Voivod - Nothingface

Voivod - Nothingface - 6/6 - par Stryg
Voivod  -  Nothingface
Groupe : Voivod
Album : Nothingface
Genre :
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Label :
Pays :
Durée : 0000-00-00
Remarques :
Note : 6/6
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Groupe : Voivod
Album : Nothingface
Genre : Metal Extrême Astral Avant-gardiste
Année : 1989
Label : Mechanic Records
Pays : Canada
Durée : 44 minutes


Tracklist :
1 - Intro / The Unknown Knows
2 - Nothingface
3 - Astronomy Domine (Pink Floyd Cover)
4 - Missing Sequences
5 - X-Ray Mirror
6 - Inner Combustion
7 - Pre-Ignition
8 - Into My Hypercube
9 - Sub-Effect



Si vous êtes un lecteur assidu de notre webzine, vous avez déjà dû remarquer l'engouement des chroniqueurs à l'égard de Darkspace. Mais avant ce groupe de début du troisième millénaire, il y avait déjà des groupes qui, plus de vingt ans avant, exploraient le concept d'espace, quoique très souvent en relation avec la science-fiction... L'album qui fut le plus marquant durant ces années fut certainement l'inoubliable "Nothingface" de Voivod. Et on parle ici d'un combo qui fut aussi créatif et en avance dans son époque que des groupes comme Celtic Frost ou Cathedral à la leur...

Fondé en 1982 à Joncquière, au Québec, le groupe commence par des reprises de Venom, Motörhead, Tank, Judas Priest... Mais rapidement, après avoir attiré l'attention sur son exotisme (Par rapport aux cultes pour les USA ou l'Angleterre), Voivod commence à se spécialiser pour un thrash metal apocalyptique et des ambiances étranges, en rapport avec la science fiction, l'espace, la société... Leurs deux premiers albums, "War And Pain" et "Rrröööaaarrr" sortent, et le groupe est directement reconnu comme un nouvelle valeur sûre du metal extrême. Chose d'ailleurs confirmée avec l'arrivée des opus suivants "Killing Technology" et "Dimension Hatröss" qui commencent très nettement à changer de cap, d'un thrash metal apocalyptique à un metal extrême bourré d'influences extérieures au metal comme le prog, le krautrock ou la new-wave...

...Et "Nothingface" reste à ce jour l'album de Voivod le plus abouti dans tous les domaines ; Le concept, premièrement, où sous une forme évidemment science-fiction, la trame narre une société humaine rongée par la machinisation et par conséquent, par sa propre inhumanité... Et surtout musicalement... A une époque où le monde metal concernait les classiques glam, thrash, heavy sans parler d'un jeune death metal, le metal dit original de l'époque concernait encore quelques exceptions comme Celtic Frost avec son "Into The Pandemonium". "Nothingface" arrive comme un cheveu sur la soupe et impose ses nombreuses influences non metal, allant du jazz au rock psychédélique, sans oublier le prog, la new-wave (On croirait par moment reconnaître des pans de King Crimson, période 1980 ou plus précisément Joy Division), le krautrock, comme l'indus ou même les influences de Pink Floyd... Surtout lorsque l'on constate la présence d'"Astronomy Domine", chanson des Floyd de 1969 (le premier album), tellement retravaillée, personnelle et sincère qu'elle colle parfaitement au reste de l'album qui ne souffre d'aucune hétérogénéité.

Chaque titre renferme son univers propre, ses influences, son unicité que cela en est parfaitement magistral ; L'ambiance, dominée par le règne des machines dans l'espace, s'installe déjà avec l'introduction pour ensuite nous rentrer dans le vif du sujet avec l'excellent "The Unknown Knows", sorte de mélange improbable entre du rock, du thrash et du glam metal, sans pour autant rentrer dans une mixture d'éléments ayant mal été conservés. Le ton est vif, frais, mais travaillé, riche, et le refrain avec ces backing féminins ("uh!") est tout bonnement sublime... Après le vol à haute vitesse, on commence tout naturellement à ralentir la vitesse avec ce qui serait pour moi les deux perles de l'album : La reprise de Pink Floyd dont j'ai déjà parlé (tellement réussie et personnelle qu'elle ferait presque partie des compositions du groupe, je le répète), et l'intemporel "Missing Sequences" dont l'introduction est tout simplement à pleurer, et ses envolées indus et new wave. Un chef d'oeuvre à lui seul... Sans parler des perles comme les très psychédéliques "Inner Combustion" et "Pre-Ignition". Et que dire de ce joyau qu'est "Into My Hypercube", toujours psychédélique mais doux, détaché de tout, voyageur et intemporel ? Magistral... comme tout l'album.

Album le plus profond, le plus riche, et le plus personnel de Voivod, en atteignant l'excellence, que dis-je ! La perfection ! Une homogénéité confondante, là où on aurait eu peur pour un étrange patchwork d'influences diverses, trop diverses et trop nombreuses pour être digérées sur un seul album... Mais non, l'album est un, mais est tout le génie du groupe... Ironiquement, à sa sortie, "Nothingface" fut boudé par les fans du groupe, totalement perdus devant l'évolution du groupe qui ne voyait plus dans le mot "metal" une expression incluant uniquement la brutalité et l'apocalypse. Mais le chef d'oeuvre est là, devant nos yeux, et très certainement, prochainement entre vos oreilles...

La question ne se pose pas, la note maximum.

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