Arckanum - ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ

Arckanum - ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ - 6/6 - par Liwjatan
Arckanum - ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Groupe : Arckanum
Album : ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ
Genre : Black Metal
Année : 2009
Label : Debemur Morti Productions
Pays : Suède
Durée : 47:21
Remarques : Digisleeve et Double LP limités disponible.
Note : 6/6
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Track listing :

01. Þórhati
02. Þann Svartís
03. Þyrpas Ulfar
04. Þursvitnir
05. Þyrstr
06. Þjóbaugvittr
07. Þjazagaldr
08. Þá Kómu Niflstormum
09. Þrúðkyn
10. Þríandi
11. Þyteitr



Tout juste un an après la sortie de « Antikosmos », Shamaatae est de retour avec son one man band Arckanum. Je ne pensais pas revoir le bonhomme, sur le devant de la scène, aussi vite. Après « Antikosmos », un album attendu depuis des lustres, qui m’avait laissé sur ma faim (voir ma chronique), je ne portais plus de grands espoirs sur ce groupe scandinave. Malgré tout j’ai pris la peine d’écouter ce nouvel opus, intitulé « ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ », sorti sur l’excellent label français Debemur Morti Productions. La surprise fût de taille, dès la première écoute, ce nouvel album m’a littéralement bluffé. Le one man band revient inspiré et Shamaatae redonne par la même occasion un second souffle à son projet.

Avec ce nouvel album, on redécouvre Arckanum. Je peux même dire que ce « ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ » est une parfaite entrée en matière pour les novices ne connaissant pas encore ce combo et même le Black Metal. L’enregistrement est constitué de onze odes au mal, pour un peu plus de 50 minutes d’un Black Metal, atmosphérique, guerrier et nostalgique. Si Shamaatae n’invente rien, ce musicien connaît parfaitement son sujet et nous prouve qu’il est très loin d’être enterré. « Antikosmos » montrait des signes de faiblesse, « ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ » est une excellente synthèse de la discographie d’Arckanum. Cette offrande anti-cosmique tire la musique vers le haut à tous les niveaux. On apprécie le disque un peu plus à chaque nouvelle écoute. Sur « ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ », les tempos sont relativement élevés, les hymnes se présentent comme de véritables tempêtes glaciales et destructrices. L’opus dévoile quelques titres mid tempo parfaitement appropriés, qui donnent du relief à l’ensemble. Shamaatae reste intègre et ne cède pas aux sirènes de la musique de masse. Ici, on navigue dans le domaine de l’underground avec une musique inspirée et authentique, comme seul les meilleurs savent la faire. Shamaatae arrive à voyager musicalement, dans les temps reculés. On a l’impression que sa musique garde cette part de sincérité, que seule une poignée d’artistes du début des années 90 arrivaient à mettre sur bande. Avec ce nouveau chapitre, on ressent pleinement l’énergie et les émotions que ce musicien veut transmettre à travers sa musique. S’il ne faut retenir que quelques noms qui ont fait la gloire du Metal Noir, il est indéniable que celui de Arckanum restera inévitablement présent dans les mémoires.

Tout d’abord, attardons nous sur l’excellente production dont bénéficie cet opus. Les informations concernant l’enregistrement de « ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ » ne sont pas très détaillées. On sait juste que l’opus a été enregistré en 2 semaines, donc plutôt spontanément, et masterisé au Stage One Studio. Quoiqu’il en soit l’enregistrement est bien artisanal, ce qui donne à l’opus une texture sonore très personnelle. Ajoutez à ça, la touche Arckanum, indissociable de ce one man band et vous obtenez une production quasi idéale. Le travail sur les guitares est excellent. Les rythmiques tronçonnent l’air, elles demeurent froides et bien atmosphériques avec un léger voile brumeux qui les rend ambiantes. Les leads au feeling remarquable, cisèlent des mélodies sombres et épiques. La basse est bien présente avec un son puissant, profond, rugueux et « vieilli » par moment. La batterie possède un son très naturel, elle est triggée juste ce qu’il faut. Comme d’habitude avec Arckanum, pas de prouesse technique ou de vitesse subliminale, juste un jeu professionnel sans fioriture. La grosse performance revient au chant, très intelligible, dynamique et articulé. Le placement des vocaux est toujours aussi spécial, les prises de son et le mixage sur celui-ci sont bien supérieurs à ceux de l’opus précédent. Globalement, le son final est puissant et dense, la mise en place générale est équilibrée, et les ambiances bien développées.

Je ne peux pas citer de pistes particulières, qualitativement parlant, se détachant de l’opus, tant l’ensemble est harmonieux et la musique variée. Tout ce que je peux dire, c’est qu’à aucun moment, on ne trouve le moindre signe de remplissage, hormis l’éternelle plage ambiante, dont je suis peu friand, « Þjazagaldr », qui fait office de longue…pré-intro à la piste suivante « Þá Kómu Niflstormum ». L’opus démarre, furieusement, sur une chanson fort alléchante « Þórhati ». Il s’agit d’une piste très accrocheuse, au tempo rapide, où les guitares effrénées, aux riffs vengeurs, harcèlent nos conduits auditifs, sans temps mort. « Þann Svartís » est un autre titre rapide, faisant resurgir en nous la nostalgie du temps passé, avec ses leads guitares et son chant belliqueux. « Þyrpas Ulfar » est un morceau, aux multiples facettes. Celui-ci démarre rapidement et se voit scindé en deux par une partie lente mélancolique, au feeling d’exception. La titre suivant « Þursvitnir » toujours basé sur des tempos véloces, nous offre une singulière fresque de plans mélodiques. Encore un titre ou les guitares lacèrent sans interruption.
« ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ » est un disque très constant, dont les hymnes nous hypnotisent. La musique de Shamaatae, possède une sorte d’aura mystique indescriptible, qui nous absorbe inexorablement. A chaque écoute, la magie opère, on se retrouve comme transporté dans des contrées hostiles, obscures et glacées. Voici d’ailleurs, d’autres incantations qui ont retenu mon attention : « Þrúðkyn » est un titre lent et lourd, soutenu par une grosse section rythmique et une basse dévastatrice. Sur ce morceau, la musique est plus que jamais nordique, rappelant les temps anciens, toujours avec cette pointe de nostalgie et d’obscurité. « Þríandi » prend son envol sur un mid tempo destructeur, et sa lead qui sculpte chirurgicalement. On note aussi quelques blast beat venant se greffer dans ce tourment diluvial de riffs accrocheurs, qui finissent par nous posséder.

Au final, Arckanum nous fait un retour remarquable, avec un nouvel album des plus réussit.». Arckanum sort victorieux de l’ornière dans laquelle il avait commencé à s’engouffrer avec « Antikosmos ». Ce nouvel album, monolithique, ne montre aucun signe de faiblesse. Shamaatae flirte avec la transcendance musicale. Les chansons transmettent une combinaison d’énergies guerrières, malsaines, sombres, mélancoliques et magiques, dès plus authentiques. Du côté des formats disponibles, il est tout de même bon de souligner que le label s’est mis en quatre pour nous proposer des objets de qualité, comme le magnifique LP Gatefold splatter rouge/blanc, ou encore le digifile, au CD carbone, multi panels.

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