Groupe : Darvulia
Album : L'Alliance des Venins
Genre : Black Metal
Année : 2006
Label : Battlesky
Pays : France
Durée : / minutes
Tracklist :
1 - Güqkre
2 - Monotones Conjurations
3 - Le Manoir aux Cadavres d'Enfants
4 - La Semeuse
5 - Malignité de Sorcière
6 - Toolkrh Belladone
7 - Nous sommes les plaies infectes de ce monde
Darvulia, duo français formé il y a presque une décennie appartient aux plus sombres et singulières entités de l?underground français. L?ancienne appartenance des deux membres à Fornication et Nuit Noire signale un gage de qualité. En effet, « L?alliance des Venins » paraît après moult sorties dont un album, et un black métal glauque et de son correct attend l?auditeur sous ce subtil doigt d?honneur.
"Güqre" sonne le glas de l?horreur et de la sorcellerie en diffusant, d?entrée de jeu, un black métal plutôt mélodique et bien produit, mais cependant très dépouillé. La batterie est approximative et variée, les riffs souvent joués à une corde ou en arpège, et la voix très crade, arrachée et haineuse, les textes en français ajoutant à cet effet. L?ambiance est effrayante et venimeuse, Darvulia alternant avec subtilité les tempo pour mieux faire vibrer l?auditeur au rythme enfiellé des compositions.
« Monotones Conjuration » débute à un mid-tempo ternaire entraînant, tandis que les guitares se font dissonantes et agressive. Le son est bon et décharné, permettant de saisir chaque instrument. Les variations musicales sont nombreuses et subtilement enchaînées, laissant parfois paraîtes des rythmiques assez heavy, mais de sonorités toujours aussi noires et malsaines. Le son de la batterie est mat, agréable à l?écoute et les paroles horrifiques, distillant une aura des plus ténébreuse et perverse.
« Le manoir aux cadavres d?enfant », titre représentant à la perfection l?aura glauque et puante de la musique. Les riffs, malades et terrifiants, nous crachent une haine poisseuse au visage, tandis que Kobal décrit avec horreur et violence le « manoir » en question. La structure musicale est singulière, les percussions subtiles et maîtrisées, élément d?une musique presque psychédélique, souffrante et maladive à souhaits.
On enchaîne sur « La semeuse », suite logique des pistes précédente. Les vocaux y sont encore plus ignobles et inhumains, le tempo rapide et les riffs toujours aussi malfaisants et noirs comme la mort. Ici, comme dans tout l?album, il n?est pas question de tristesse et autres nostalgies, tout est lugubre, cacochyme et haineux à l?extrême. Une étrange batterie solo conclut le titre, renforçant cette impression dérangée et de malaise intense que développe Darvulia via cet opus.
« Malignite de Sorcière » reste dans le même registre, bien que l?on semble s?enfoncer d?avantage dans la crypte darvulienne de négativisme et de tortures inhumaines. Les riffs sont encore plus accrocheurs, laissant paraître une bribe de mal-être et de détresse à travers cette musique si malsaine et pernicieuse. Les instruments s?alternent, la guitare reste seule, puis les percussions la rejoignent... telle est l?organisation incertaine, schizophrène et chancelante de la musique, la voix vomissant amertume et dégoût avec une intensité croissante.
Un arpège très dissonant et angoissé introduit la sixième piste, plus particulière. En effet, ici pas de réelle structure musicale, juste une distorsion et des percussions ethniques et rythmées, malgré une basse absente. Certains râlement et autres relents morbides sortis de l?être maudit de Kobal rendent l?atmosphère encore plus dérangée, suicidaire et ténébreuse, aveugle de haine et de répugnance. L?hypnose maladive s?intensifie en fin de morceau qui transite habilement vers la dernière piste.
« Nous sommes les plaies infectes de ce monde », encore un classique de Darvulia. Le tempo est effréné, les riffs redoutables et l?ambiance captivante, emplie d?effroi et de pulsions meurtrières et sanglantes. La batterie, très propre, fascine par son jeu technique mais aéré, tandis que la voix conserve cette ranc?ur glaçante et répugnante jusqu?au bout. L?album se conclut sur un mid-tempo toujours aussi déséquilibré et vertigineux, s?achevant d?un alarmant et frénétique larsen.
Les morceaux sont courts mais efficaces, l?ambiance malsaine, sinistre, personnelle et maladive à souhaits, chaque instrument y mettant du sien, vocaux compris. Une haine innommable et une souffrance noire et aveuglante régissent l?album, sûrement influencé par la magie noire. Dommage que l?ensemble soit de courte durée et un brin répétitif, mais le son est clair, précis et dépouillé, les instruments maîtrisés... Bref, « L?alliance des venins » est un opus original, obscur et totalement indispensable de la scène française actuelle.