
"
Land Of Death", aka "
Nella Terra Dei Cannibali" aka "
Cannibal Ferox 3".
Réalisé par Bruno Mattei, sous le pseudonyme de Martin Miller.
L'objet de ma présente chronique est bien un nanar. Mais avant toute chose, soyons un moment sérieux, le moment se veut solennel ; J'aimerais tout d'abord tirer ma révérence à celui qui fut le maestro du cinéma bis italien, à savoir l'homme aux mille pseudonymes (le plus connu étant Vincent Dawn), l'homme qui tourna certainement les pires monuments de n'importe quoi audio-visuel de tous les temps (avec Matt Devien, j'y reviendrai dans une prochaine chronique), le bourreau de travail, à comprendre dans ce sens : l'homme qui massacrait tout travail cinématographique un tant soit peu correct en une joyeuse exposition de mauvais goût... Cet homme s'est éteint le 21 mai 2007, à Rome... Cet article sera donc un hommage à celui qui tourna "Virus Cannibal", "Les Rats de Manhattan" ou encore l'odieux mais plaisant "Robowar"... Cet homme, c'est Bruno Mattei.

Au revoir maestro !
Il est temps désormais de disséquer l'oeuvre, ou plutôt l'anti-oeuvre qu'est "Land Of Death", se trouvant certainement être le summum de ce qui se fait le mieux en terme de mauvais goût et de nullité artistique. Ce qui pourrait être une sympathique série B avant le passage de notre réalisateur rital préféré, se conclut en terminaison purement nanar du film de cannibales ; On y trouve un commando militaire parti à la recherche de la fille d'un gouverneur américain, en pleine forêt amazonienne, la mission s'arrête là, et éventuellement les membres d'un commando précédent... Constat simple et attendu : la plupart (voire la totalité) du groupe va se faire bouffer tout cru, dans un gentil charnier pas frais, aux mauvais effets spéciaux que n'aurait pas renié un "Cannibal Ferox"... On a le droit aux traditionnelles amputations à la machette, aux dépeçages en règle, et même un ou deux plans nichons de bon aloi...
Pourtant, Bruno reste lui-même... On aura jamais vu jusque-là un réalisateur si peu consciencieux de la logique, de la technique, ou même l'éthique d'un réalisateur. Tout ce à quoi il touche devient ridicule à en pleurer de rire ; Pour commencer, les acteurs dégôtés par Bruno... Sortis de nulle part, consternants de nullité, leur palette d'expressions étant aussi limitée que celle de Keanu Reeves... Mention spéciale à l'espèce de sous-Dolph Lundgrenn jouant dans l'humanisme de fond de tiroir, mais aussi à Romero, spécialiste autoproclamé de la forêt amazonienne, arrivant à définir le groupe ethnique d'un cadavre à partir de ses os (!!)... Cela sans même mentionner la militaire hispanique, incapable de beugler autre chose que "muchacho" ou "hijo de puta"...
Pour aller plus loin dans le délire intégral, parlons de l'esprit global du film, à commencer le format utilisé, à savoir un joli DV de qualité moyenne... C'est surprenant dès les premières images, on se croirait littéralement dans un film porno, et cela n'aide en rien les cannibales, dont l'allure n'est aucunement terrifiante, mais se rapproche plutôt d'une vidéo amateur de jeunes étudiants bizutés. Les cannibales... parlons-en ! Tout de même dingue d'un film datant de 2003 semble plutôt se rapprocher du feeling colonialiste du début du XXième siècle, ils sont dégénérés et totalement débiles... Les cannibales tuent, rient, hurlent, violent grassement... et c'est à peu près tout... Ah oui, ils dansent comme des patates lors d'une pseudo-dance rituelle avec une nana à poil au milieu...
Les décors sont, quand à eux, archi-faux, du pur foutage de gueule, ils méritent amplement que l'on s'attarde dessus... Bien que tourné aux Philippines, on croirait voire notre commando de choc évoluer dans un jardin anglais bien entretenu, les arbres sont bien dispersés, le village des cannibales, étrangement, est installé sur une pelouse bien tendue et carrée comme il se doit. Et ne parlons pas des éclairages absolument excessifs qui détruisent tout le mystère d'une forêt portant le nom d'amazonienne...
Ce petit bijou ne décroche pas en revanche l'aura qu'a "Virus Cannibal" depuis plus de vingt-cinq ans ; l'atmosphère a beau être assez délirante, elle n'atteint pas l'orgasme de mauvais goût et de non-sens de ce dernier... On regrettera aussi les stock-shots, peu nombreux ici, ainsi qu'un étalage de barbaque moindre, plus politiquement correct si j'ose dire... Mais Mattei, a plus de 70 ans passés, reste lui-même, un réalisateur n'en ayant absolument rien à foutre, trop content de tenir une caméra entre ses paluches...

Images tirées de
Nanarland Stryg