Cinéma - Zone Z - Dead Meat

Cinéma - Zone Z - Dead Meat

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Dead Meat (aka Festin De Zombies en français)

2004

de Connor MacMahon

 

 

Le terme de « série Z » signifie un cinéma de genre qui souffre en général d’un manque visible de moyens, bien au-delà de la « série B », allant jusqu’à parfois (enfin, bien souvent plutôt) s’engouffrer dans l’amateurisme le plus total. Pourtant, cette gêne matérielle n’est pas forcément incompatible avec les facteurs qui constituent un bon film : un bon scénario, des acteurs corrects, des idées, et une technique suffisamment inventive pour faire oublier quelques temps le manque de moyens. Soyons francs, si la série Z nous confronte régulièrement avec des bouses intergalactiques comme « Virus Cannibale » de Bruno Mattei, « Le Lac Des Morts Vivants » de Jean Rollin, il arrive que l’on tombe sur une petite pépite certes pas très grosse, mais avec de très jolis reflets. C’est le cas avec ce « Dead Meat » de Connor MacMahon.

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Une entrée en la matière pour le moins nostalgique de l'œuvre phare de Romero

Un agriculteur irlandais nourrit ses vaches à bases de restes de carcasses bovines, engendrant une épidémie pour le moins curieuse ; Pour cause, les vaches contaminées deviennent zombies ! Devenues agressives, elles attaquent les habitants du coin qui, à leur tour, deviennent des cannibales lobotomisés. L’incipit : Helena et Martin sont deux touristes venus visiter les verts et magnifiques pâturages irlandais. Sur la route, un homme se jète sur leur voiture. Vraisemblablement mort, nos deux protagonistes décident donc de hisser le corps dans la voiture. Le mort se réveille et attaque Martin, qui devient à son tour un zombie. Helena met les voiles et se retrouve nez à nez avec un survivant, Desmond, fossoyeur de profession. Tout deux vont tenter de rejoindre la ville la plus proche mais le chemin est semé d’embûches… 

 

Du film de zombies, on a beau en avoir bouffé un paquet depuis les années 1970, on arrive toujours à en trouver un qui s’annonce au final particulièrement jouissif, frais et distingué, en dépit du manque flagrant de moyens et du semi-amateurisme de l’affaire ; Sans ambiguïtés, on arrive dès les premières minutes du métrage à la conclusion suivante : « Un film de fan, par un fan, et pour les fans ». Le scénario est simple au possible dans l’optique survival : un décor, des éléments extérieurs surnaturels et la fuite des protagonistes vers la normalité, ce qui rappelle les classiques Romero et Lucio Fulci dans un certain sens. On a droit aux éternelles scènes de survivants fuyant un lieu subitement envahi par les contaminés, l’autodéfense improvisée avec les objets qui traînent (pelle, tournevis, batte de cricket, tronc d’arbuste…) et évidemment de longs plans insistant sur le festin des zombies. Classique de chez classique donc, ces éléments sont toujours repris dans chaque production mettant en scène des morts-vivants affamés.

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Un classique : le festin des morts-vivants (avec des figurants apparemment très absorbés par leur rôle)

Mais voilà : Connor Macmahon, loin du « Oasis Of Zombies » de Jess Franco, a tout de même le professionnalisme d’imposer au métrage un certain rythme, qui ne laisse au spectateur que peu l’occasion de souffler (à l’exception du passage en voiture où on sent durant les échanges entre les survivants un climat malsain très palpable). Ce qui serait d’ailleurs un comble pour les une heure et dix minutes du métrage. Le casting a beau être recruté par petites annonces dans le canard local ou carrément parmi les proches, il en reste qu’à l’exception de la petite fille, chaque acteur, à défaut de savoir verser dans le registre dramatique, joue de manière tout à fait correcte, pour ne pas dire convaincante.  L’ambiance est un élément vital du film d’horreur : le réalisateur a eu la présence d’esprit de se servir des décors naturels irlandais, magnifiques et sylvestres, pour imposer l’esprit d’un film de zombies très rural, l‘atmosphère s‘annonçant au final moins claustrophobe qu‘un « Dawn Of The Dead » mais étant toute aussi lourde. Connor nous fait donc un film de fan sans pour autant recracher dans le plat une formule usée jusqu’à la corde… 


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En Irlande, on porte la raie au milieu.

…Preuve en est l’inventivité et la débrouillardise roublarde de « Dead Meat », à commencer par ces vaches zombies. Sur un thème écolo, on range bombes nucléaires, centrales et autres expériences militaires pour se concentrer sur le problème de l’alimentation animale, sujet toujours frileux dans l’archipel anglo-saxon. Toujours est-il, que lorsqu’on a un budget aussi serré pour un film mettant en scène des animaux d’une demi-tonne sensés attaquer les êtres humains, il faut savoir ruser. Aussi les effets spéciaux, lorsque cela dépasse les compétences et surtout le matériel de celui qui en est responsable, la caméra préfère suggérer plutôt que d’insister sur la barbaque. C’est simple, une atmosphère sale, une lumière tamisée, et une caméra qui ne s’éternise pas sur le gore, en préférant le suggérer est largement plus efficace que filmer durant 30 secondes un effet tiers-mondiste (les italiens étaient les maîtres incontestés de la catégorie). On s’aperçoit dès le début le jeu de Connor MacMahon sur les angles de caméra, lesquels font travaillés et originaux, et surtout pas choisis au hasard. Ainsi ceux de la fuite d’Helena font références à la protagoniste de « La Nuit des Morts Vivants » fuyant le zombie qui vient de tuer son frère. J’ajouterais également une mention spéciale au zombie tué en ayant l’œil et le nerf optique arrachés par un aspirateur (culte !)

Un film sincère, qui s’assume, frais et allant par-delà son maigre budget. L’antipode de Bruno Mattéi. 

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La légendaire hospitalité du peuple irlandais

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Une activité locale : la promenade sylvestre nocturne en compagnie d'autochtones peu farouches.

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