Hans Ruedi GIGER
Il étudie l’architecture et le design industriel à Zurich. Il publie ses premiers dessins à l’encre dans des journaux underground, son style et ses visions sont déjà présents.
Un peu avant les années 70, il rencontre Li Tobler sa compagne, et commence à exposer en Suisse, Autriche, Allemagne.
Soutenant un concept visuel jamais vu alors, il est approché par le cinéma pour réaliser l’environnement des Harkonen dans l’adaptation de Dune.
Il y travaille 2 années durant, puis le projet tombe à l’eau, les financiers s’étant retirés. Mais son travail a été remarqué, et Ridley Scott le charge de concevoir la créature de son film « Alien, le 8ème Passager ».
Ainsi voit le jour une des créatures fantastiques les plus populaires et inventives (et les plus rentables…) En 1980 un oscar est décerné pour les effets spéciaux.
Le travail de Giger est reconnu.
Il a aussi participé à certains concepts pour Hellraiser in Space et Poltergeist, mais ses délires macabres ont été jugé trop…choquants.
On retrouvera son travail (mais encore très censuré) dans La Mutante en 1995.
Ses contributions avec la musique concernent essentiellement le milieu du métal, malgré une pochette de Blondie et la conception des décors de la tournée en 2000 de Mylène Farmer, il conçoit le pied de micro de Jonathan Davis de Korn, une pochette d’album de ses compatriotes Suisses Celtic Frost, une pour les anglais de Carcass, Dead Kennedys et d’autres…
Il fera même le design d’une guitare électrique avec Ibanez.
Il rachète le château médiéval de St Germain à Gruyère en Suisse pour y installer son exposition permanente sur plusieurs étages, regroupant l’essentiel de son œuvre, et monte juste en face du musée un Giger-bar, dont il a conçu l’architecture, le mobilier, …
Ainsi, on boit une bière assis dans une chaise monstrueuse, tout droit sortie d’un vaisseau Alien, sur des tables au design biomécanique, sous des voutes constituées de centaines de vertèbres mutantes, alors que le sol ressemble à un circuit imprimé organique. Ambiance…
Il existe d’autres Giger-bar, notamment à Tokyo.
H.R Giger est un précurseur de ci qu’il a lui-même appelé le biomécanique; ses peintures et sculptures mélanges le corps et la machine dans une vision d’organisme mutant et inquiétant. Le sexe tient une place prépondérante, et, à la manière de Dali avec Gala, sa compagne est très présente dans ses œuvres, à sa façon…
Le thème de la torture sexuelle est récurent, et des femmes mutantes se voient ainsi souvent au centre de machines fantastiques qui occupent tout l’espace, où tout ne fait presque qu’un, autour desquelles gravitent des monstres reptiliens et des penis démesurés.
D’autres fois, ces même femmes sont en extases dans ces environnements cauchemardesques.
La fécondité est très souvent représentée (les œufs étranges issues d’une figure matriarcale, la version de Nouth, déesse égyptienne de la voute céleste, et le cycle d’enfantement, qui a inspiré le concept d’Alien) ou au contraire blasphémée (le pistolet automatique géant qui à la place des balles contient des enfants mutants).
Même s’il se défend de tout lien avec l’Eglise Satanique, l’ésotérisme et particulièrement le satanisme est souvent abordé, à grand renfort de pentacles plus ou moins discrets, d’interprétations de Satan, Baphomet,…
Une des particularité de Giger est la maitrise parfaite de l’aérographe, lui permettant de produire des effets de non-matière, de transparence, de teinte voilée; ayant eu la chance de visiter le musée de Gruyère, se tenir devant les œuvres originales, certaines atteignant les 4*2m, est hallucinant, et tout le génie et la maitrise sautent alors aux yeux.
Globalement, c’est donc une œuvre très sombre, violente, dérangeante et opaque, qui met mal à l’aise certaines personnes; mais nul doute que le génie de Giger a été, à l’aube des temps industriels et de l’avènement de la machine au quotidien, de mélanger la chair et l’acier en une entité compacte, qui ne finit plus d’inspirer les générations depuis.
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