utilisation de tapping. Les vocaux se calment un peu en restant très agressifs, dommage que les paroles, travaillées et abouties, soient très peu audibles. Dans sa dernière minute, le titre fait entendre un riff violent mais très froid, sombre et dépressif, rappelant par instant un Xasthur aux influences apparemment voisines, puis le morceau s'achève sur un riff très changeant, assez heavy et belliqueux, toujours avec ces bribes de solos très inspirées. Une somptueuse piste, travaillée et complète, bien que la structure soit trop inconstante et parfois confuse.
La dernière piste fait office d'outro, mais constitue pourtant un morceau réel et structuré. Une mélodie prenante et douloureuse fait son entrée, à la fois guerrière et émotive, emplit d'une affligeante nostalgie, aiguë et piquante. Après une minute, toujours à même tempo moyen, le guitares deviennent sombres à l'extrême, écumant de haine hargneuse et vomitive. Famine parle d'une voix maladive pour enchaîner sur des rires malsains, se changeant en plaintes effrayantes et hurlements dévastateurs aux échos maladifs. La section basse/batterie soutient, non sans une étonnante perfection, des guitares pénétrantes d'une certaine acuité. Les vocaux déchirés et le son poussiéreux. Le morceaux finit en apothéose, accompagné d'une sorte de sample très poignant, accrocheur et puissant, aux frontières de l'épique, puis avec un riff très noir, brut et désastreux, Famine crachant quelques dernières paroles...
Peste Noire opère donc dans un black métal avec la haine pour thème principal, la musique est violente, glauque, malsaine et perverse, salie de sombres dégoûts, et tragique de nostalgies et autres tristesses torturées. Famine parvient à allier le black métal et une touche très personnelle, vraiment variée dans les techniques musicales, faisant cet attrait impressionnant pour la musique de Peste Noire, unique et impulsive, restant très agressive et écorchée, aussi bien dans les vocaux qu'au sein des instruments. Vous l'avez comprit, "Phalènes et Pestilence" est d'une rare exception, assez courte mais reflétant déjà l'âme de grand talent d'un projet apparemment évaporé, mais cette démo n'étant qu'un avant-goût des opus qui suivront. Tout simplement indispensable.
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