Littérature - "Tout Corum" de Michael Moorcock

Littérature - "Tout Corum" de Michael Moorcock
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  • Le chevalier des épées (The knight of the swords, 1971), éditions L'Atalante, réédition Presses Pocket
  • La reine des épées (The queen of the swords, 1971), éditions Presses Pocket
  • Le roi des épées (The king of the swords, 1972), éditions L'Atalante, réédition Presses Pocket
  • La lance et le taureau (The bull and the spear, 1973), éditions L'Atalante, réédition Presses Pocket
  • Le chêne et le bélier (The oak and the ram, 1973), éditions L'Atalante, réédition Presses Pocket
  • Le glaive et l'étalon (The sword and the Stallion, 1973), éditions Presses Pocket
  • Tout Corum (réédition en volume des précédents), éditions L'Atalante

"Il y avait en ce temps-là des océans de lumière et des cités dans les cieux et de farouches bêtes volantes en bronze...
C’était le temps des dieux qui se manifestaient sur notre monde en tous ses aspects, le temps de la magie et des fantasmes...
C’était un temps de richesse et un temps d’obscurantisme. Le temps des Maîtres de l’Épée. Le temps où se mouraient les Vadhaghs et les Nhadraghs, ennemis de temps immémorial. Le temps où l’Homme, esclave de la peur, commençait à se manifester, apportant avec lui la mort et la terreur...
"

La plupart d’entre vous doivent connaître l’auteur britannique qu’est Michael Moorcock, écrivain prolifique s’il en est ; D’abord attaché à la rédaction de divers magazines concernés par la littérature SF, l’auteur se tourna par la suite vers la collaboration avec des musiciens de rock (si je vous dis Blue Öyster Cult ou Hawkwind, ça doit forcément vous dire quelque chose…) avant d’enfin se mettre à son activité principale connue de tous : écrire des romans de science-fiction, plus précisément d’héroïc fantasy en tout stakhanoviste qu’il est.

Personnellement, je trouve que ce cycle de « Tout Corum » est trop souvent occulté en comparaison de la célébrité toutefois relative de celui d’Elric ; Sans remettre en cause ce dernier, je dois avouer que c’est surtout les aventures de notre héros Corum Jhaelen Irsei, guerrier et noble de la race des Vadhagh… La saga s’étale sur deux trilogies, thématiquement bien distinctes, mais formant bel et bien une unité en terme de sens, de symboles, et de significations propres à l’écrivain (le héros en pleine crise existentielle, mais surtout tout l’univers cosmique si cher à l’auteur, sur lequel je reviendrais par la suite)

Entrons donc dans le vif du sujet : Corum, de la race des Vadhagh (humanoïdes, réfléchis, à la longévité étonnante, rappelant volontiers les elfes), s’inquiète de la soif de pouvoir, et de puissance des Mabdens , une race inférieure aux Vadhagh , mais aussi aux Nhadraghs, éternels rivaux de ces derniers, les Mabdens, donc qui se révèlent être les humains, veules, lâches et barbares…
La première trilogie, celle des épées, s’inquiétera surtout de la survivance de Corum, comme étant le dernier survivant de sa race en guerre contre les Mabdens, mais aussi parmi eux, devant revoir finalement son jugement quelque peu manichéen sur cette nouvelle race… Dernier vestige d’une époque révolue, nouvel électron dans un univers éphémère mais violent, sans pitiés, Corum se retrouve donc en pleine crise existentielle, en guerre avec lui-même, mais aussi contre une armée de Mabdens, manipulée par les seigneurs du Chaos. Corum aura à sa disposition le savoir du Multivers, un multi plan cosmique dont il peut être le voyageur pour se frayer un chemin à travers l’espace et le temps, mais le Multivers a aussi ses pièges… Sa quête de paix, de bonheur et d’amour sera l’objet de nombreuses batailles épiques et brutales, de trahisons et de voyages fantastiques, et de rebondissements intelligents comme bienvenus.
La seconde trilogie, celle des chroniques de Corum, est quand à elle, la partie la plus sombre et torturée de l’œuvre, bien plus axée sur la psychologie de Corum, ayant perdu les siens, ses réflexions sur ces divers deuils, la nostalgie du passé, mais cette nouvelle partie sera aussi l’annonce d’une nouvelle menace, encore plus vicieuse et malsaine : les Fhoi Myore, ces créatures d’une autre dimension venus pour conquérir et geler la Terre… Une nouvelle quête tout aussi épique et fantastique…
L’être commun du début de récit devient le héros, pour enfin devenir le Champion Éternel (comme Elric ou Hawkwind), comme tout bon roman de SF habituel, tout comme la trame, qui est comme souvent vengeresse… Habituel… A ceci près que Moorcock a enfin réussi à parfaire son œuvre, où Hawkwind paraissait trop humoristique, et Elric trop dramatique, pour conclure avec Corum, une œuvre dense, riche mais éthérée, travaillée et intelligente, aussi bien dans l’action que dans la réflexion inhérente cette dernière…

L’Œuvre de Moorcock est riche, et « Tout Corum » est très certainement sa saga la plus inspirée, travaillée et prenante… Un chef d’œuvre du genre pour ma part !

Stryg.