Immortal - At The Heart of Winter

Immortal - At The Heart of Winter - 5.5/6 - par C.
Immortal  -  At The Heart of Winter
Groupe : Immortal
Album : At The Heart of Winter
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Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 5.5/6
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Groupe : Immortal
Album : At The Heart of Winter
Genre : Black Metal
Année : 1999
Label : Osmose Productions
Pays : Norvège
Durée : 46 minutes


Tracklist :

1 - Withstand the Fall of Time
2 - Solarfall
3 - Tragedies Blows at Horizon
4 - Where Dark and Light Don't Differ
5 - At The Heart of Winter
6 - Years of Silent Sorrow



"At the Heart of Winter", cinquième album d'Immortal, a marqué un véritable tournant dans les tendances musicales de ce groupe phare de la scène norvégienne, jusqu'alors neutre des nombreuses agitations des années 90, au sein du BM. Cet opus est un véritable paradoxe musical avec les précédents. En effet, nous avons affaire à des influences heavy et de véritables mélodies travaillées, à l'inverse des albums précédents. Mais "AtHoW" n'en témoigne pas moins de la brutalité de la musique du trio, prenante et sauvage, tout au long des six pistes homogènes et très abouties de l'album. A noter une production musicale excellente et un superbe artwork réalisé par un artiste français.

La première piste annonce la couleur, des riffs puissantes et tranchants, des breaks vivaces et des contrastes piquants, puis le morceau démarre, d'une célérité déconcertante. Les riffs sont entraînants et accrocheurs, alternant mélodies agressives avec d'autres presque enthousiastes. L'ensemble est carré, parfaitement produit, et la cellule rythmique apporte un certain "rebondit" à la musique. La voix d'Abbath, on ne peu plus black, est toujours très saccadée et monocorde. Au bout de trois minutes, l'air se fait plus dramatique, touchant et épique, puis surgit un break de batterie impressionnant se résolvant sur une rythmique rapide et martelant, portant des riffs tortueux et furibonds. Les percussions résonnent d'un son mat et délicieux, Horgh variant sa rythmique sans changer de tempo, se mariant avec des accords empreints de force et de fierté, évoquant de froides et respectueuses contrées.

"Solarfall", titre au nom révélateur, attaque sur un riff rapide et prenant, les cordes toujours guidées par une rythmique variée et spontanée. Abbath introduit peu à peu ses vocaux, nobles, posées, presque parlés, et Horgh nous déroute encore avec sa ligne de batterie, performante et efficace. Après deux minutes apparaît une arpège rapide et hypnotique, d'une qualité propre à Immortal, soutenue par une rythmique légère et régulière. les dernières minutes du morceau font place à des riffs plus nerveux et insistants, à l'instar des percussions. La voix reste très fière, presque majestueuse et entrecoupée, tout en restant grasse et gutturale, digne d'une réussite et d'une netteté constante de production. L?auditeur ressentira au fil des notes les sensations hivernales et vertigineuses que suggère la musique d'Immortal.

Pas de surprises avec "Tragedie Blows at Horizon", conservant une homogénéité notoire avec les deux premières pistes : un tempo plutôt rapide, des riffs nobles et une voix collant parfaitement au thème. En effet, il n'est pas question ici de musique noire ou malsaine : certes puissante et tranchante, cette dernière garde un aspect serein, un entrain manifeste et ce côté épique fascinant. Les riffs s'effaceront ensuite pour un nouvel arpège poignant, d'une célérité considérable, imageant d'immenses reliefs, glacés et hostiles. Puis les distorsions acérées reprennent le morceau à tempo moyennement rapide, toujours tortueux et bondissant, où les vocaux d'Abbath se font toutefois plus discrets. La piste se conclut de deux sublimes dernières minutes, la guitare, seule, reprend l'arpège central, altérée de quelques silences ajoutant à la force de l'emprise que les notes exercent sur l'auditeur, infiniment puissante et déroutante...

La quatrième piste démarre sur de nouveaux riffs incisifs, guerriers et vaillants. On apprécie le son parfait des guitares, où l'on perçoit même le glissement des doigts sur les cordes. L'ensemble du titre s'enchaîne sur un tempo constant, plutôt rapide. Après une minute trente, les vocaux se mêlent à la bataille et les riffs se font plus sombres et inquiétants. Abbath s'exprime de façon très grave et solennel et Horgh use beaucoup de sa ride, ce qui apporte plus de piquant à la rythmique. A la quatrième minute, intervient un solo de guitare glaçant et prenant, d'où un schéma musical très heavy. Dans les dernières minutes du titre, Abbath reprend le thème en lui donnant la dimension d'un univers sacré, de part ses vocaux hautains et assurés, à l'instar des airs distillés par les instruments.

"At the Heart of Winter", titre éponyme, s'introduit d'une superbe introduction, ambiante et évasive, de deux minutes. un vent doux et arctique envahit l'atmosphère, puis un arpège se développe, pressé et mélancolique, emplit de nostalgie et d'une certaine tristesse, puis la mélodie se fait plus sombre et prenante. Après cette première minute d'une certaine beauté, la guitare fait place à un clavier épique, lent, représentant de merveilleuses contrées. Puis le titre démarre donc sur un air presque rassurant et protecteur, célébrant les mystères et autres magies du coeur du coeur de l'hiver. La musique se fait ensuite plus ardente, nerveuse, rébarbative, presque oppressante mais néanmoins captivante, grande et somptueuse. La piste s'achève sur le même riff et une fin confirmant de grandes influences heavy.

Le dernier morceau se situe dans la lignée du reste de l'album, mais la qualité des riffs et de l'ensemble musical étant sans cesse renouvelée, nous n'avons nulle sensation de répétition et les morceaux s'enchaînent impeccablement. "Years of Silent Sorrow" se fait toutefois plus mitigée, alternant avec subtilité des passages calmes, rageurs ou nobles, ce titre conservant une majorité d'éléments black. Au centre du morceau, la guitare se fait plus technique, plus hargneuse et touchante, portée par un tempo assez lent mais variable, pouvant tirer vers des cadences impulsives tout en gardant une technique hors paire. Les riffs restent belliqueux, tenaces, et l'opus se conclut sur un solo d'exception, apogée de la performance de Horgh, ainsi qu'un changement de tonalité, procédé toujours très heavy.

"AtHoW" marquera le changement de direction musicale que prendra Immortal, conservant celle-ci sur les prochaines productions. En effet, plus d'agressivité forcée, sale et abusive : la production est parfaite et les mélodies recherchées, aussi bien des les arpèges que dans les riffs. Horgh fait preuve d'un talent redoutable et l'ambiance de l'album reste très fière, puissante et vaillante, à l'instar de la noblesse de la nature arctique, mais tout en gardant un côté sombre et brut, plus modéré. Le changement sera soudain et violent pour les fans d'Old-Immortal, mais "AtHoW" restera un album exceptionnel et de légende. Pour beaucoup le meilleur du duo norvégien, avec un Abbath irréprochable au cordes.


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