Groupe :Neurosis
Album : The Eye Of Every Storm
Genre : Post Rock / Doom Core
Année : 2004
Label : Neurot records
Pays : Etats-Unis
Durée : 68 minutes
Tracklist :
1 - Burn
2 - No River To Take Me Home
3 - The Eye Of Every Storm
4 - Left To Wander
5 - Shelter
6 - A Season In The Sky
7 - Bridges
8 - I Can See You
Certaines
musiques ont une telle force sur vous, un tel impact qu?elles habitent
littéralement les tréfonds de votre âme ; Telle fut mon expérience avec
le dernier né de Neurosis. Musique indescriptible, magique, enivrante,
planante, ce véritable chef-d??uvre arrive à libérer votre esprit du
carcan qu?est votre enveloppe corporelle et le fait voyager dans une
autre dimension, le met à mal, le transcende, le plonge dans un état
second proche du contact avec un autre monde. A écouter, lors d?une
journée d?automne malmenée, ou à écouter, plus simplement, en regardant
les étoiles, Neurosis est une invitation à transgresser les lois du
temps, l?entrée vers un autre univers.
Cet album se rapproche volontiers de la perfection en matière de
rêveries torturées et planantes. Non seulement Neurosis est à un iota
de la perfection mais il parvient à vous transporter dans leur pureté
musicale ; la perfection des compositions, la justesse et l?emplacement
salutaires de chaque note, dans chaque morceau, chaque instrument
jouant au bon degré et à la bonne intensité ; rien dans « The Eye Of Every Storm » n?est laissé au hasard.
Le son est absolument parfait, d?une précision rarement égalée. Comme
je le disais plus haut, la production est parfaite, homogène mais reste
tellement forte qu?elle laisse à la fois apprécier le caractère
mélancolique de l??uvre tout en restant réceptif à la brutalité des
parties « doom ». L?album, pour moi du moins, ne comporte nullement
huit pistes mais une seule qui représente la pureté créatrice du
dernier Neurosis. Chaque titre est une nouvelle aventure mais l?album
est une histoire, une vie à elle seule. Les guitares sonnent « doom »,
la batterie légère mais technique, accompagne parfaitement celle-ci, la
voix de Scott Kelly est parfaite pour les ambiances lourdes, une voix
proche de l?agonie, entre la tourmente et la rêverie. Sont également à
noter des « instruments » non conventionnels pour le style « metal » à
savoir des bruits crées à base de synthétiseurs (ou autres) qui
apparaissent dans le livret sous le nom de « textures », « filtres »,
« atmosphères » ou encore « space », c?est-à-dire des samples discrets
qui donnent à l?album toute une autre dimension?
Je l?ai dit plus haut, « The Eye Of Every Storm »
de Neurosis est une histoire, un univers à visiter, que l?on découvre
sous de nouveaux aspects à chaque écoute. Chaque titre à son âme toute
particulière distillant son aura, la diffusant dans notre corps, notre
esprit ; « Burn » débute par un tempo ternaire, mais
paradoxalement léger, s?accentuant au fil des minutes, la voix de Scott
Kelly gagnant en intensité, puis un long passage crée à base de samples
originaux, donnant l?impression de flotter dans l?espace au gré de la
voix du leader de Neurosis. « No River To Take Me Home » débute
de manière moins radicale par un solo de guitare dans les graves (me
faisant penser à du slow doom), se laissant transformer en une balade
torturée et prenante. « The Eye Of Every Storm » véritable
chef-d??uvre de douze minutes est une ode à la déprime, crées de
samples toujours aussi intenses et discrets, d?une batterie régulière
mais lente et lourde, puis comme toujours Scott Kelly amène son grain
de sel afin d?accentuer l?intensité maladive de votre voyage astral. « Left To Wander »
est un morceau que je qualifierai de plus « avant-gardiste » tant la
création musicale prend un sens si particulier?piano, guitare
acoustiques, voix enivrantes et chaudes? « Shelter » reste l?un
des plus courts morceaux de l?album mais quel titres : une guitare
acoustique jouant un air de balade pendant près de deux minutes puis
une partie « doom » fait son apparition, vous enterrant pour de bon. « A Season In The Sky »
le plus beau morceau de l?album commençant comme toujours comme une
balade anodine mais déprimante à la guitare acoustique, pour se
terminer comme le chant d?un suicidaire. Morceau transcendant,
immortel? « Bridges » est un autre long morceau de douze minutes
qui semble faire comprendre que la fin est proche par sa fin explosive
concluant une longue introduction calme et désespérée. Pour finir ce
véritable petit bijou, j?ai nommé « I Can See You » un grand
morceau d?émotion débutant presque « joyeusement » mais se faisant
sentir torturé dès les 2:44 avec cette guitare jouant cet air
nostalgique nous faisant vivre avec nos souvenirs les plus profonds?
Neurosis,
bien que radicalement différent de formations dépressives comme
Xasthur, Nargaroth ou encore Burzum, réussit à me faire vivre dans une
tourmente sans nom, réussit à me faire rêver?
Un chef d??uvre absolu?