Cinéma - Martyrs

Cinéma - Martyrs


MARTYRS
Pascal LAUGIER
Genre: horreur viscérale
Avec : Mylène Jampanoï, Morjana Alaoui
Année: 2008
Distribué par Wild Bunch
Pays: France
Durée: 1h40
Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement

Faire une critique du sulfureux Martyrs ne va pas être une mince affaire. Après avoir déchainé les passions des censeurs qui voulaient l’interdire aux moins de 18 ans (fait habituellement réservé au porno, et synonyme de suicide commercial), après avoir rebuté le producteur lui-même (Richard Grandpierre, qui avait aussi produit Irréversible) qui jugeait le scénario insupportable, après avoir divisé la presse et le public, certains le considérant comme le chef d‘œuvre ultime (votre humble serviteur en tête), et d‘autres criant au scandale et au voyeurisme pervers, le film a au moins le mérite de ne laisser personne insensible.


Synopsis:

France, début des années 70.
Lucie, une petite fille de 10 ans, disparue quelques mois plus tôt, est retrouvée errant sur la route. Son corps maltraité ne porte aucune trace d’agression sexuelle. Les raisons de son enlèvement restent mystérieuses. Traumatisée, mutique, elle est placée dans un hôpital où elle se lie d’amitié avec Anna, une fille de son âge.
15 ans plus tard. On sonne à la porte d’une famille ordinaire. Le père ouvre et se retrouve face à Lucie, armée d’un fusil de chasse. Persuadée d’avoir retrouvé ses bourreaux, elle tire.


Pourquoi autant de bruit autour d’un film?
Parce que de mémoire de cinéphile, on n’était jamais allé aussi loin dans l’horreur, autant dans le visuel que dans le scénario. Scénario à tiroir ne tournant jamais à vide, en 2 actes distincts. Dès le début du premier acte, l’horreur est insoutenable, le deuxième est pire. On patauge en plein délire morbide et pessimiste, soutenue par une violence graphique, une photographie et une mise en scène abordée de façon très crue et viscérale.
Le principe du film d’horreur, dit-on, est d’emmener le spectateur là où il n’a pas envie d’aller. Rarement un scénario n’aura été aussi intelligent et pervers, appuyé par une absence totale de second degré. Le message est clairement misanthropique (misogyne?) et constitue d’une manière un hommage au giallo italien. Mais attention, sur la violence qui certains jugeront excessive ou gratuite, le réalisateur s’explique: « choquer ne m'intéresse pas en soi mais il fallait vraiment qu'on ait une sensation physique, organique, de la douleur infligée, sinon on aurait perdu toute idée de gravité de cette violence, ça l'aurait rendu " gadget " et faisait du film un objet passablement douteux. (...) Je voulais que chaque coup soit douloureux, non par quelque discours moral sur la représentation de cette violence, mais parce que c'est le sujet même du film : au bout, tout au bout de la violence, est-ce qu'il y a quelque chose ? » (allocine.fr)
Ainsi sur le message global du film il poursuit: « j’ai écrit Martyrs de manière mélodramatique, en m’apitoyant sur mon sort parce que j’étais mal dans ma peau et que globalement, je déteste laquelle je vis » (Mad Movies)
Je vais volontairement ne pas raconter le film car un de ses intérêts est sa capacité à surprendre, scènes après scènes, jusqu’au final salutaire, mystique et…inhumain!


Les actrices:

Les deux jeunes femmes qui campent les personnages principaux, Mylène Jampanoï, Morjana Alaoui, sont tout simplement hallucinantes (même s’il faut avouer leur peu d’expériences), Mylène Jampanoï (trop belle! Et qui semble abonnée aux rôles de lesbienne) est bouleversante dans sa scène de pétage de plombs.
On imagine que le tournage (qui s’est déroulé au canada, en raison de ses lumières naturelles spécifiques) a du être particulièrement éprouvant physiquement et psychologiquement.


Le réalisateur:

Le créateur de cette folie n’est autre que Pascal Laugier, auteur de St Ange, film étrange et organique à l’esthétisme déjà singulier, mais qui n’avait pas forcément tenu toutes ses promesses selon les critiques, avait auparavant réalisé le making of du Pacte des Loups.
Le remake américain de Hellraiser, originellement prévu pour le duo Maury/Bustillo, (A l’Intérieur) a finalement été confié à Laugier. La date de sortie est inconnue.

Martyrs est pour moi une œuvre d’art ultime, un film à pas prendre à la légère, traumatisant, dérangeant, mais aussi la plus belle et forte histoire d’amour depuis Roméo et Juliette. Accessible pour seulement quelques uns d’entre nous.
 

 


http://www.martyrs-lefilm.com/

Article rédigé par Crapule