Dead Meat (aka Festin De Zombies en français)
2004
de Connor MacMahon
Du film de zombies, on a beau en avoir bouffé un paquet depuis les années 1970, on arrive toujours à en trouver un qui s’annonce au final particulièrement jouissif, frais et distingué, en dépit du manque flagrant de moyens et du semi-amateurisme de l’affaire ; Sans ambiguïtés, on arrive dès les premières minutes du métrage à la conclusion suivante : « Un film de fan, par un fan, et pour les fans ». Le scénario est simple au possible dans l’optique survival : un décor, des éléments extérieurs surnaturels et la fuite des protagonistes vers la normalité, ce qui rappelle les classiques Romero et Lucio Fulci dans un certain sens. On a droit aux éternelles scènes de survivants fuyant un lieu subitement envahi par les contaminés, l’autodéfense improvisée avec les objets qui traînent (pelle, tournevis, batte de cricket, tronc d’arbuste…) et évidemment de longs plans insistant sur le festin des zombies. Classique de chez classique donc, ces éléments sont toujours repris dans chaque production mettant en scène des morts-vivants affamés.
Un classique : le festin des morts-vivants (avec des figurants apparemment très absorbés par leur rôle)
Mais voilà : Connor Macmahon, loin du « Oasis Of Zombies » de Jess Franco, a tout de même le professionnalisme d’imposer au métrage un certain rythme, qui ne laisse au spectateur que peu l’occasion de souffler (à l’exception du passage en voiture où on sent durant les échanges entre les survivants un climat malsain très palpable). Ce qui serait d’ailleurs un comble pour les une heure et dix minutes du métrage. Le casting a beau être recruté par petites annonces dans le canard local ou carrément parmi les proches, il en reste qu’à l’exception de la petite fille, chaque acteur, à défaut de savoir verser dans le registre dramatique, joue de manière tout à fait correcte, pour ne pas dire convaincante. L’ambiance est un élément vital du film d’horreur : le réalisateur a eu la présence d’esprit de se servir des décors naturels irlandais, magnifiques et sylvestres, pour imposer l’esprit d’un film de zombies très rural, l‘atmosphère s‘annonçant au final moins claustrophobe qu‘un « Dawn Of The Dead » mais étant toute aussi lourde. Connor nous fait donc un film de fan sans pour autant recracher dans le plat une formule usée jusqu’à la corde…
En Irlande, on porte la raie au milieu.
…Preuve en est l’inventivité et la débrouillardise roublarde de « Dead Meat », à commencer par ces vaches zombies. Sur un thème écolo, on range bombes nucléaires, centrales et autres expériences militaires pour se concentrer sur le problème de l’alimentation animale, sujet toujours frileux dans l’archipel anglo-saxon. Toujours est-il, que lorsqu’on a un budget aussi serré pour un film mettant en scène des animaux d’une demi-tonne sensés attaquer les êtres humains, il faut savoir ruser. Aussi les effets spéciaux, lorsque cela dépasse les compétences et surtout le matériel de celui qui en est responsable, la caméra préfère suggérer plutôt que d’insister sur la barbaque. C’est simple, une atmosphère sale, une lumière tamisée, et une caméra qui ne s’éternise pas sur le gore, en préférant le suggérer est largement plus efficace que filmer durant 30 secondes un effet tiers-mondiste (les italiens étaient les maîtres incontestés de la catégorie). On s’aperçoit dès le début le jeu de Connor MacMahon sur les angles de caméra, lesquels font travaillés et originaux, et surtout pas choisis au hasard. Ainsi ceux de la fuite d’Helena font références à la protagoniste de « La Nuit des Morts Vivants » fuyant le zombie qui vient de tuer son frère. J’ajouterais également une mention spéciale au zombie tué en ayant l’œil et le nerf optique arrachés par un aspirateur (culte !)
Un film sincère, qui s’assume, frais et allant par-delà son maigre budget. L’antipode de Bruno Mattéi.
La légendaire hospitalité du peuple irlandais
Une activité locale : la promenade sylvestre nocturne en compagnie d'autochtones peu farouches.