Tracklist :
1 - De Profundis Mors Vas Consumet
2 - Dödsapparaten
3 - Massdöd
Indescriptible...
Abruptum exploite encore une fois tout le côté malsain du Black
Métal et le porte à son apogée, jusqu'à l'abandon même de la musique au
profit du démembrement et de l'anarchie sonore.
Aucune notion de structure dans le monde d'Abruptum, les pistes sont totalement fracassées et dégénérées. Le tri-piste débute par une introduction menée d'un arpège organique macabre et jazzy à la fois, surprenant mais l'auditeur s'en retrouve de facto plongé dans un univers pervers et malsain. Puis les guitares dégringolent et l'ambiance "Abruptumesque" s'exalte : les riffs, caverneux, se déploient avec puissance sur un rythme lent
et dérangeant, les percussions s'emballent tandis que It, pilier du combo suédois, se livre à des cris
d'agonie grinçants et maladifs à l'extrême, implorant l'adoré Lucifer. On retrouve dans cette composition tout le charme perfide et hystérique que l'on connaît des antécédants du groupe, et qui donne à ce duo toute son originalité.
Le second titre fait l'effet d'une vraie claque : après une thématique certes glauque mais nuancée par des passages atmosphériques plus calmes, on assiste avec "Dödsapparaten" au véritable chaos sonore, à la cacophonie apocalyptique. La décadence des structures se ressent avec force :
les guitares rugissent à toute volée et nous font tressaillir sans
aucun répit mélodique, dans un gouffre de larsens et de sons inaudibles. Une
nappe sonore d'explosions et de grésillements puissants rendent
l'ensemble encore plus discordant et c'est la même punition durant
les huit minutes du morceau. Il s'agit à mon goût d'une des plus tumultueuses compositions d'Abruptum,
une perle rare d'oppression.
La piste finale, à valeur d'outro, se fait plus courte et plus ambiante.
Je l'ai trouvée moins intéressante, très linéaire et répétitive. Après
une marche guerrière, un sample de tremblement de terre se
décuple et se stabilise pour enfin se répéter selon un rythme ternaire,
imageant une vague de bruissements dévastateurs. A noter un final extrait d'orchestre symphonique, tragique
et grandiose à la fois.
Cet EP va encore plus loin dans la recherche de l'effondrement et de la
dégénérescence sonore. Le duo d'Abruptum nous offre une nouvelle uvre
chaotique, repoussant constamment les limites de la rationalité musicale.
Beaucoup diront que « c'est du bruit », en effet, il faut pouvoir s'ouvrir à un art différent et particulier pour aborder ce disque,
mais les amateurs d'innovation apprécieront. Pour les adorateur de nos
suédois dégantés, inutile de vous dire qu'il serait bon de passer chez votre
disquaire...